5.2. DE L'EDUCATION
A L'EDUCATION EXTRASCOLAIRE
Avant de s'appesantir sur l'éducation extrascolaire, il
convient de traiter d'abord des notions qui l'on précédées
et préparées la voie de son émergence. Il s'agit de la
notion d'« éducation » et des notions connexes que
sont l' « éducation formelle », « non
formelle » et « informelle ».
5.2.1.
Clarification du concept éducation
Emile Durkheim (1922) définit l'éducation comme
étant «l'action exercée par les
générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres
pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez
l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux
que réclament de lui et la société politique dans son
ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement
destiné ». Cette définition révèle
la visée socialisatrice de l'éducation mais réduit le
champ de l'éducation à l'enfance, ignorant le fait que les
adultes sont eux aussi clientèle de l'éducation.
Baba-Moussa, Moussa et Rakotozafy (2014) élargissent la
perspective de l'éducation. Ils pensent que si l'on met souvent en avant
le caractère socialisant de l'éducation, c'est-à-dire son
importance d'assurer l'intégration de l'individu dans son groupe social,
il faut relever que là n'est pas le seul but de l`éducation. Ces
auteurs conçoivent l'éducation comme le processus de
structuration de tous les membres d'une communauté donnée, afin
de leur permettred'acquérir les savoirs, savoir-faire et
savoir-être nécessaires à leur vie sociale.Les
savoirs correspondent aux informations utiles pour survivre dans
l'environnement physique: s'y adapter, le maîtriser voire le transformer.
Les savoir-faire renvoient aux compétences techniques
nécessaires à la production, et les savoirs-être
se réfèrent aux valeurs sociales et culturelles de la
société, c'est-à-dire la connaissance de ce qui est bon ou
mauvais, désirable ou réprouvé. Baba-Moussa et
al.secondent dans cette option définitionnelle d'autres auteurs qui
voient dans l'approche éducationnelle de toutes les
sociétés humaines, les objectifs fondamentaux de former tous ceux
à qui elle s'adresse, de façon à les préparer
à s'adapter à la vie sociale, à y jouer le mieux possible
le rôle qui leur est dévolu, à développer chez eux
toutes qualités, potentialités et capacités individuelles
dont a besoin la société (Moumouni, 1998, p. 213, cité par
Baba-Moussa et al.,2014).
Le processus éducatif ainsi défini est donc
complexe, multidimensionnel et protéiforme. L'éducation
revêt un caractère transversal. Elle concerne aussi bien les
enfants que les adultes, et peut se dérouler dans différents
cadres. Coombs (1989) propose les trois formes qu'elle peut prendre en fonction
de la cible et des objectifs. Il distingue alors l'éducation formelle,
l'éducation non formelle et l'éducation informelle.
v Education
formelle
L'éducation formelle est la forme d'éducation
dispensée au sein du système scolaire. Elle se déroule
dans des établissements d'enseignement et de formation étatique
(école, université, institutions de formation professionnelle),
et débouche sur l'obtention de diplômes et de qualifications
reconnus. Elle est une formation continue,
institutionnalisée,structurée, hiérarchisée et
caractérisé par des objectifs éducatifs clairs, des plans
d'étude et des configurations d'enseignement (Mlékuz, 2003).
PourAli Hamadache (1993), ce type d'éducation est
caractérisé par l'unicité et une certaine rigidité,
avec des structures horizontales et verticales (classes d'âge
homogènes et cycles hiérarchisés), avec des conditions
d'admission définis pour tous. Cet enseignement se veut universel et
séquentiel, normalisé et institutionnalisé avec une
certaine permanence.
v Education non
formelle
A côté ou autour de l'éducation formelle,
beaucoup plus théorique, intervient l'éducation non formelle dont
la visée est d'offrir à sa clientèle des savoirs pratique
et opératoire. Il alieu en dehors des institutions classiques. Mais
diffère de l'éducation informelle parce qu'il répond
néanmoins à une intention, à des objectifs et à une
orientation définie par les personnes concernées.
L'éducation non formelle peut avoir divers degrés de
formalisation. Elle se caractérise par une démarche volontaire et
comporte des offres d'apprentissage plus ou moins organisées.
L'accès aux situations et aux contenus éducatifs est libre et les
approches possibles sont multiples. L'échange entre apprenants et
enseignants se fonde sur une logique volontaire et n'exige pas
nécessairement de vérification par rapport aux objectifs
donnés. L'évaluation et l'attestation des résultats
peuvent prendre différentes formes, allant de la pure
auto-évaluation des apprenants à la remise de certificats formels
(Ministère?de?la?Famille?et?de?l'Intégration de Luxembourg,
2012).
