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IA et startups: une technologie et un modèle économique à  façonner autour de l'écologie


par Sibyline MOUKARZEL
Sciences Po Rennes - Master Management des Organisations et des Projets 2024
  

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1.2. L'essor de l'intelligence artificielle et sa popularité grandissante

L'intelligence artificielle est un concept grandissant, dont les progrès scientifiques récents permettent l'essor. Le grand public se l'est notamment approprié depuis peu avec l'arrivée de ChatGPT, et commence donc à s'interroger sur son fonctionnement et ses enjeux. Si la thématique est encore jeune, elle prend de l'ampleur à une vitesse importante, en laissant entrevoir une nouvelle manière d'utiliser l'informatique au quotidien.

1.2.1. «Intelligence artificielle», de quoi parle-t-on réellement ?

L'intelligence artificielle, bien que popularisée depuis moins de dix ans, n'est pas un concept nouveau. Sa naissance est généralement attribuée à l'Université de Darthmouth en 1956, lors d'une conférence de John McCARTHY et Marvin LE MINSKY. Même si les techniques ont largement évolué en presque 70 ans, il n'en reste pas moins que le concept est le même : comme son nom l'indique, l'objectif est de créer un système capable de simuler l'intelligence humaine. Ce domaine scientifique à part entière ne commencera alors à se développer que dans les années 80. C'est à cette période que les performances informatiques commencent à être remarquables, les puissances de calcul augmentent, les temps d'exécution diminuent, et de nouvelles perspectives apparaissent.

L'objectif de l'IA est simple : reproduire la machine avec la meilleure capacité de réflexion connue, le cerveau humain. Les travaux du domaine ont donc pour objectif de recréer les raisonnements et les liens logiques faits naturellement par les hommes, dans le but de les faire opérer par une machine afin de les accélérer grâce à la puissance de l'informatique. Les chercheurs du domaine partent donc du constat qu'un homme, à partir d'une phase d'apprentissage, est ensuite capable de réfléchir en autonomie : il faut donc apprendre à la machine (on parle alors de machine learning).

En effet, un enfant ne sait pas ce qu'est un chien avant d'en avoir observé plusieurs. Il va donc retenir que l'animal qu'il voit correspond au mot «chien» et sera alors capable de le reconnaître la prochaine fois qu'il en verra un. L'IA fonctionne de la même manière : après avoir enregistré plusieurs images présentant un chien, elle pourra, sur de nouvelles images, attribuer le bon nom d'animal en retrouvant les principales caractéristiques (museau, taille, queue...). C'est donc la répétition qui permet l'apprentissage et qui limite les erreurs. Plus le nombre

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d'exemples vus précédemment est important, plus il sera facile de distinguer le chien du chat, en affinant la définition des critères propres à chaque espèce.

Lorsqu'arrive enfin la phase de test où un animal se présente, chaque critère va être interrogé pour vérifier si les caractéristiques observées ressemblent bien à celles d'un chien, comme dans les exemples précédemment étudiés. Parfois, le résultat sera évident, mais parfois le doute persistera : est-ce un loup ou un chien ? Pour trancher et décider de la réponse à donner, chaque élément identifié comme une caractéristique clé du chien va alors être évalué, et sa ressemblance à ce qui est déjà connu va être quantifiée par le biais d'une probabilité. L'agrégation de ces probabilités permettra donc de donner une réponse : 'il s'agit d'un chien, et ce résultat est sûr à 96%». La seule différence avec le cerveau humain est donc que la machine quantifie le résultat, plutôt que d'y répondre instinctivement. Il y a donc une probabilisation des scénarios.

Le concept d'intelligence artificielle part donc du principe qu'il est possible de reproduire le processus d'apprentissage de l'homme afin de résoudre des problèmes en s'appuyant sur une machine. Mais sa progression récente est liée à un nouveau concept informatique arrivant dans le machine learning : il s'agit de la naissance du deep learning depuis les années 2000. Cette nouvelle technologie permet d'appréhender des éléments plus complexes, en multipliant les phases d'apprentissages s'attardant sur différents niveaux de détails. En effet, elle va fonctionner par couche, où chaque couche va regarder des nouvelles caractéristiques, allant du plus général ('est-ce un animal ?») au plus spécifique ('la forme de ses yeux correspond-elle à celle d'un chien ?»).

Cette découverte, notamment liée au chercheur français Yann LECUN permet d'utiliser l'IA dans de nouveaux domaines, avec un besoin de haute précision (comme l'analyse de radiographies par exemple). Toutefois, il n'en reste pas moins que la reconnaissance d'un élément ne pourra se faire que lorsqu'un apprentissage poussé sera effectué, sur un grand nombre de données préalables. La quantité de données à traiter pour apprendre reste, pour l'instant, plus importante que celle d'un cerveau humain, mais la puissance actuelle des ordinateurs tend à faire diminuer le temps accordé à cette phase.

Afin de clarifier les propos, dans ce mémoire, nous désignerons les programmes nécessitant d'une phase d'apprentissage comme de l'intelligence artificielle.

1.2.2. L'IA au service de l'écologie : la technologie comme facilitateur de la

protection environnementale

Il a bien souvent été constaté que la machine la plus performante actuellement était le cerveau humain : sa capacité de réflexion est inédite, et représente une réelle opportunité dans un monde du 'toujours plus». En effet, compte tenu des capacités multisectorielles permises par le cerveau, transposer ce fonctionnement dans une machine afin d'accroître son efficacité et sa rapidité ne semble que bénéfique.

