6.1.3 3.1.4. La
Qualité de Vie abordant tous les domaines de la vie et vue comme un
tout
Si la Qualité de la Vie environnementale a pris racine
dans les sciences connexes à la politique et la Qualité de la Vie
reliée à la santé dans le monde médical, la
Qualité de la Vie comme un tout a émergé dans le champ de
la psychosociologie.
Les premières études, notamment celle de
Bradburn (1969), sont parties de l'approche du bonheur exprimé supposant
une balance entre les affects positifs (plaisir, joie, dynamisme...) et les
affects négatifs (anxiété, craintes, tristesse...) et ont
fait l'objet de nombreuses discussions (Andrews et Withey, 1976 ; Warr,
1983 ; Campbell, 1976), aboutissant généralement à la
constatation qu'il était surtout lié aux affects positifs.
Headey, Holmstron et Wearing (1985) plus tard, ont mis en
évidence que Bien-Etre et Mal-Etre sont deux variables
indépendantes. Certaines maladies, comme le cancer, pouvant
évoluer longtemps sans que l'individu ne le perçoive et
inversement, un sujet pouvant se sentir mal, alors qu'il est en bonne
santé.
Par ailleurs, ces recherches insistent sur le fait que la
santé n'est qu'un domaine de la vie et que, même, on a
l'impression que chacun cherche à maintenir un Quantum Constant de
Qualité de Vie. Quand quelque chose va mal, spontanément
l'individu réorganisera l'impact des domaines sur sa Qualité de
Vie. Ainsi, paradoxalement, l'on voit fréquemment une personne atteinte
d'une maladie gravement invalidante relativiser l'importance de la
santé. D'où toute l'importance, pour ces auteurs, d'envisager
chacun des domaines de vie pertinents pour un individu. Ces auteurs soulignent
aussi, combien une même situation peut avoir une coloration
différente si un support social existe, et s'il y a possibilité
de partager ses émotions.
Campbell, à partir de 1976, a profondément
influencé les recherches dans le domaine de la Qualité de Vie en
introduisant un modèle qui organise le concept autour de la notion de
satisfaction et de domaines de vie. Andrews (1976) opérationnalisera le
modèle de Campbell. Il apportera la confirmation que la mesure de
satisfaction est bien l'indicateur le plus valide, incluant d'une
manière balancée les aspects affectifs et cognitifs du
phénomène. Il confirme l'intérêt de s'approcher
plutôt des domaines de qualité de vie que de se contenter d'une
mesure globale afin d'augmenter l'impact du cognitif sur la mesure. Enfin, il
démontre que le bien-être subjectif est un indicateur social
valide et pertinent. Pour ces auteurs, la Qualité de Vie se
caractérise, en effet, par un regard cognitif, un jugement, sur son
vécu de bien-être et donc l'indicateur princeps est la
satisfaction exprimée face aux divers domaines de vie. Le terme
satisfaction étant à prendre dans son acception
étymologique « faire assez »
c'est-à-dire ni trop, ni trop peu et doit être
différencié du sentiment de complétude comme l'est le
bonheur. Cette satisfaction est en relation avec les besoins individuels qui
motivent quelqu'un à s'actualiser suivant la théorie d'Abraham
Maslow (1954).
Avec Abbey, Andrews (1976) abordera une série de
concepts connexes à la Qualité de Vie. Pour choisir les concepts
qu'ils vont tester, ils se réfèreront à une série
d'auteurs ayant publié sur le coping, et constatent que bien souvent ils
utilisent des mesures de Bien-Etre.
Du côté des théories psychosociales, ils
envisageront le stress, le locus de contrôle, le support social et les
performances.
Du côté des théories psychologiques, Abbey
et Andrews annoncent qu'ils vont s'intéresser à la
dépression et l'anxiété.
Nous pensons pour notre cas que, les approches se
référant au modèle de Qualité de Vie Subjective
introduisent d'une part un facteur de Bien-Etre lié aux affects, une
dimension cognitive exprimée par les satisfactions, et une valeur
attribuée aux divers domaines de vie en fonction de l'histoire de
l'individu, sa personnalité et de mécanismes adaptatifs. A notre
avis cependant, ce modèle est un modèle encore trop
psychologisant. La qualité de la vie y est, en effet, décrite
à travers des hiérarchies de valeurs, un fonctionnement cognitif
et des affects ; mais les affects ne sont pas les seules sources de plaisir
dans la vie. Notre étude aborde plutôt l'amélioration de
la qualité de vie en termes des gratifications socio-économiques
(revenu, l'habitat, l'emploi...) apportées par les projets structurants.
Ainsi, nous aurions plutôt tendance à proposer le
modèle que « la vie est de qualité quand les
conditions de vie des personnes leurs permettent de vivre au-dessus du seuil de
pauvreté ».
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