SECTION
I : POSITIONNEMENT ÉPISTEMOLOGIQUE ET CHOIX MÉTHODOLOGIQUES
Cette section vise à exposer le cadre
épistémologique et méthodologique adoptés dans
cette recherche. Dans un premier temps, nous dégagerons les principaux
paradigmes épistémologiques abordés dans la
littérature, qui nous aident par la suite à choisir et à
justifier notre positionnement épistémologique. Notons que le
choix du paradigme de recherche retenu a des implications sur la conception de
la stratégie de collecte et de traitement des données qui seront
aussi exposées dans un deuxième temps.
I- La posture
épistémologique de la recherche
L'épistémologie est « l'étude
critique de la connaissance, de ses fondements, de ses principes, de ses
méthodes, de ses conclusions et des conditions d'admissibilité de
ses propositions » (Legendre, 1993).Dans notre étude, elle
présente l'étude de la connaissance dans les sciences, en autre
terme, elle s'intéresse aux connaissances qui forment les sciences en se
demandant comment ces connaissances émergent, se structurent et
évoluent (Thiétart, 2014).Cette étape est un passage
indispensable dans la recherche comme le souligne Gavard-Perret et al. (2012) :
« la spécification du cadre épistémologique dans
lequel le chercheur inscrit son projet de recherche est un acte fondateur, qui
porte à conséquence sur l'ensemble de la recherche ».
L'explication de la méthode retenue permet de contrôler la
démarche de la recherche, d'accroître la validité de la
connaissance qui en est issue et de lui conférer un caractère
cumulable. D'ailleurs, d'après Gavard-Perret et al. (2012) le
questionnement épistémologique vise à « clarifier
la conception de la connaissance sur laquelle le travail de recherche reposera
et la manière dont seront justifiées les connaissances qui seront
élaborées »
Dans cette sous-section nous présenterons d'abord, les
trois grands paradigmes épistémologiques et ensuite nous
présenterons et justifierons notre positionnement
épistémologique.
1. Les paradigmes
épistémologiques
La littérature en science social distingue entre trois
grands paradigmes épistémologiques : le positivisme,
l'interprétativisme et le constructivisme.
Le paradigme se définit par Gavard-Perret et al. (2012)
comme « le modèle fondamental ou schéma partagé
par une communauté qui organise notre vision de quelque chose
», donc l'intérêt du paradigme est de guider le
chercheur dans ce qu'il doit regarder pour obtenir des réponses aux
questions qu'il se pose. Les sciences de gestion se caractérisent dans
la plupart des cas par la mobilisation de l'un ou l'autre de ces trois
paradigmes épistémologiques. Le choix d'un positionnement
épistémologique se construit généralement au fur et
à mesure de l'avancement des réflexions et est influencé
par plusieurs éléments : la démarche, les objectifs, la
problématique de la recherche, le contexte et les choix
méthodologiques de recherche.Ce positionnement
épistémologique se construit par les réponses aux trois
questions proposées par Girod-Séville et Perret(1999). Le tableau
suivant expose ces questions et leurs réponses
Tableau 2: Les questions d'un positionnement
méthodologie et leurs réponses
Questions à se poser
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Réponses à apporter
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Quelle est la nature de la connaissance produite ?
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Vision du monde social par le chercheur ; nature du lien sujet /
objet ; nature de la réalité
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Comment la connaissance scientifique est- elle engendrée
?
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Chemin de la connaissance empruntée
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Quels sont la valeur et le statut de cette connaissance ?
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Critères de validité de la connaissance produite
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Source : Girod-Séville et Perret (1999)
Les explications à ces questions, posées
ci-dessus, dans les trois paradigmes positivisme, interprétativisme et
constructivisme se présentent de la manière suivante :
1.1. Le paradigme positiviste et le post-positiviste.
Le paradigme positivisteest établi sur le principe
ontologique proposé par Le Moigne (1990).Ce principe propose que la
science dispose d'un critère de vérité, et a pour but de
découvrir la vérité en décrivant la
réalité. Le positivisme retient trois critères de
validité : Vérifiabilité, Confirmabilité, et
Réfutabilité
v La vérifiabilité : il s'agit de s'assurer de
pouvoir procéder au test empirique de toute assertion
v La confirmabilité : il s'agit de l'introduction de la
logique probabiliste au secours du principe de vérifiabilité, si
l'on ne peut s'assurer que les généralisations émanant des
tests empiriques sont forcément vraies, à tout le moins, il est
possible de dire qu'elles sont probablement vraies.
v il s'agit de postuler qu'une théorie sera
provisoirement vraie du moment qu'elle n'est pas réfutée
Le paradigme épistémologique qualifié de
post-positiviste est un prolongement du paradigme
positiviste/réaliste. Pour ce dernier, les connaissances se fondent sur
le réel ou le réalisme scientifique. Le rôle de
l'observateur ou du chercheur serait alors de rendre compte de la
réalité, en adoptant des attitudes d'objectivités et de
neutralité vis-à-vis de l'objet de recherche. Cependant, pour le
post-positiviste, courant se situant entre les positivistes et les
constructivistes, il n'est pas toujours possible de saisir pleinement et
parfaitement la réalité dans sa globalité. Le chercheur
doit alors se contenter de l'approcher « au plus
près », en particulier en multipliant les méthodes. De
même, ce paradigme estime que le chercheur doit tout mettre en oeuvre,
pour tendre vers une objectivité maximale afin de contrôler le
plus précisément possible les conditions dans lesquelles il
réalise sa recherche. Alors que les positivistes n'envisagent pas
d'autres approches que la méthode expérimentale et la
vérification des hypothèses par des tests statistiques, les
post-positiviste acceptent (et même s'efforcent de construire)
d'autres modes de données et s'attachent aussi à réfuter
les hypothèses qu'a seulement les vérifier.
Relayant les propositions d'Avenir et Thomas(2011), nous
pouvons considérer que les hypothèses
épistémologiques fondatrices sur lesquelles repose le
post-positivisme se présentent de la façon suivante :
v le « réel » à une
essence unique, indépendante de l'attention que peut lui porter un
observateur qui la décrit ;
v la
« réalité social » est extérieure
à l'individu ;
v le « réel » est régi
par des lois naturelles universelles immuables, dont beaucoup prennent la forme
de relations.
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