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Analyse de l'efficacité technique des exploitations familiales rizicoles dans la région de l'extrême-nord: cas du bassin rizicole de Magapar Alex Kamgang Ndada Université de Maroua - Master II en Economie Appliquée 2019 |
1.1.3. Le concept d'efficienceDans sa plus simple expression, l'efficience indique à quel point une organisation utilise bien ses ressources pour produire des biens et des services. L'efficience est donc un concept axé sur les ressources (intrants), les biens et services (extrants) et le rythme auquel on utilise les intrants pour produire ou offrir les extrants (productivité). Pour vraiment comprendre le concept d'efficience, il faut comprendre les expressions intrants, extrants (aspects quantité et qualité), productivité et niveau de service. Ø Les intrants sont des ressources (par exemple, ressources humaines et financières, équipement, matériel, installations, information, énergie et terrains) utilisées pour produire des extrants. Ø Les extrants sont des biens et des services produits pour répondre aux besoins d'une « clientèle ». Les extrants se définissent en termes de quantité et de qualité et sont livrés en fonction de paramètres relatifs au niveau de service. Ø La quantité désigne le montant, le volume ou le nombre d'extrants produits, par exemple du conditionner dans des emballages de 50kg, Ø La qualité désigne divers attributs et caractéristiques d'extrants, comme la fiabilité, l'exactitude, la diligence du service, la sécurité et le confort. Ø La productivité est le ratio de la quantité de biens et services acceptables produits (extrants) par rapport à la quantité de ressources (intrants) ayant servi à les produire. La productivité s'exprime en ratio, comme le coût ou le temps par unité d'extrant. Ø Le niveau de service désigne la « richesse » du service sur des plans comme l'accessibilité, les options, la fréquence et le délai de réponse. Les normes de niveau de service sont parfois définies par la loi, les règlements ou la politique. Ces critères peuvent influencer autant la qualité que le coût du service. 1.1.3.1. Définition d'efficacitéDans la littérature économique, la notion d'efficacité est abondamment utilisée pour permettre de mesurer la performance des unités de production. Il est donc important decomprendre pourquoi cette question d'efficacité est progressivement devenue pertinente auniveau du secteur agricole en particulier.Selon la théorie économique, le concept efficacité fait référence à l'optimum de Pareto (Chemak, 2010). L'efficacité en agriculture peut être définie comme « le niveau auquel les producteurs arrivent à réaliser le meilleur résultat avec les ressources disponibles dans l'exploitation et les technologies données »(Adjognon, 2009) Donc, elle traduit le rapport entre les résultats attendus et les résultats atteints. Ceci signifie qu'elle décrit l'optimisation des moyens utilisés afin de maximiser le profit et garantir une plus grande compétitivité. En d'autres termes, elle donne une indication sur la capacité des entreprises àutiliser une technologie existante de la manière la plus adéquate(Ghali, 2014). L'efficacité est alors perçue au sein des différentes analyses recensées comme un élément de mesure de la performance des unités de production, tout comme le rendement et la productivité. Selon Saucier et Brunelle (1995), la notion d'efficacité englobe les concepts de productivité et de rendement. De ce fait, la mesure de la performance n`est plus limitée seulement à la seule dimensionfinancière (basée sur des comparaisons selon le coût moyen, le rendement, la productivité),mais aussi elle est évaluée par la capacité d'un système de production de produire « au mieux» par la mise en oeuvre de l'ensemble des moyens de production (Coelli, 1998). C`estdans ce contexte qu`apparaît le concept de l'efficacité technique. Plusieurs auteurs identifient la période des années60, comme étant celle où l'ensemble des secteurs ont connu d'importants changements structurels. En effet, un regain d'intérêt de ce concept au cours de cette période, occasionné par la poussée technologique et l'émergence de l'innovation technologique qui a été intégrée ausein du processus de production des firmes, a été remarqué. Ceci a amené les chercheurs à étudier les impératifs d'une utilisation efficiente des nouvelles technologies de production(Amara, 2000). Avant cette période, « la possibilité que les entreprises puissent exploiter leurs ressources de manière inefficace était implicitement écartée des études empiriques » (Amara et Romain, 2000, p.1). Ce n'est qu'au cours des années quarante que le concept d'efficacité commence à apparaître dans la littérature avec les travaux de Carlson(1939), (Hicks, 1946)et (Samuelson, 1947). Dès lors, la notion d'efficacité a fait l'objet d'une multitude d'études et de recherches scientifiques. En effet, plusieurs auteurs ont alors tenté successivement, pendant plus d'un demi-siècle, d'éclaircir ce concept. (Debreu, 1951) , (Koopmans, 1951), (Shephard, 1953), (Farrell, 1957 )étaient les premiers à s'intéresser au concept d'efficacité. Leurs travaux sont considérés comme le point de départ de la construction du concept. Koopmans (1951) était le premier à proposer une mesure du concept d'efficacité, relative à l'analyse de la production. Il a proposé une formalisation de l'efficience technique qui permet de décomposer l'efficience technique en une efficience d'échelle et une efficience technique pure. Debreu (1951) était le premier à le mesurer empiriquement, à travers les coefficients d'utilisation des ressources (des mesures de ratio extrant-intrant) pour décrire le maximum d'une réduction équiproportionnelle de tous les inputs permettant au processus de productionde subsister. Quant à Shephard (1953), il a introduit la fonction distance input qui permet demesurer l'inefficacité en prenant en compte la possibilité d'intégrer des processus de production multi-output. Farrell (1957), dans son article4(*), est arrivé à fournir un outil de raisonnement théorique fondé sur le concept microéconomique du taux marginal de substitution. C'est ainsi qu'il a été le premier à définir clairement le concept d'efficacité économique et à le diviser en deux termes : efficacité technique et d'efficacité allocative. C'est ce qui est adopté aujourd'hui par la littérature économique qui identifie trois formes d'efficacité dans les activités productives, notamment l'efficacité technique, allocative et économique (Amara, 2000). * 4Article : « The Measurement of Productive Efficiency » de Farrell publié en 1957 et s'inspirant des travaux de Koopmans et de Debreu. |
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