Ainsi, l'éducation non formelle correspond, à
toute activité d'apprentissage organisée et
systématiquement menée en dehors du système scolaire, des
principales structures d'enseignement et de formation de certificats officiels.
Elle peut s'acquérir sur le lieu du travail ou dans le cadre des
activités d'organisations ou de groupes de la société
civile (associations de jeunes, syndicats ou partis politiques). Elle peut
aussi être fournie par des organisations ou services établis en
complément des systèmes formels : classes d'enseignement
artistique, musical ou sportif, ou cours privés pour préparer des
examens, etc. (Baba-Moussa et al, 2014; Mlékuz, 2003).
Pour Hamadache (1993),
L'éducation non formelle est toute éducation
qui englobe toute forme d'instruction que la source et l'élève
favorisent délibérément, la rencontre étant voulue
par les deux (émetteur et récepteur). Pour l'éducation non
formelle, Coombs et ses collaborateurs ont posé une définition
qui a reçu une acception générale: « ...Toute
activité éducative organisée en dehors du système
d'éducation formel établi et destinée à servir des
clientèles et à atteindre des objectifs d'instruction
identifiables » (Coombs et al, 1973). Cette définition a
l'avantage de mettre en évidence les caractéristiques principales
de l'éducation non formelle. Il s'agit d'activités:
- Organisées, structurées (sinon elles
relèvent de l'informel);
- Destinées à un public-cible
identifiable;
- Visant un ensemble spécifique d'objectifs
d'éducation;
- Non institutionnalisées, se déroulant hors
du système éducatif établi et s'adressant à des
élèves non régulièrement inscrits (même si,
dans certains cas, le lieu d'enseignement peut être
l'école).
A côté de
l'éducation formelle et non formelle, très formalisée et
structurée pour la première et semi-formalisée pour la
seconde, il existe une troisième forme d'éducation non
formalisée et peu structurée.
v Education informelle
Elle est le processus permanent au cours duquel chacun
acquiert et accumule des connaissances, des aptitudes et des opinions, par
l'expérience et par les contacts avec autrui. Tout le monde est soumis
d'une manière ou d'une autre à cette forme d'éducation.
Elle est le corollaire naturel de la vie quotidienne et fait
référence aux processus d'auto-apprentissage qui se
déroulent dans toute sorte de situations de la vie
(« learning by doing »), en dehors des
institutions chargées d'éducation et sans intentions explicites.
L'acquisition de « soft skills », en particulier,
a souvent lieu dans le cadre de l'éducation informelle. (Baba-Moussa et
al., 2014; Mlékuz, 2003).
Selon Hamadache (1993), l'éducation informelle est
l'éducation dite parallèle(ou encore accessoire, occasionnelle,
diffuse, spontanée, ...) qui concerne des activités d'instruction
non structurées. Dans l'éducation informelle, le processus
d'apprentissage est un processus d'osmose entre l'apprenant et son
environnement. C'est un fait que la plus grande partie des connaissances et des
savoir-faire qu'acquiert un individu au cours de son existence se fait, dans un
environnement non structuré, au moyen de ce mode d'éducation. Il
en est ainsi de l'acquisition de la langue, des valeurs culturelles, des
attitudes et des croyances générales, des comportements de la vie
quotidienne propre à un milieu donné et auxquels contribuent la
famille, les églises, le secteur associatif, certains membres
privilégiés de la société, les moyens de
communication sociale, les médias de masse, les musées, les
maisons d'édition, les jeux, et toutes autres institutions culturelles
présentes dans l'environnement. Cette éducation se fait dans une
large mesure, par une association de l'observation, de l'imitation, de
l'émulation sélective de certains membres de la
société par d'autres. Par exemple, des messages radios ou
télévisés destinés au grand public peuvent avoir un
but plus ou moins pédagogique. Mais ils vont atteindre des auditeurs ou
téléspectateurs disposés ou non, aptes ou non à les
recevoir et à en tirer parti.
Il en est de même d'un jeune qui regarde travailler un
artisan dans l'intention précise d'apprendre quelque chose (il y a
intention de la part du récepteur, pas de l'émetteur). De
nombreux aspects de l'école parallèle sont à prendre en
considération dans la formation des enseignants: l'utilisation des
langues nationales et/ou maternelles qui véhiculent cette
éducation parallèle ainsi que des modèles et des valeurs
souvent différents de ceux qu'inculque l'école, l'articulation de
l'enseignement et du travail productif ou socialement utile, la
complémentaritéde l'enseignement avec les possibilités
éducatives et les infrastructures socio-éducatives et culturelles
existant dans l'environnement de l'école, la maîtrise des
influences exercées par les médias, etc. (Hamadache, 1993).
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