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Style autoritaire en education extrascolaire et resistance au changement: cas des commerçants de trottoirs du marché Melen


par Cyrille Armel SAPE KOUAHOU
Université de Yaoundé 1 - Master 2017
  

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5.1.3. Trottoirs entre normes étatiques et normes sociales

Certains auteurs appréhendent la généralisation et l'intensification de la privatisation des trottoirs en Afrique noire comme l'aboutissement d'un mariage difficile entre normes étatiques et normes sociales. Le constat est sans appel: la gestion du quotidien dans les villes africaines par les autorités institutionnelles est marquée par la profonde illusion de devenir comme l'autre. « Concordance ou pas, les plans d'urbanisation et architecturaux ne sont eux-mêmes que des reproductions imparfaites de ce qui a été vu à Paris, à Londres, à Madrid ou à Lisbonne » (Mayer et Soumahoro, 2010). Dans cette perspective, les normes étatiques sont des normes exogènes, venues d'ailleurs. Elles sont calquées parfois de façon « moutonnière » sur les normes urbanistiques occidentales, ignorance faite de ce que « l'espace géographique urbain doit être le reflet des perceptions culturelles des peuples en place » (Mayer et Soumahoro, 2010).

Comme le démontre Jean-Marc Ela (1983), en Afrique subsaharienne, l'exode rural est l'un des principaux facteurs de l'urbanisation. En effet, « l'inégalité de développement urbain fait de la migration un phénomène coextensif au processus d'urbanisation en cours dans l'Afrique » (p.30). Cette urbanisation provoque l'arrivée en ville de manière rapide des flots de ruraux. Parce que l'espace urbain a ses règles qui semblent ne pas s'adapter à la vision des ruraux, ces derniers adaptent à cet espace nouveau leurs réalités traditionnelles rurales. En s'affirmant, ils constituent un sentiment d'appartenance à référent rural et traditionnel en termes de valeur et de représentation sociale et culturelle. Il se passe alors une oblitération des références spatiales coutumières à l'espace urbain. On assiste à un nouveau découpage --ou à une nouvelle réorganisation-- de l'espace urbain en des lieux de sociabilité et d'identification socioculturelle mais aussi économique (bayam-sellam, tourne-dos, etc.) (Mayer et Soumahoro, 2010). Cela contribue à donner un caractère original aux villes africaines fait de la pérennité d'activités de type rural constituant un secteur primaire de type traditionnel vivace, mais qui essaye de s'adapter à des besoins nouveaux.

Alors, dans les villes africaines, on observeune situation douloureuse où « la rue est symptomatique du hiatus entre normes importées et normes locales» ( Janin, 2001). Ce double jeu entre le formel et l'informel conduit à une ruralisation de la ville tropicale africaine. Ses racines et pratiques insérées dans la tradition et ses visions portées vers la modernité lui donne un cachet particulier et témoigne de l'affrontement entre le « centre et la périphérie», entre les « citadins » et les ruraux, entre les riches et les pauvres ( Janin, 2001).

On assiste en Afrique noire à « la vie rurale en milieu urbain ». Le « néo-citadin » africain n'abandonne pas le désir de récréer l'espace traditionnel en ville. La « tribalisation » de l'espace urbain est inédite.Dans les grandes agglomérations urbaines, on aperçoit une véritable « réactivation » des formes vitales de l'Afrique traditionnelle, toute chose qui fait naître les conditions de vie d'une population flottante, et ne contribue pas à créer un véritable « esprit citadin», au sens occidental du terme (Ela, 1983).

De là l'image de « l'Africain désemparé », cet homme inapte ou aliéné dans sa condition actuelle, « celui qui n'est accordé à aucun des deux mondes(...), écartelé entre deux dimensions. (Ela, 1983)

En Afrique noire donc, « la rue révèle à la fois la misère de larges fractions de citadins, le « laisser-faire » de l'État et, plus fondamentalement, l'inadéquation entre normes étatiques imposées et normes sociales appropriées » ( Janin, 2001). Le trottoir y est une voie publique à la fois « officiellement attribuée mais socialement contestée » (Mbouombouo, 2005).

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