Chapitre I
Il faut remarquer que toute opération de
spéculation appelle, quand elle est dénouée
(lorsqu'il y a prise de bénéfice), une
opération de sens inverse. Par exemple, le profit de change à la
baisse d'une monnaie se matérialise par le rachat de celle-ci
après sa dépréciation. En effet, le spéculateur
vend la monnaie dont il anticipe la baisse, et la rachète une fois que
cette baisse s'est réalisée. C'est pourquoi l'on assiste souvent
à des «reprises techniques» sur les monnaies attaquées,
au moment où les spéculateurs soldent leurs opérations
pour prendre leur bénéfice. Ces dénouements
d'opérations spéculatives contribuent aux mouvements de
« yoyo » qui caractérisent
!' Évolution des cours de change (ou des cours boursiers).
1.7. Globalisation financière et
spéculation :
Avec le processus de globalisation
1financière, la place de la finance dans l'économie
mondiale a changé. Dans le passé, la fonction du système
financier international était d'assurer le financement du commerce
international et des balances des paiements. Or les flux financiers
internationaux ont connu une progression explosive, sans commune mesure avec
les besoins de l'économie mondiale. Les chiffres sont éloquents:
d'après les estimations de la Banque des règlements
internationaux, la taille du marché des changes sur lequel les monnaies
nationales sont échangées entre elle a été
multiplié par trois de 1989 à 2001 ; cette
année-là, environ 1 500 milliards de dollars, soit
l'équivalent du PIB annuel de la France, ont transité chaque jour
par les marchés des changes dans le monde. Par ailleurs, sur ce
marché, les transactions induites par les opérations
financières sont cinquante fois plus importantes que celles liées
au commerce international de biens et services. L'interprétation de ces
chiffres est simple : la finance internationale suit désormais sa propre
logique, qui n'a plus qu'un rapport indirect avec le financement des
échanges et des investissements dans l'économie mondiale.
L'essentiel des opérations financières à l'échelle
de la planète consiste en des va-et-vient incessants, de nature
spéculative, entre les monnaies et les instruments financiers. Cette
évolution n'est pas surprenante. Keynes l'avait prédite lorsqu'il
écrivait dans le chapitre 12 de sa Théorie générale
(1956) : « le risque de la spéculation tend à
grandir à mesure que l'organisation des marchés financiers
progresse ».
1 Ibid.
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