Style autoritaire en education extrascolaire et resistance au changement: cas des commerçants de trottoirs du marché Melenpar Cyrille Armel SAPE KOUAHOU Université de Yaoundé 1 - Master 2017 |
5.1.4. Désordre inventif et d'innovation socialeContrairement de la vision chaotique des rues d'Afrique subsaharienne dépeinte par nombres d'auteurs, certains écrits tendent à la célébration de la vitalité du tissu urbain africain. Ils voient en les formes d'appropriations et de détournements de la rue un désordre inventif et des occasions d'innovation sociale. En Afrique, « la rue est le support visuel d'une construction sociale de la différence, de l'inégalité et, éventuellement, de la contestation » ( Janin, 2001). La ville africaine est le marqueur par excellence de la distorsion entre l'Afrique des déshérités et l'Afrique de nantis (Ela, 1983). Les rues et donc les trottoirs constituent des supports de sociabilité et des lieux de « construction de l'identité urbaine africaine »pour les déshérités qui les occupent. La ville africaine se construit donc sur des logiques propres et endogènes. Pour Djouda (2010), ce qui s'apparente à une catastrophe aux yeux de certains dans les villes d'Afrique subsaharienne doit être observé comme de véritables « laboratoires » des dynamiques urbaines, mises en branle par les acteurs individuels et collectif « du bas ». Les villes africaines doivent être vues comme « des espaces où se construisent de nouveaux modes de vie, des dynamiques imprévues, des évolutions annonciatrices des ruptures politiques, sociales et économiques ». Il est ici question de montrer comment la vie urbaine en Afrique ouvre aussi de nouvelles possibilités d'intégration, de coopération, de solidarité et de développement. Interdiction est faite à toutes formes d'ethnocentrisme car, un visiteur non averti qui observe le mailting pot d'activité sur l'espace urbain africain conclurait à un fouillis général. Il n'en est rien puisque ce qui lui semble être un parfait désordre de l'espace support, représente un mélange d'abstraction, de modélisation de l'information, de processus d'autorégulation et d'élimination de détails indésirables très identifiables aux yeux des personnes familières des lieux. (Mayer et Soumahoro, 2010) Ces désordres apparents, l'occupation « anarchique » des trottoirs en l'occurrence, sont des traits de la capacité intuitive et imaginative des acteurs urbains africains. Ils sont une construction urbaine qui donne une nouvelle configuration aux processus urbains en Afrique. La symbiose urbanité/ruralité fait des villes africaines, des villes duales. Un dualisme entre ville légale, celle qui relève des normes occidentales et qui participe à l'économie-monde, et la ville illégale, celle des quartiers de peuplement informels, et où se développe une économie de subsistance et de survie (Djouda, 2010). Entre surfaces bitumées et poussière rouge, la ville africaine se densifie, comble ses vides. Elle est en transition, en mutation permanente. Elle construit sa propre modernité, pas forcément calquée sur le modèle occidental. Loin d'envisager une uniformisation des villes, il est important de comprendre que le phénomène urbain ne peut être mieux saisi ou compris que dans une perspective temporelle, historique et contextuelle (Idem). |
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