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Style autoritaire en education extrascolaire et resistance au changement: cas des commerçants de trottoirs du marché Melen


par Cyrille Armel SAPE KOUAHOU
Université de Yaoundé 1 - Master 2017
  

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5.2.2. Education extrascolaire

5.2.2.1. Fondement historique de l'éducation extrascolaire

Pierre Furter observe dès 1976 que l'étude de l'éducation extrascolaire souffre de la rareté de ses études historiques. D'après ce dernier, la problématique de l'éducation extrascolaire voit véritablement le jour au lendemain de la deuxième guerre mondiale. La préoccupation centrale à l'initiative de l'éducation extrascolaire est celle de l'éducation des adultes, dans le soucide mobiliser la participation de tous à l'effort de reconstruction (Furter, 1976). Cependant, c'est au cours de la décennie des années 70 que s'est développée la prise de conscience de ces problèmes et que les principales organisations internationales ont envisagé cette problématique (Furter, 1984). Trois faits majeurs sont à retenir pour élaborer des hypothèses explicatives de la prise de conscience de cette problématique :

- Le constat des limites de l'universalisation et de la démocratisation de l'éducation scolaire obligatoire ;

- La complexité grandissante des rapports que les « systèmes » scolaires entretiennent avec les « para-systèmes» extrascolaires qui sont nés de l'institutionnalisation de l'éducation des adultes.

- L'élargissement des conceptions de l'éducation, en particulier sous l'impact des idées qui donneront naissance à ce qu'on peut mettre dans la catégorie de l'éducation permanente.

Cléopâtre Montandon (s.d.) affirme que,

la crise mondiale de l'éducation diagnostiquée il y a une quarantaine d'années (fin des années 1960 et début des années 1970), dont s'est émue l'UNESCO ou la Banque Mondiale, aconduit vers l'idée que pour résoudre le problème des systèmes scolaires, il était nécessaire de se tourner vers les ressources éducatives en dehors de l'école et dans d'autres secteurs de la société (Coombs 1968 ; Coombs, Prosser & Ahmed, 1973). C'est à cette époque que les notions de déscolarisation (Illich, 1973) ou de learning society (Faure, 1972) sont apparues et que les distinctions entre éducation formelle, informelle et non formelle ont pris leur essor.

Toutefois, la littérature, telle que rapportée par Furter (1976), rend compte de ce que, la première conférence internationale sur l'éducation des adultes (CONFINTEA 1), qui a eu lieu à Elseneur au Danemark en 1949 inaugure les activités de l'UNESCO dans le domaine d'éducation extrascolaire. Mais cette conférence pionnière est européocentrique et classiste. En effet, d'une part le tiers monde n'est pas représenté et les deux tiers des participants sont européens; d'autre part, l'idée centrale est la promotion de « l'élite » ouvrière. Lorsque les participants parlent d'éducation populaire, « ce n'est que dans l'intention de diffuser la culture bourgeoise dans les milieux prolétaires ». Mais, un autre thème y est évoqué de manière furtive, mais sera développé dans les années 50. Il s'agit de l'éducation fondamentale. L'UNESCO entend par là « essentiellement une intervention éducative globale, mais réduite à un minimum indispensable qui inclut l'alphabétisation et qui s'adresse à des populations marginales afin de leur donner le pouvoir de trouver leurs solutions aux problèmes qu'elles rencontrent ».

CONFINTEA 2s'est tenu à Montréal au Canada en 1960. Elle fait suite à celle d'Elseneur mais lui est cependant très différente. En effet, le monde a changé. Une multitude de pays ont accédé à l'indépendance. « Pour la première fois, on reconnaît que l'éducation des adultes est un ensemble complexe dont on discerne mal les limites et dont on domine peu l'ensemble des formes ». Ce qui n'empêche pas d'en tracer les grands traits dans le secteur économique avec la formation professionnelle et l'amélioration des qualifications ; dans le secteur social avec l'éducation fondamentale et dans le cadre de l'apport de l'éducation à la construction des nouvelles nations.

