A. Le modèle de Lucas : La théorie
d'accumulation du capital humain
Le modèle de Lucas (1988), propose un cadre d'analyse
dans lequel « l'accumulation du capital humain et le savoir sont des
facteurs déterminants pour la productivité et la croissance.
Elles sont même les facteurs de référence pour expliquer la
différence dans les taux et niveaux de croissance et
développement entre pays47. Le savoir est
considéré comme un bien rival et à exclusivité
d'usagé Il est le produit de l'éducation et à ce titre
incorporé aux individus en tant que capital humain48 ».
Ce modèle s'intéresse à étudier l'impact de
l'accumulation du capital humain sur la croissance. Son objectif principal est
d'expliquer le caractère continu de la croissance d'une part, et la
diversité des niveaux de revenus d'autre part. Il analyse les fondements
économiques de la formation du capital humain, en affirmant que chaque
individu répartit son temps entre les activités de production et
de formation. Chaque unité supplémentaire investie en
éducation permet d'accroître la productivité du travailleur
et de la firme. La croissance, alors, de long terme est un arbitrage
réalisé par les agents entre sacrifier leur utilité
présente, tout en sachant que le plus ils se consacrent à la
formation, le plus leurs productivités et revenus seront
élevés. Dans ce modèle on distingue entre deux secteurs.
Premièrement, celui de la production. Et deuxièmement, celui de
la formation. Dans le premier sont produits les biens à partir du
capital physique et une partie du capital humain qui est accumulable avec une
productivité non décroissante. Alors que dans le second secteur,
on trouve la formation du capital humain.
47 Peter Howitt, (2004), op. Cit, p. 4.
48 Marielle Monteil, op.cit., p. 2.
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B. Le modèle de Romer : Le savoir comme produit
des activités de recherche
Dans la vision de Romer (1990), « le savoir ne peut
être incorporé aux individus. Il est synonyme de l'innovation et
produit de la recherche et développement. À l'encontre du
modèle de Lucas, le savoir est considéré comme un bien non
rival49 ».Dans la mesure où l'utilisation d'une
connaissance par un agent n'empêche pas l'usage simultané par un
autre. C'est également un bien à usage partiellement exclusif,
c'est-à-dire que s'il est possible d'interdire l'usage d'une
connaissance pour la production d'un bien, cela parfois est difficile lorsque
cette connaissance est utilisée pour produire une autre connaissance. Le
droit de propriété n'est que partiel. La croissance est
envisagée comme la conséquence principale de l'accumulation des
connaissances. Un pays consacrant une forte part de son capital humain à
la recherche aura tendance à croître plus rapidement qu'un autre.
Le progrès technologique est envisagé comme le résultat
des activités d'un secteur de la recherche qui a pour objectif la
production de nouvelles « idées » ou nouvelles
connaissances.
C. La théorie
néo-schumpétérienne de la croissance endogène : Le
modèle Aghion et Howitt
Aghion et Howitt (1992), intègrent dans leur
modèle une idée qui remonte à J. Schumpeter, en vertu de
laquelle les innovations industrielles, tout en améliorant la
qualité des biens produits sont des facteurs de croissance.
L'idée centrale est que le progrès technologique rend
obsolète les biens produits dans le passé.
Dans le cadre de cette approche, qu'on appelle
également « l'approche basée sur l'innovation. La croissance
est liée au stock du capital humain. Ce dernier affecte la
capacité d'un pays d'innover et de se rattraper par rapport aux autres
pays développés50 ». Pour P. Howitt (1992) un de ses
fondateurs, elle consiste à faire :
« Ressortir la distinction entre le savoir
technologique et le capital et elle analyse le processus de J'innovation
technologique comme une activité distincte de l'épargne. Cette
nouvelle théorie précise de façon explicite qui profite du
progrès technologique, qui perd, comment les gains et les pertes
dépendent d'arrangements
49 Marielle Monteil, op.cit. P.10.
50 Hans-Jürgen Engelbrecht, (May 2001), "The Role of human
capital in economic growth: Some empirical
evidence on the "Lucas vs. Nelson-Phelps" Controversy", Massey
University, Department of Applied and International Economies, Discussion Paper
No. 01.02, p. 2.
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sociaux, et comment de tels arrangements se
répercutent sur la volonté et la capacité de la
société de créer et d'affronter le changement
technologique51 ».
Le transfert technologique, la recherche et
développement et les politiques d'importation et d'homologation des
techniques étrangères occupent une place primordiale dans
l'analyse de la théorie néo-schumpétérienne de
croissance endogène. Elle considère que « ces
activités expliquent dans une large mesure les taux de croissance
convergents enregistrés dans les pays développés. Alors
que dans le cas des pays en développement, il serait très facile
d'accélérer leurs croissances, en adoptant les technologies
produites dans d'autres parties du monde. Dans cette optique, l'incitation
à la recherche et développement dans un pays en
développement déterminera non pas son taux de croissance à
long terme, mais son niveau de productivité totale des facteurs à
long terme52 ». Toutefois, au fur et à mesure que le
pays en question se rapproche de la frontière technologique, cet
avantage appelé dans la théorie « avantage d'état
arriéré » se diminue et entraîne également une
diminution du taux de croissance. En vertu également de cette
théorie, les pays où les investissements en recherche et
développement sont insignifiants et de moindre importance ne
présenteront pas des taux de croissance convergents, mais une croissance
plutôt plus lente que les leaders technologiques.
Le niveau de scolarité de la population active est
à son tour considéré comme un facteur déterminant
en matière de recherche et développement et de transfert
technologique. À cet effet, Griffith Redding et Van Reenen (200 l),
arguent que le niveau d'éducation est déterminant pour le taux
auquel une industrie dans un pays de l'OCDE, soit capable de rattraper les
leaders mondiaux dans son domaine. Pour P. Howitt (2004), cette situation
s'explique par le fait que :
« La scolarité influe sur la rapidité
du transfert technologique et, partant, sur la PTF (productivité totale
des facteurs) relative à long terme du pays, en partie parce que la
main-d'oeuvre qualifiée est utilisée de façon intensive
dans le processus de R-D (recherche et développement) qui est
nécessaire au transfert technologique, et en partie parce que les
avantages qui découlent du transfert technologique sont plus
élevés dans un pays où les travailleurs qualifiés
sont en mesure de travailler de façon productive avec les nouvelles
technologies53 ».
51 Peter Howitt, (2004), OP. Cit., p. 4.
52 Marielle Monteil, op.cit. P. 5
53 Peter Howitt, (2004), op.cit. P.6.
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Ce modèle de « création destructrice ,
c'est-à-dire de remplacement d'un bien incorporant une certaine
technologie par une version plus moderne et développée de
celui-ci fait que l'entrepreneur ou l'innovateur qui réussit prend le
marché et remplace l'ancien monopoleur, et en touche donc les rentes,
d'où un puissant incitant à se consacrer à la
recherche54. D'où« Ce dernier est à son tour
lui-même dans une « position contestable », et dans ses calculs
il tiendra compte de la période de temps durant laquelle il anticipe
pouvoir maintenir son monopole avant de se faire battre par de nouveaux
entrepreneurs innovants55 ». Aghion et Howitt (1992), donnent à
l'innovation un rôle clé dans la croissance, et celle-ci est
liée à la part de la main-d'oeuvre affectée à des
activités de recherche.
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