V. HYPOTHESES DE RECHERCHE
Sur la base des études antérieures et des
objectifs ci-dessus, nous présenterons dans cette partie les
hypothèses qui seront soumises à l'épreuve des faits.
V.1- Facteurs contextuels et
comportement dysfonctionnel des auditeurs
Plusieurs études sur les comportements dysfonctionnels
des auditeurs ont mis en évidence, l'effet significatif de la pression
du budget temps sur le comportement des collaborateurs d'audit (Kelley et
Marghein, 1990 ; Otley et Pierce, 1996 ; Herrbach, 2001). La pression
du budget temps est un facteur considéré par plusieurs auditeurs
au sein des cabinets d'audit comme une cause principale des comportements de
réduction de la qualité d'audit. Selon Pierce et Sweeney (2004)
ce facteur est susceptible d'entrainer les auditeurs dans la sous
déclaration du temps passé à la mission et qui affecte la
qualité de leur travail. En effet, sur pression budgétaire,
l'auditeur travaillera d'avantage sur son temps personnel sans déclarer
les heures supplémentaires qu'il effectue. Globalement, les
études antérieures ont conclu que la faisabilité du budget
temps était négativement corrélée avec les
comportements dysfonctionnels des auditeurs au cours de leur mission d'audit.
Cette relation a été confirmée par Otley et Pierce (1996)
sur les comportements de réduction de la qualité de l'audit puis
par Gaddour (2013) en France sur les comportements dysfonctionnels des
auditeurs seniors. Ces conclusions réconfortent également celle
de Herrbach (2001) qui a confirmé l'existence d'une relation
significative entre la pression du budget et les comportements de
réduction de la qualité d'audit. Dans le même sens que ces
auteurs, nous supposons que les comportements dysfonctionnels des auditeurs
sont positivement corrélés avec les facteurs contextuels tels
que la pression budgétaire et la pression du budget temps. De ce fait,
nous pouvons déduire l'hypothèse suivante :
H1 : Il existe une relation positive
entre les facteurs contextuels (la pression budgétaire, la pression du
budget temps) et les comportements dysfonctionnels de l'auditeur.
V.2-
Relation supérieur subordonné et comportements dysfonctionnels de
l'auditeur
Une littérature abondante aussi théorique
qu'empirique a mis en évidence l'effet du comportement perçu des
supérieurs hiérarchiques sur le comportement au travail de ses
collaborateurs. C'est ainsi que Wayne et al., (1997) constatent que la relation
entre le subordonné et son supérieure est significativement
liée à l'appréciation de cette dernière par le
subordonné, ainsi que ses attentes avec le supérieur. Wittmar et
al., (2010) ayant étudié la relation entre le subordonné
et le supérieur, concluent que les échanges au niveau de la
supervision conduisent à des relations et des comportements de
citoyenneté organisationnelle. De plus, il constate que la nature de la
relation entre le subordonné et le supérieur influence
significativement les rôles attendus de l'individu. Ce qui corrobore avec
les travaux de Kelley et Margheim (1990) qui dans leurs analyses de
comportement de réduction de la qualité d'audit, sont
arrivés à la conclusion qu'il existe une relation positive entre
le style de leadership du supérieur et le comportement de ses
subordonnées. Herrbach (2001) dans son étude sur le comportement
au travail des collaborateurs de cabinet d'audit financier montre que la
confiance accordée par le superviseur à ses collaborateurs est un
élément fondamental de réduction des comportements
dysfonctionnels des auditeurs seniors dans un environnement professionnel
marqué par une diminution de l'effort de revue de travail par le
supérieur hiérarchique. Ces conclusions réconfortent
celles de Camerman et Jost (2005) qui ont démontré l'influence
des pratiques et caractéristiques managériales telles que la
confiance, le comportement de monitoring, le style de leadership ainsi que la
dimension de justice interpersonnelle et informationnelle sur le comportement
des subordonnées.
Sur le plan empirique, Gaddour (2013) après avoir
étudié l'impact principalement de la relation
subordonnée-supérieure sur le comportement dysfonctionnel des
auditeurs seniors dans le contexte français, est arrivé en
conclusion que le LMX et les comportements managériaux du
supérieur sont des facteurs ayant un impact significatif sur les
comportements des auditeurs seniors en France. Autrement dit, les
collaborateurs d'audit auront tendance à reproduire les comportements
idéalisés de leur supérieur (en l'occurrence le
commissaire au compte). Au regard donc de ce qui précède, nous
nous attendons à ce que la perception par les auditeurs d'une bonne
relation avec le supérieur entraine moins de comportement dysfonctionnel
de réduction de la qualité d'audit. En s'inspirant des travaux de
Gaddour (2016) et plus précisément de la théorie du LMX,
nous pouvons déduire l'hypothèse suivante :
H2 : La perception par les auditeurs
d'une bonne relation avec le manager influence significativement leurs
comportements dysfonctionnels.
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