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Style autoritaire en education extrascolaire et resistance au changement: cas des commerçants de trottoirs du marché Melen


par Cyrille Armel SAPE KOUAHOU
Université de Yaoundé 1 - Master 2017
  

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4.8.5. Désordre urbain

La notion de « désordre urbain » et les notions connexes sont omniprésentes dans les discours portant sur la réalité urbaine Yaoundéenne. Il est le prétexte de la majorité des actions de la Communauté Urbaine de Yaoundé ainsi que de nombre de ses communes d'arrondissements. Toutefois, malgré la récurrence de son emploi, sa compréhension n'est pas toujours évidente. A quoi renvoient concrètement le désordre urbain ?

D'après Microsoft Encarta (2009), le désordre désigne « un ensemble de choses qui ne sont pas à leur place. Un manque de rangement et d'organisation. Un état de confusion lié à une mauvaise gestion des choses. Un mauvais fonctionnement ». Ainsi, le désordre urbain serait un état de confusion lié à une mauvaise gestion de l'espace urbain. Il s'agirait d'un manque de rangement et d'un dysfonctionnement de l'organisme urbain.

Pour la géographe-urbaniste ClaireRoullet-Sureau (2007) « le désordre [urbain] est compris comme un dysfonctionnement social lié à un manque de qualité urbaine et de lisibilité de l'espace, en particulier dans les secteurs de banlieue ».

L'arrêté préfectorale N°00000509/AP/J06/SP du 19 Avril 2012, portant création, organisation et fonctionnement du comité départemental de lutte contre la Désordre Urbain dans le département du Mfoundi définit le désordre urbain en son article 3 (a): « le désordre urbain s'entend comme toute activité humaine pratiquée en milieu urbain et susceptible d'avoir un impact négatif sur la sécurité des personnes et des biens, sur la santé des populations, sur la tranquillité publique, sur l'esthétique urbain ainsi que sur l'hygiène et la salubrité publiques ».

Le Chef de Service Environnement et Hygiène de la Communauté Urbaine de Yaoundé, MAHOU NGIMBOUS Georges10(*) quant à lui définit le désordre urbain comme étant « un acte posé ou un comportement adopté qui perturbe les populations dans leurs activités et porte atteinte aux équipements publics ou à leur bon fonctionnement et au cadre de vie ». Le désordre urbain est selon lui « un véritable fléau qui gangrène les grandes villes du Cameroun en leur donnant l'apparence de vaste marché ou « chacun est libre de s'installer là où il veut et comme il veut ».

Ce dernier propose un aperçu des « manifestations » du désordre urbain qui se déclinent ainsi qu'il suit : l'insalubrité invasive; l'occupation anarchique du domaine public (de containers, kiosques, étales et baraques); la prolifération des laveries automobiles; la prolifération des débits de boisson; la multiplication des restaurants-bars aux alentours des édifices publics; les troubles à l'ordre civil (nuisances sonores); les habitats insalubres; la multiplication des fléaux sociaux (toxicomanie, prostitution, alcoolisme, délinquance, vandalisme), la prolifération des communautés religieuses et leurs tapages nocturnes; les arrêts intempestifs et stationnement fantaisistes des automobilistes; l'invasion des centres urbains par des mototaxis, l'ignorance et/ou le refus de respecter la loi en matière de régulation urbaine ; l'invasion des rues par les enfants et les malades mentaux ; l'invasion des chaussées et des trottoirs par les différents acteurs du secteur informel (commerçants sédentaires et ambulants) ; l'occupation anarchique des chaussées par les transporteurs urbains et interurbains, le non-respect des normes de construction, la non-respect du code de la route, l'occupation illicite de la voie publique pour des manifestations populaires et privées(funérailles, mariages, etc.), le déversement des eaux usées sur la chaussée, la mauvaise utilisation des bacs à ordures, le déversement d'ordures ménagères dans les caniveaux et drains, la divagation des animaux domestiques, la dégradation de la chaussée pour des travaux privés ; le non-respect des arrêts taxis matérialisés,...

Toutefois, la notion de désordre urbain aussi innocemment intelligible qu'elle puisse paraître de prime abord, ne fait guère l'unanimité. D'après Jean-François Vasseur (1997), le « désordre urbain » est, dans « une dialectique complexe », à la fois ordre et désordre car, « l'ordre urbain n'est que le moment exceptionnellement fugace d'un équilibre spatial fragile qui correspond à l'affirmation et à la domination temporaire d'un intérêt dominant ».

Les thèses de François Rangeon (1997) sur le désordre urbain s'aligne bien sur celles de Vasseur. Il constate en effet que la notion de désordre est généralement assimilée au défaut d'ordre avec une connotation péjorative. Or, selon lui, l'expression « désordres urbains » --qu'il invite par ailleurs à utiliser au pluriel parce qu'il existe plusieurs formes de désordre urbain--, peut aussi désigner notre incapacité à penser l'évolution du phénomène urbain en raison de son caractère extraordinairement complexe, hétérogène et foisonnant, renvoyant pour ainsi dire à des phénomènes nouveaux et difficilement conceptualisables. Ainsi, « le désordre [urbain] apparait non comme l'inverse de l'ordre [urbain], mais au contraire comme l'annonce de son réaménagement ou bien comme son complément ». Selon Rangeon, « les désordres urbains ont fréquemment été source de dynamisme et d'innovation ». Il remarque en effet « qu'à chaque fois, la ville est à la recherche de l'équilibre entre un désordre perturbateur mais créateur, et un ordre rassurant mais sclérosant ». D'autre part, « de nombreux désordres urbains ne sont en réalité que l'expression urbaine de désordres sociaux », la ville subissant de plein fouet les effets du chômage, de l'exclusion, du déclassement social.

De ce qui précède, le « désordre urbain» peut être considéré comme des écarts vis-à-vis de ce qui est demandé à être fait dans l'espace urbain par l'« ordre dominant » de l'instant. La privatisation marchande des trottoirs s'illustre de ce point de vue comme un désordre urbain dans la mesure où elle n'est pas respectueuse de la réglementation en vigueur en matière d'usage de trottoir,« aménagé et réservé pour la circulation des piétons »(Code Communautairede la Route en zone CEMAC, 2001)

* 10Chef de Service Environnement et Hygiène de la Communauté Urbaine de Yaoundé. Dans une communication à l'occasion du 1er FORUM URBAIN NATIONAL. Sous le thème : « Désordre Urbain » : Participation citoyenne et changement de comportements (2014).

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