C. Sur le plan social
L'oppression cultive en eux le climat de méfiance
vis-à-vis du monde adulte. Cela mène à de rapports de
tension qui engendrent un rejet mutuel entre adultes et jeunes.
Devant l'oppression, les jeunes développent des
mécanismes de défense qui consistent à répondre la
violence par la violence.
Ces réactions se manifestent par des disputes, des
bagarres, le vol, le viol, l'escroquerie, les coups et blessures volontaires,
la destruction de biens, l'abus de confiance, la saleté, etc. en
réplique à ces actes, la société adulte intervient
de nouveau par d'autres formes d'oppression, enclenchant ainsi un cycle sans
fin.57
De toutes ces formes d'oppressions, de conséquences qui
en résultent s'ensuit l'idée selon laquelle, en tant que
chercheur nous dégageons certains défis à relever pour
rendre effective cette protection spéciale de l'enfant.
Section 2. Défis à relever pour
l'effectivité de la protection spéciale des enfants
exposés à la mendicité
En ce qui concerne cette section, nous avions regroupé
ces défis en deux. Les défis d'ordre juridique (§1) et
d'autres défis (§2)
§1. Défis d'ordre juridique
La loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l'enfant semble être programmatique et exprime la politique de l'Etat
congolais dans le domaine de la
56 MARGUERAT Y. et POITOU D., op. cit., p.
375
57 Idem.
37
protection de l'enfant. Les structures prévues ainsi
que les textes règlementaires d'application sont à mettre en
place ou à élaborer. Il y a donc d'énormes défis
à relever pour la mise en application effective de la loi portant
protection de l'enfant. Parmi ces défis, nous avons les défis
d'ordre pratique (A) et les défis d'ordre réglementaire (B).
A. Les défis d'ordre pratique
Quelques défis d'ordre pratique sont :
1. [a formation des assistants sociaux et leur affectation
dans les tribunaux pour enfants ;
2. [a création ou la réhabilitation des
structures de prise en charge des enfants en situation difficile (placement
dans une institution) ;
3. L'installation effective des unités
spécialisées de la Brigade de protection de l'enfant et la
formation des éléments qui y oeuvrent ;58
4. L'installation effective du Conseil de tutelle. Car,
s'agissant de cet organe, il y a de véritables soucis quant à ce,
parce qu'il n'y a aucun bourgmestre, ni aucun délégué qui
se mobilise sur base de cette charge dévolue à l'Etat de
protéger les enfants de la rue qui s'exposent à la
mendicité.
De tous ces défis d'ordre pratique, s'ensuit
l'idée selon laquelle, il faut que des structures de protection de
l'enfant soient établies en vue d'identifier ces enfants de la rue
exposés à la mendicité, découvrir ceux qui sont en
rupture familial et voir, dans la mesure du possible comment les placer dans
une quelconque institution de prise en charge, avec comme objectif, la
réinsertion de l'enfant au sein de son milieu familial.
C'est ainsi que l'article 39 de la Convention relative aux
droits de l'enfant dispose que « les États parties prennent
toutes les mesures appropriées pour faciliter la réadaptation
physique et psychologique et la réinsertion sociale de tout enfant
victime de toute forme de négligence, d'exploitation ou de
sévices, de torture ou de toute autre forme de peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, ou de conflit armé. Cette
réadaptation et cette réinsertion se déroulent dans des
conditions qui favorisent la santé, le respect de soi et la
dignité de l'enfant ».
58 KIENGE-KIENGE R., op. cit., p. 118
38
C'est pourquoi, le retour dans sa famille biologique est, en
principe, la meilleure solution qui s'offre à l'enfant placé en
institution. Les services compétents doivent lancer le processus
dès le placement de l'enfant dans un établissement
approprié. Le processus de réinsertion doit notamment :
· Localiser les membres de la famille biologique de
l'enfant, y compris ceux de sa famille élargie et, en particulier, ses
grands-parents, en recourant au besoin à une enquête de police
· Analyser les problèmes spécifiques de la
famille et de l'enfant
· Fournir, selon les besoins, un soutien financier,
social ou psychologique à la famille, dont une thérapie familiale
(par exemple, une psychothérapie ou une désintoxication des
drogues ou de l'alcool)
· Identifier les familles au sein desquelles la
réinsertion semble possible
· Prévoir, si nécessaire, le placement
temporaire de l'enfant dans une famille d'accueil ou une institution pour
donner à la famille le temps de résoudre ses problèmes; et
pendant cette période, encourager et faciliter les contacts entre
l'enfant et sa famille. Dans tous les cas, l'enfant doit être
préparé au changement; il faut également lui permettre de
participer, dans la mesure où c'est possible et opportun, à
l'élaboration du plan de réinsertion établi en
consultation avec la famille. Une fois la réinsertion effectuée,
fournir un appui à la famille et à l'enfant.59
Des programmes devraient être élaborés et
mis en oeuvre qui permettraient d'offrir aux enfants séparés de
leur famille l'aide dont ils ont besoin pour réintégrer leur
famille, si c'est possible, ou, à tout le moins leur communauté.
Cette aide devrait notamment comprendre:
· Un hébergement temporaire et, si
nécessaire, une assistance pour renouer les contacts avec leur
famille
· La réintégration dans le système
scolaire, si c'est possible, ou l'inscription à d'autres programmes
conçus pour alphabétiser les enfants, les préparer
à la vie active et accroître leur confiance en soi
· Des activités rémunératrices, des
stages d'apprentissage ou une formation leur permettant de gagner leur vie
59 DANIEL KATZ J., La protection de l'enfant, guide
à l'usage des parlementaires, Genève, les presses
de SRPRO Kundig, 2004, p. 135.
61 IDZUMBUIR ASSOP J., les lois de protection de
l'enfant en République démocratique du Congo,
Difficultés de mise en oeuvre, Kinshasa, Droit
et Société « DES », 2017, p. 115
60 DANIEL KATZ J. op.cit., p. 168.
39
Il faudrait également concevoir des programmes visant
à modifier l'attitude des familles et du public face aux enfants
victimes, en particulier ceux qui ont été victimes de
sévices sexuels et d'exploitation, «étant donné que
leur stigmatisation ... constitue un sérieux obstacle à leur
réadaptation et à leur réinsertion»60.
Ayant décrit les défis d'ordre pratique, passons
maintenant aux défis d'ordre réglementaire.
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