III. Prévention
générale
9. Il faut instituer à chaque échelon de
l'administration publique des plans de prévention complets
prévoyant notamment:
a) Des analyses approfondies du problème et un
inventaire des programmes, services, équipements et ressources
existants;
b) L'attribution de responsabilités clairement
définies aux organismes et institutions engagés dans les actions
de prévention ainsi qu'à leur personnel;
c) L'existence de mécanismes de coordination des
actions de prévention entre organismes gouvernementaux et non
gouvernementaux;
d) La définition de politiques, de programmes et de
stratégies fondés sur des analyses pronostiques, à suivre
de façon soutenue et à évaluer soigneusement pendant leur
application;
e) L'adoption de méthodes permettant de réduire
efficacement les possibilités de commettre des actes délictueux;
f) La participation de la collectivité grâce
à une vaste gamme de services et de programmes;
g) Une étroite coopération interdisciplinaire
entre pouvoir central, pouvoirs intermédiaires (province, Etat,
département) et pouvoirs locaux, faisant appel au secteur privé,
à des notabilités de la communauté visée et
à des organismes responsables des questions de travail, des soins aux
enfants, de l'éducation sanitaire, de la protection sociale et de
l'application des lois ainsi qu'à des instances judiciaires, pour le
déploiement d'actions concertées de prévention de la
délinquance juvénile;
h) La participation des jeunes aux politiques et processus de
prévention de la délinquance mettant notamment en jeu les
ressources communautaires, l'assistance entre jeunes et des programmes
d'indemnisation et d'assistance en faveur des victimes;
i) Le recrutement de personnel spécialisé
à tous les niveaux.
IV. Processus de socialisation
10. Il faut mettre l'accent sur des politiques de
prévention propres à faciliter une socialisation et une
intégration réussies de tous les enfants et de tous les jeunes
spécialement par le biais de la famille, de la communauté, de
groupes de "pairs", de l'école, de la formation professionnelle et du
monde du travail et par le recours à des organisations
bénévoles. Il faut apporter l'attention voulue à
l'épanouissement personnel des jeunes et des enfants qui devraient
être intégralement reconnus comme des partenaires égaux
dans les processus de socialisation et d'intégration.
A. La famille
11. Chaque société doit accorder une grande
importance aux besoins et au bien-être de la famille et de tous ses
membres.
12. Comme la famille est l'unité centrale responsable
de la socialisation primaire de l'enfant, des efforts devront être faits
par les pouvoirs publics et les organismes sociaux pour maintenir
l'intégrité de la famille, y compris de la famille
élargie. La société a la responsabilité d'aider la
famille à fournir soins et protection aux enfants et à leur
assurer le bien-être physique et mental. Il faudrait prévoir des
garderies en suffisance.
13. L'Etat doit prendre les mesures voulues pour que les
enfants soient élevés dans un environnement familial stable et
serein. Il doit en particulier fournir l'assistance sociale nécessaire
aux parents qui en ont besoin pour maîtriser les situations
d'instabilité ou de conflit.
14. Lorsque, d'une part, un environnement familial stable et
serein fait défaut et que, d'autre part, les efforts de la
collectivité pour fournir aux parents l'aide nécessaire ont
échoué et qu'on ne peut pas compter à cet égard sur
la famille élargie, le recours à des foyers de substitution
(parents nourriciers ou adoptifs) doit être envisagé. Ceux-ci
doivent recréer le plus complètement possible une ambiance
familiale stable et sereine et procurer à l'enfant une impression de
"continuité" qui lui évite de se sentir "ballotté" entre
un foyer et un autre.
15. Une attention particulière doit être
apportée aux enfants de familles affectées par l'évolution
rapide et irrégulière de la situation économique, sociale
et culturelle, en particulier aux enfants de familles de minorités
autochtones et de familles migrantes et réfugiées. Comme cette
évolution peut porter atteinte à la capacité sociale de la
famille d'assurer l'éducation traditionnelle des enfants, souvent par
suite de conflits de rôles et de cultures, il faut alors chercher des
modalités novatrices et socialement constructives de socialisation des
enfants.
16. Il faut, en entreprenant les activités et les
programmes nécessaires, mettre les familles en mesure de se familiariser
avec les rôles et devoirs des parents touchant le développement et
les soins des enfants, promouvoir l'instauration de relations positives entre
parents et enfants, sensibiliser les parents aux préoccupations des
enfants et des jeunes et encourager la participation des jeunes aux
activités familiales et communautaires.
17. L'Etat doit s'employer à promouvoir la
cohésion et l'harmonie familiale et à décourager la
séparation des enfants de leurs parents, sauf lorsqu'il y va du
bien-être et de l'avenir de l'enfant.
18. Il est important d'insister sur la fonction de
socialisation de la famille et de la famille élargie et il est non moins
important de reconnaître le rôle et la responsabilité futurs
des jeunes dans la société, ainsi que leur participation en tant
que partenaires égaux.
19. Pour garantir le droit de l'enfant à une
socialisation satisfaisante, l'Etat et les autres instances doivent non
seulement recourir aux organismes sociaux et juridiques existants, mais aussi
créer ou prévoir des mesures d'un type nouveau lorsque les
institutions et coutumes traditionnelles sont devenues inopérantes.
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