II.1.4. Les théories de la croissance
endogène
Les années 1980 et 1990 ont marqué un renouveau
de l'approche néo-classique de la croissance pour évoluer d'une
simple approche de croissance exogène à une autre dite de
croissance endogène. L'objectif étant d'expliquer la croissance
de long terme de façon plus efficace que le modèle de Solow
(1956), en introduisant le concept du progrès technique endogène
émanant des comportements des agents économiques et des
incitations politiques. Toutefois, on doit signaler que la théorie de la
croissance endogène adopte un des principaux
42 M. Friedman, Op. cit. P. 345.
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postulats de la théorie néo-classique, à
savoir que « le principal facteur déterminant pour la croissance
économique est celui de la croissance de la productivité totale
des facteurs, qui à son tour repose principalement sur le niveau de
progrès technologique, l'innovation et la recherche et
développement43 ». Le savoir occupe une place centrale
dans les analyses de ces théories. « La production de ce dernier
est censé induire une croissance auto-entretenue en raison de rendements
marginaux non décroissants ou grâce à une
externalité positive née de la diffusion des
connaissances44 ».
La distinction entre les deux approches réside dans le
fait que si dans le cadre de la première approche la croissance est
condamnée à se décroître à cause de la
logique des rendements décroissants. Dans le cadre de la deuxième
approche par contre, Römer (1990) et Lucas (1988), on insiste sur le
caractère endogène des choix des acteurs tant en matière
d'investissement en capital humain, qu'en matière de recherche pour
l'explication d'un taux de croissance soutenu et auto-entretenu. De même,
les théories de la croissance endogène avancent « qu'on peut
agir sur le niveau de progrès technologique, par le biais des choix et
décisions en matière de politique économique45
».
Cette théorie montre en quoi plusieurs facteurs peuvent
faire apparaître des externalités positives et par
conséquent être source de croissance pour la collectivité :
investissement en capital physique, investissement en capital public,
investissement en capital humain, apprentissage par la pratique, division du
travail, et recherche et innovations technologiques. La croissance est
endogène au sens où elle ne dépend que. Des seuls
comportements des agents et des variables macroéconomiques. La
théorie néo-classique identifie une seule source de la croissance
l'accumulation du capital physique.
« Les théoriciens n'ignorent évidemment pas
les autres sources, mais ils ne les intègrent pas explicitement dans les
modèles, considérant que la variable exogène
appelée « progrès technique» capte tous ces effets
À l'inverse, les modèles de croissance endogène sont
caractérisés par une grande diversité des sources
retenues46 ». Ces sources ont de longue date, été
identifiées par les économistes. Cependant, c'est à la
théorie de la croissance endogène que revient le mérite de
leur formalisation pour la première fois, ce qui permet donc de mieux
43 Peter Howitt, (Printemps 2004), « Croissance
endogène, productivité et politique économique : rapport
de situation », Observatoire international de la productivité,
n° 8, p. 3.
44 Marielle Monteil, (2001), « Le savoir moteur de la
croissance économique : Tests empiriques des principaux modèles
de la croissance endogène », Forum de la régulation, Paris
10-12 Octobre, p. 1.
45 Peter Howitt, Op.Cit, p.3.
46 Peter Howitt, op. Cit, p.12.
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comprendre leurs effets. Ainsi, les modèles de
croissance endogène génèrent un lien entre les politiques
publiques et la croissance de long terme, en supposant des fonctions de
production avec une constance ou une croissance des rendements des facteurs
reproductibles. C'est le cas pour Lucas (1988) qui suppose un rendement
croissant du savoir et du capital humain.
Les théories de la croissance endogène
comprennent trois modèles de pensée théorique, qui chacun
met l'emphase sur un paramètre bien déterminé. Il s'agit
des modèles d'accumulation du capital humain, du modèle du savoir
et recherche, et du modèle néo-schumpétérien. Nous
allons présenter brièvement les deux premiers modèles
avant de s'arrêter beaucoup plus en détail sur le dernier
modèle, à savoir celui néo schumpétérien.
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