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Dans un monde confronté à des défis environnementaux croissants, l'intelligence artificielle émerge comme un outil puissant et innovant pour soutenir les efforts de préservation de l'environnement et de lutte contre le changement climatique. L'exploitation de l'intelligence artificielle dans des domaines où l'évaluation quantitative et qualitative est nécessaire peut donc permettre d'améliorer l'efficacité et l'impact des actions écologiques. Il est ainsi possible de classer les thématiques de travaux selon trois axes : la surveillance, la gestion et la modélisation des ressources naturelles et de leurs usages.

L'IA se développe ainsi de plus en plus dans le domaine de la surveillance environnementale en permettant d'automatiser la collecte, l'analyse et l'interprétation des données, même en grand nombre. Grâce aux technologies d'apprentissage automatique, les drones équipés de capteurs peuvent survoler les zones sensibles, comme les forêts, des captures peuvent mesurer les caractéristiques de certains milieux, comme l'océan ou l'air, afin de détecter d'éventuels changements ou dépassements de seuils d'alertes. Dans ce cadre, l'IA a donc un rôle de prévention, pour identifier, au plus tôt, des dérèglements afin d'agir rapidement sur les conséquences qu'ils peuvent engendrer. Cette surveillance proactive permet une réaction plus efficace aux menaces environnementales et facilite la prise de décisions pour la conservation et la gestion durable des écosystèmes.

Une application en forte expansion est par exemple le domaine d'activité de la startup Firetracking, spécialisée en prévention des incendies. L'entreprise a ainsi développé un modèle d'IA pour la détection des fumées et départs de feux sur des images vidéo afin de les localiser et prévenir les secours au plus vite dans le but de limiter les dommages. Ce concept a été déployé en Nouvelle Calédonie pour limiter les conséquences des incendies et met donc à profit les capacités d'apprentissage de l'IA.

En matière de gestion des ressources, l'IA peut également être présentée comme un atout pour optimiser l'utilisation durable des ressources naturelles. Les systèmes d'IA analysent les schémas de consommation, identifient les inefficacités et proposent des solutions innovantes pour réduire les déchets et minimiser l'impact environnemental. Ce type de technologies se retrouve par exemple dans le domaine de la gestion énergétique des bâtiments. C'est notamment ce que propose Eficia, dont l'approche est présentée dans l'interview effectuée avec Faustin DUBUIS en annexe 3, en analysant les besoins des infrastructures pour ensuite réguler les systèmes de chauffage et climatisation de manière autonome. Cette approche permet, à l'aide de capteurs installés sur les sites, d'anticiper les besoins, de façon à n'allumer les dispositifs que lorsque cela est nécessaire afin de limiter leur fonctionnement, très énergivore.

De plus, l'IA contribue à la modélisation environnementale en développant des modèles permettant de prédire l'évolution des phénomènes. En analysant de vastes ensembles de données climatiques, géographiques et biologiques, les algorithmes peuvent alors anticiper le comportement des écosystèmes et les impacts des activités humaines. Ces modèles aident les scientifiques et les décideurs à mieux comprendre les dynamiques environnementales, à

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anticiper les changements futurs et à concevoir des stratégies d'adaptation et d'atténuation efficaces. La modélisation peut prendre des formes variées, comme les trajectoires de températures régulièrement mises à jour par le GIEC appuyées uniquement sur des statistiques, ou des travaux de prospection comme peut le faire la startup Qonfluens. Ces derniers travaillent à la description des dynamiques de population et d'écotoxicité9 pour tenter de prédire par exemple la pollution des sols dans plusieurs années ou l'impact sur la biodiversité présente. L'IA va donc au-delà de la surveillance, mais devient ainsi un outil permettant d'informer sur d'éventuels dommages à venir afin d'en prévenir les causes au plus tôt.

Par ces approches, l'intégration de l'intelligence artificielle dans les initiatives écologiques représente une opportunité transformative pour accélérer les progrès vers un avenir plus durable. En exploitant les capacités de ces systèmes informatiques en matière d'analyse des données, il devient possible de renforcer les actions environnementales, afin de mieux préserver la biodiversité et contribuer à atténuer les effets du changement climatique. L'IA au service de l'écologie ouvre la voie à des solutions novatrices, qui exploite des technologies au champ d'application très large. Ce secteur encore jeune est, en outre, amené à évoluer dans les prochaines années pour gagner en performance, ce qui pourra alors permettre le développement de dispositifs plus précis et dans des secteurs pour l'instant non-exploités (comme le tri de déchet ou la gestion du stress hydrique10, peu développés avec l'IA aujourd'hui).

Cette convergence entre l'intelligence artificielle et l'écologie marque le début d'une nouvelle ère où la technologie devient un allié potentiel dans la lutte pour la durabilité environnementale. Toutefois, la mise en oeuvre d'un tel plan reste à exécuter et il est central d'identifier les acteurs de ce changement. En France et en Europe, la dynamique d'innovation se voit largement portée par les nombreuses startups se développant. Cela interroge donc sur les qualités que présentent ces structures pour mener de tels chantiers.

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La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme