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Style autoritaire en education extrascolaire et resistance au changement: cas des commerçants de trottoirs du marché Melen


par Cyrille Armel SAPE KOUAHOU
Université de Yaoundé 1 - Master 2017
  

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5.3.2. Manifestations de la résistance au changement

Quant aux manifestations de la résistance au changement, Bareil (2004) note que les manifestations de résistance peuvent être individuelles ou collectives, actives (explicites) ou passives (implicites). La résistance peut se manifester par un seul individu à la fois. Elle est alors qualifiée d' « individuelle » alors qu'elle peut aussi se manifester par un groupe ou une collectivité; à ce moment, elle est qualifiée de « collective ». La résistance active serait l'action de s'opposer activement par une action contraire alors que la résistance passive serait plutôt canalisée vers des gestes d'opposition plus subtils et moins directs. Sous sa forme active, on retrouve les refus, les critiques, les plaintes et le sabotage alors que sous sa forme passive, on note le statu quo, la lenteur, les rumeurs et le ralentissement.

5.3.3. Raisons de la résistance au changement

D'après Bareil (2004), l'individu résiste au changement pour de nombreuses raisons. D'une manière générale, ses réactions négatives à l'égard du changement s'expliquent par le fait qu'il doit quitter la zone de confort et s'aventurer vers de nouvelles avenues, souvent empreintes d'incertitude. Il doit s'adapter au nouveau contexte, à de nouvelles tâches et responsabilités, apprendre de nouveaux comportements, adopter de nouvelles attitudes et surtout, abandonner ses habitudes qui faisaient partie de son quotidien. Bref, il doit se remodeler, se refaire une nouvelle identité ou se réadapter. Plus spécifiquement, Bareil identifie six catégories de cause à la résistance au changement : les causes individuelles, collectives, politiques et celles liées à la qualité de la mise en oeuvre du changement, au système organisationnel en place et au changement lui-même.

Ø Causes individuelles

Selon la perspective psychanalytique, les mécanismes de défense, souvent inconscients, servent à neutraliser l'anxiété qui menace un individu lorsqu'il est la proie d'un conflit entre les exigences qui découlent de ses propres besoins et celles qui relèvent de la nouvelle réalité extérieure qui est le changement. Six mécanismes de défense jouent alors un rôle primordial pour bloquer ou entraver un changement qui s'annonce: le refoulement, la régression, la projection, l'identification, la formation réactionnelle et le déni de la réalité (Bareil, 2004).

Les traits de personnalité faisant référence à la stabilité ou à la préférence pour le statu quo sont également à prendre en compte, aussi bien que les caractéristiques sociodémographiques. Les personnes plus âgées sont parfois résistant aux nouveautés ou alors, ont par leurs expériences passées appris à se méfier des changements à la mode.

Alain (1996) retient le manque de motivation, d'habileté, l'incapacité, les habitudes de vie, la perception sélective et la préférence pour la stabilité. Collerette et al. (1997; p. 98) retiennent les habitudes, qui sont des comportements relativement faciles et économiques; la peur de l'inconnu et le principe de la répétition du succès qui a été démontré par les recherches en behaviorisme. Scott et Jaffe (1992, cité par Bareil, 2004) expliquent la résistance par différents types de pertes associées à l'abandon de ce qui était acquis et satisfaisant: la perte de sécurité, la perte de pouvoir, la perte de l'utilité, de ses compétences, de ses relations sociales, du sens de la direction et la perte de territoire. L'individu a alors tendance à évaluer le changement en termes de coûts (efforts, débauche d'énergie, ...) et de bénéfices (gains salariaux, satisfaction, ...). Dans le cas où les coûts sont supérieurs, il manifestera de la résistance.

Ø Causes collectives ou culturelles

Les effets du changement sur les réseaux informels et les relations sociales cohésives peuvent également provoquer des manifestations de résistance (Bareil, 2004). Collerette et al. (1997; p. 100) parlent de résistances liées au système social et incluent à ce propos, la conformité aux normes sociales établies dans un système, la cohérence du système, le maintien des intérêts et des droits acquis de même que le caractère sacré de certaines choses en termes de tabous, rituels, moeurs et éthique et finalement, le rejet de ce qui est étranger, pouvant être perçu comme menaçant pour le système. Alain (1996; p. 168) retient la conformité aux normes, le degré de cohérence dans l'organisation, les intérêts et droits acquis et le rejet de ce qui est étranger.

Ø Causes politiques

Selon Bareil (2004), un destinataire peut résister au changement à cause des pressions politiques de personnes influentes à qui il a confiance ou pour soutenir une cause. Les forces syndicales qui militent contre l'idée d'un changement ne sont pas sans provoquer de la résistance au changement tant chez les militants que chez les membres. Les employés et les cadres peuvent résister à cause de coalitions dominantes et influentes qui leur soumettent leurs idées. La perte de pouvoir et d'influence peuvent stimulerla résistance chez un destinataire. Ces pertes de pouvoir, d'autorité et de ressources humaines, financières et de responsabilités peuvent entraîner chez certains gestionnaires de luttes impitoyables pour conserver le statu quo.

Ø Causes liées à la mise en oeuvre du changement

Les causes liées à une mise en oeuvre inappropriée et déficiente du changement constituent très souvent la cause majeure des échecs. L'absence des conditions à créer au sein de l'organisation pour réussir la démarche de transformation telles que l'orientation, la sensibilisation, l'habilitation (Rondeau, 2002) peuvent mener le destinataire à résister au changement. Ainsi, s'il n'est pas bien préparé, s'il n'accepte pas le changement, il résistera. Les gens peuvent aussi résister pour élever leur voix contre l'absence de consultation et d'implication. Les destinataires résisteront parce que le changement leur est imposé. Les individus peuvent résister tout simplement parce qu'ils manquent d'informations ou qu'ils n'ont pas été consultés (Bareil, 2004). Collerette et al. (1997; p. 101) retiennent les dimensions suivantes : le respect des personnes et des compétences, le temps et les moyens fournis pour s'adapter au changement et la crédibilité de l'agent.

Ø Causes liées au système organisationnel

La résistance au changement peut aussi provenir du système organisationnel, lui-même inerte et peu réceptif au changement. Dès lors, le destinataire perçoit l'inertie et les difficultés de l'organisation à s'y adapter ; ce qui engendre de la résistance (Bareil, 2004). Ces déterminants ont été étudiés par Rondeau (2002 ; p. 100) comme étant l'inertie, l'absence de pression de l'environnement et par Hafsi et Demers (1997), par les déterminants de la capacité à changer : contexte, structure, culture, potentiel humain, leadership. La lecture organisationnelle que se fait le destinataire au sujet de la capacité à changer de l'organisation lui indique la probabilité de succès de l'intégration du changement dans l'organisation. Il évalue cette probabilité avant de prendre une décision éclairée au sujet de sa réponse, positive ou non, dans le cas de la résistance. Par exemple, les rites, rituels, normes, langage sont des manifestations de l'intégration interne d'un système et lorsqu'ils sont affectés par un changement, ils risquent de perturber l'équilibre établi et de provoquer de la résistance (Bareil, 2004).

Ø Causes liées au changement lui-même

Finalement, le destinataire peut résister parce que le changement annoncé est complexe, peu légitimé par l'organisation et en opposition avec les valeurs du milieu. En fait, le changement ne fait pas de sens. Le type de changement ou de transformation, radical, évoque des réactions extrêmes de la part du destinataire qui remettent en cause le changement (Bareil, 2004). Abrahamson (2004, cité par Bareil, 2004) a distingué le postulat traditionnel de la « résistance au changement » de la « résistance du changement ». Cela signifie qu'il y a une tendance trop marquée dans la pratique pour ce qu'il appelle « la destruction créative » ou le changement radical et « le syndrôme du changement répétitif ». Les changements accélérés des dernières années ont fait en sorte que les gens ne résistent plus au changement mais résistent à la multitude des changements qui s'abattent constamment sur eux. Ils dénoncent ces changements qui ne peuventqu'engendrer résistance, anxiété et cynisme.

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