La troisième conférence internationale de l'UNESCO sur l'éducation des adultes (CONFINTEA 3) est celle de 1972 à Tokyo, qui donne naissance au fameux rapport Apprendre à être. « Fondamentalement, le rapport défend une conception globale de développement de l'éducation pour les sociétés contemporaines dont la finalité est d'assurer à tout individu la possibilité d'apprendre pendant sa vie entière ». Ce principe d'éducation permanente constitue la clé de voûte de toute l'argumentation. Trois considérations fortes se dégagent: d'abord celle de l'éducation diffuse, « c'est-à-dire du processus réellement permanent grâce auquel tout individu adopte des attitudes et des valeurs, acquiert des connaissances grâce à son expérience quotidienne, aux influences de son milieu et à l'action de toutes les institutions qui l'incitent à modifier le cours de sa vie ». Ensuite, celle de l'éducation extrascolaire, « c'est-à-dire de toutes les activités organisées d'éducation qui visent des clientèles particulières en fonction de leurs besoins et de leurs aspirations ». Enfin, l'éducation scolaire, « qui sous la forme de systèmes d'enseignement hiérarchisés, tronçonnés en années d'études, permet à l'ensemble de la population non encore engagée dans la production, d'acquérir la formation de base indispensable pour pouvoir par la suite utiliser les moyens de l'éducation extrascolaire et diffuse ». Pour le rapport Apprendre à être, « le succès ou l'échec d'une politique de l'éducation dans un pays ne peut plus se mesurer seulement par la scolarisation de la nouvelle génération, mais par le nombre d'adultes qui sont devenus capables d'auto-instruction ». D'autre part, ce rapport affirme que « le développement éducatif ne peut se contenter d'attribuer à l'éducation extrascolaire un rôle complémentaire, correctif ou de palliatif par rapport aux systèmes scolaires, mais que le succès de l'éducation des adultes passe par une refonte des systèmes scolaires ».

Ainsi,

L'approche intégrée a été formulée de manière plus explicite par la Commission internationale sur le développement de l'éducation, réunie par UNESCO en 1971-1972,qui précisait dans son rapport : « L'éducation des adultes revêt une importance particulière dans la mesure où elle constitué un facteur déterminant dans la réussite scolaire desnon adultes: on ne peut, en effet, dissocier l'enseignement primaire des enfants duniveau éducatif des parents; ce n'est pas dans un milieu analphabète que pourront êtrepréparées les générations nouvelles... Il importe donc de ne jamais opposer l'éducationdes adultes à l'éducation des enfants et des jeunes: le concept d'une éducation globale transcende cette apparente contradiction et en met les deux pôles, parallèlement etsimultanément, au service des objectifs communs de l'éducation au sens large. Il s'en suit que l'éducation des adultes ne peut demeurer plus longtemps dans aucune sociétéun secteur marginal et qu'une place doit lui être réservée dans les politiques et budgetsd'éducation, ce qui implique une articulation solide entre l'enseignement scolaire et l'éducation extrascolaire». (Hamadache, 1993).

Les trois derniers CONFINTEA (4, 5, 6) ont eu lieu respectivement en 1985, 1997 et 2009 à Paris (France), Hambourg (Allemagne) et Belém (Brésil). S'appuyant sur les acquis des premières, elles considèrent que le développement de l'éducation des adultes est la condition indispensable de la concrétisation de l'éducation permanente et un facteur important de la démocratisation de l'éducation et consacre la nécessité d'une législation adéquate en matière d'éducation des adultes.

Quant au colloque de Dakar sur l'éducation extrascolaire du 3 au 8 mai 1976, il avait été entendu que, pour les pays en voie de développement, le concept d'éducation extrascolaire recouvrait deux domaines, celui des activités organisées au profit des jeunes scolarisés en dehors du temps et du lieu de l'école; ce serait l'acception traditionnelle du terme. Mais l'éducation extrascolaire vise particulièrement l'énorme masse laborieuse analphabète, formée de jeunes et d'adultes qu'il importe de former et d'instruire, pour leur permettre d'intervenir avec plus d'efficacité dans le développement économique et social, et dans toutes les affaires du pays de manière consciente (Gomès, 1977). Elle regroupe toutes les activités d'éducation pour ceux qui sont dans la vie active : alphabétisation, cours par correspondance, cours de perfectionnement, initiation à la production, loisirs éducatifs et sports (Idem).

En définitive, l'éducation extrascolaire vise la construction d'un cadre de référence utile pour concevoir un développement culturel favorable à l' « éducogénie » c'est-à-dire « tout ce qui soutient et peut soutenir une formation diffuse, définie comme la capacité globale de formation propre à un milieu donné et mesurée par l'ensemble des contributions de formation de la famille, des classes sociales, de la langue, des moyens de communication de masse et d'autres institutions culturelles » (Furter, 1984).

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle