Style autoritaire en education extrascolaire et resistance au changement: cas des commerçants de trottoirs du marché Melenpar Cyrille Armel SAPE KOUAHOU Université de Yaoundé 1 - Master 2017 |
CHAPITRE 5: REVUE DE LA LITTERATUREDans cette partie, il est présenté la littérature existante autour du sujet traité.Cette revue de la littérature va concerner trois thématiques clés de l'étude à savoir : le commerce sur trottoirs, la résistance au changement et l'éducation extrascolaire. 5.1. AUTOUR DU COMMERCE SUR TROTTOIRSLes travaux sur l'occupation abusive de la voie publique à Yaoundé sont parcellaires et peu nombreux. Mais ceux qui s'y intéressent à l'échelle de l'Afrique subsaharienne sont nombreux. Ils se veulent transversaux, compte tenu des fortes similitudes socio-culturelles et politico-économiques des pays d'Afrique noire. La privatisation des rues et des trottoirs dans cet espace géographique a attisé la curiosité de plusieurs scientifiques de divers domaines; de la géographie, de l'urbanisme, de la sociologie et de l'anthropologie. Il convient à présent de parcourir ces travaux. Les écrits explorés ont été regroupés en quatre thèmes: trottoirs comme espaces publics privatifs; trottoirs comme marqueurs de la présence-absence de l'Etat; trottoirsentre normes étatiques et normes sociales; un désordre inventif et d'innovation sociale. 5.1.1. Trottoirs comme espace public privatifLe trottoir est par définition un espace public en ce sens qu'il est un « espace à l'usage de tous » (Hossard et Magdalena, 2005) et officiellement dédié à la mobilité piétonne (Mbouombouo, 2005). Cependant, une vaste littérature fait état de ce que le trottoir en Afrique noire est l'objet de multiples formes d'appropriation et de détournement à des fins privatives. Il est investi en longueur de journée et même de nuit par des individus qui se l'approprie par l'attribution d'un sens particulier ou par la modification du sens déjà attribué. Fourchard (2006) observe que le trottoir en Afrique apparaît moins comme un lieu de passage et de circulation que comme un espace investi au quotidien par un ensemble d'activités sociales, économiques, politiques et religieuses qui n'auraient pas trouvé place ailleurs. Par son caractère d'appartenance à tous et à personne, le trottoir passe pour être un espace à prendre, et par conséquent le réceptacle de toutes sortes d'activités. Toute chose qui fait de luiun paradoxale espace-public-privatif. Située à l'interface du public et du privé, ni vraiment publique, ni tout à fait privée, [il] ne connaît pas de processus durable et univoque de territorialisation et d'appropriation. [Il] souffre d'une relative indétermination ou invisibilité dans ses usages, ses procédures d'occupation et ses limites spatiales. [...] Cela renvoie à la confusion des genres et à l'assimilation abusive de la notion d'espace public non matérialisé, non construit, à celle d'espace vacant, disponible. La rue souffre de cette perméabilité des catégories mentales où la notion de bien communautaire envahit celle de bien commun. ( Janin, 2001) Cet envahissement traduit pour une part la perception qu'a le « négro africain » du trottoir. En effet, le trottoir se caractérise aux yeux de la majorité des populations africaines par son « opportunité entrepreneuriale » et sa « disponibilité foncière » (Steck, 2006). Dans un environnement où la population urbaine est composée en grande majorité d'allogènes (2/ 3 de la population urbaine à Yaoundé), on peut comprendre la difficulté à trouver des terres exploitables. D'où le rabattement sur les lieux non appropriés comme les trottoirs. Jean Marc Ela (1983, p.80) fait lui aussi le constat des difficultés foncières et immobilières en zone urbaine en assertant que: Les petites gens ne peuvent acheter un titre foncier. Seuls quelques privilégiés en sont capables, pour construire des villas de luxe aux loyers inaccessibles à la masse. Au moment où le sol est une « affaire » dans laquelle il faut investir en s'appropriant des terrains, l'urbanisation s'opère au profit d'une spéculation foncière et immobilière dont les petits employés font les frais. Dans un tel contexte, l'espace public notamment les trottoirs se présente comme un rempart pour le « bas peuple » (Ela, 1983), inséré dans un état de dénuement foncier, mais animé par le sursaut de survie. Les trottoirs deviennent donc « des espaces de promotion de l'auto-emploi et de la mise au travail des citadins plus faibles économiquement » (Mbouombouo, 2005) |
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