Style autoritaire en education extrascolaire et resistance au changement: cas des commerçants de trottoirs du marché Melenpar Cyrille Armel SAPE KOUAHOU Université de Yaoundé 1 - Master 2017 |
CHAPITRE 10: CONCLUSION GENERALELa présente étude, intitulé « style autoritaire en éducation extrascolaire et résistance au changement : Cas des commerçants de trottoirs du marché Melen »,a eu pour objectif principal d'étudier le lien de causalité entre le style autoritaire en éducation extrascolaire à l'ordre urbain et la résistance au changement des commerçants de trottoirs. En d'autres termes, il a été question de vérifier si en matière d'éducation extrascolaire, notamment orientée vers une clientèle adulte, une démarche autoritaire ne produirait pas un effet boomerang. Cette recherche est en effet inspirée d'un étonnement issu du constat d'une sorte d'invalidité de la théorie du « conditionnement opérant », appliquée aux commerçants de trottoirs. En effet, Skinner démontrait à la faveur de la théorisation du « conditionnement opérant » qu'on peut développer chez un sujet un comportement souhaité soit en augmentant chez ce dernier la fréquence dudit comportement jusqu'à habituation, soit en diminuant les occurrences du comportement indésirable jusqu'à extinction. Pour ce faire, il préconisait l'usage de certains stimuli, notamment le « stimulus aversif ». Il s'agit dans ce cas de faire vivre au sujet une expérience douloureuse,grâce à un « renforçateur négatif », qui consiste au « retrait » de la nuisance tant que le sujet pose l'acte souhaité, ou grâce à une « punition positive» qui consiste au « rajout » de la nuisance jusqu'à disparition du comportement indésirable. Notre étonnement a surgi du fait que dans le cas des commerçants de trottoirs, les pouvoirs publics font montre d'ingéniosité en matière de répression(stimulus aversif) sans parvenir à faire varier la vitalité du comportement d'occupation marchande des trottoirs. Fort de ce constat, nous nous sommes posé la question de savoir si au demeurant, le style autoritaire des pouvoirs publicsn'était pas responsablede la résistance au changement des commerçants de trottoirs. Nous avons fait l'hypothèse que : « le style autoritaire en éducation extrascolaire à l'ordre urbain induit la résistance au changement des commerçants de trottoirs ». Cette hypothèse a elle-même donné naissance à trois hypothèses de recherche dont l'épreuve avecles données de terrain ont permis de valider deux d'entre elles. En effet, il a été établi les résultats suivants : Ø Résultat HR1: HR1: L'imposition des mesures de l'ordre urbain suscitela résistance au changement des commerçants de trottoirs. H0 : Il n'existe pas de relation entre l'imposition des mesures de l'ordre urbain et la résistance au changement des commerçants de trottoirs. Ha: Il existe un lien significatif entre l'imposition des mesures de l'ordre urbain et la résistance au changement des commerçants de trottoirs. Pour á=0,05, on a X2cal=20,572 = X2lu=12,59. Alors, Ho est rejetée et Ha est retenue. HR1 est donc confirmée Le coefficient de contingence (C) est égal à 0,334. Ce qui signifie que l'effet de l'imposition des mesures sur la résistance au changement est de taille moyenne. Ø Résultat HR2: HR2: L'intimidation des commerçants de trottoirs suscite la résistance au changement de ces derniers. H0 : Il n'existe pas de relation entre l'intimidation des commerçants de trottoirs et la résistance au changement de ces derniers. Ha: Il existe un lien significatif entre l'intimidation des commerçants de trottoirs et la résistance au changement de ces derniers. Pour á=0,05, on a X2cal=11,294 = X2lu=12,59. Alors, Ho est retenue et Ha est rejetée. HR1 est donc infirmée. Ø Résultat HR3: HR3: La violence orchestrée par les autorités en charge de l'ordre urbain suscite la résistance au changement des commerçants de trottoirs. H0 : Il n'existe pas de relation de dépendance entre la violence des autorités et la résistance au changement des commerçants de trottoirs. Ha: Il existe une relation de dépendance entre la violence des autorités et la résistance au changement des commerçants de trottoirs. Pour á=0,05, X2cal=26,995 = X2lu=16,92. Alors, Ho est rejetée et Ha est retenue. HR2 est donc confirmée. Le coefficient de contingence (C) est égal à 0,376. Ce qui signifie que l'effet de la violence des pouvoirs publics sur la résistance au changement des commerçants de trottoirs est de taille moyenne. Il en résulte que la démarche essentiellement autoritaire de lutte contre le phénomène d'occupation marchande des trottoirs n'est pas appropriée pour juguler le phénomène. D'une part, le style autoritaire se situe aux antipodes des recommandations en matière d'éducation extrascolaire et contribue davantage à braquer les commerçants plutôt qu'à changer leur attitude vis-à-vis du trottoir. D'autre part, étant donné la longue accoutumance des populations à exploiter le trottoir aux fins commerciales, les adeptes du commerce de trottoir entre en situation de réactance psychologique dès l'instant où, de manière autoritaire, l'on essaye de les y déloger. Cette réactance psychologique se manifeste par un désir plus ardent d'exercer leurs activités aux lieux interdits. Il a par conséquent été suggéréde noter que, pour un aménagement pérenne de l'espace urbain, les institutions publiques ne devraient plus avoir comme vocation centrale de porter un projet politique substantiel. Leur rôle doit se déplacer davantage vers la fourniture d'un cadre institutionnel permettant aux interactions sociales, des dialogues entre les différents acteurs de la ville (commerçant et régulateurs), de manière à déboucher sur la construction collective des solutions et des connaissances permettant de prendre en charge les problèmes qui surviennent et, in fine, aboutir sur un projet partagé et consensuel.D'où l'idée d'une démarche éducative plus inclusive, participative, intégrative et concertée entre les pouvoirs publics et les commerçants de trottoirs. Toutefois, cette recherche n'étant qu'un pavé jeté dans la marre, d'autres recherches dans ce domaine sont nécessaires afin d'établir scientifiquement l'efficacité des démarches suggérées. 1. Ouvrages généraux Aron, R. (1967).Les étapes de la pensée sociologique. Paris: Gallimard, coll. Tel. Brassard, A. (1996). Une autre façon de regarder le phénomène de la résistance au changement dans les organisations. 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