2.3.2.6.1.1 Les trois cerveaux (Triune Brain) de Paul
McLean (1973 ; 1978)
L'un des apports les plus importants des neurosciences pour
l'éducation est certainement la théorie des trois cerveaux (ou
cerveau triune) de Paul MacLean. D'après (MacLean, Paul, 1973), nous ne
disposons pas d'un seul cerveau mais de trois cerveaux distincts en parfaite
harmonie : le complexe reptilien, le système limbique (ou
paléo-mammalien) et le néocortex (ou cerveau
néo-mammalien). Comprendre le fonctionnement de cet ensemble le plus
important du corps humain peut apporter un éclairage important pour
établir un environnement d'apprentissage adéquat pour nos
élèves tout en leur permettant de mieux traiter l'information. Le
cerveau total, c'est l'organe de l'apprentissage. C'est sur ce postulat
fondamental que s'appuient les approches cognitives de l'apprentissage. Voyons
les rôles de ces trois cerveaux, puis discutons de l'importance de chacun
dans le processus d'apprentissage. Le cerveau le plus ancien est le complexe
reptilien. Situé à la base du crâne, le complexe reptilien
assume les fonctions vitales de l'homme tout en synchronisant les
mécanismes involontaires de maintien de l'équilibre et du
métabolisme (les homéostats, c'est-à-dire les
régulateurs du corps) tels que la température, la
déglutition, la digestion, la respiration, la pression sanguine, le
battement et le rythme cardiaques, l'éveil et le sommeil, etc., les
influx nerveux moteurs et sensoriels, les réflexes localisés,
l'équilibre du corps, la coordination des mouvements volontaires .Tous
les animaux possèdent un cerveau reptilien qui nous provient d'aussi
loin que de l'ère des dinosaures. C'est pourquoi le principe
d'équipotentialité des béhavioristes, le comportement de
l'animal s'appliquant aussi à l'homme ; s'applique lorsque l'on discute
de ce vieux cerveau. Douze répertoires de comportements sont
régis par le complexe reptilien tels que (1) s'alimenter (chasser,
reconnaître ses proies et les aliments), (2) s'abreuver (y compris
trouver de l'eau potable), (3) se reproduire, (4) se protéger et se
vêtir, (5) se loger ou s'abriter, (6) se regrouper
(hiérarchiquement, avec d'autres membres de son espèce), (7) se
repérer dans l'espace et (8) s'orienter, (9) se réchauffer, (10)
se reposer, (11) s'isoler et se concentrer, et (12) se sauver (dans tous les
sens du terme), bref, tout ce qui est essentiel à la survie de l'homme.
Quand on parle d'instinct, en fait, on parle du complexe reptilien. Le complexe
reptilien réagit très rapidement, mais il s'acquitte de ses
tâches de manière grossière. Il n'est capable d'aucun
sentiment mais obéit à l'instinct grégaire
c'est-à-dire la hiérarchie de la meute, du troupeau, etc.
D'ailleurs, c'est parce qu'il est si rudimentaire qu'il ne suffit pas pour
permettre l'évolution des espèces.
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Tableau 3: tableau-synthèse des
caractéristiques du cerveau triune
Complexe reptilien
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Cerveau paléomammalien (système
limbique)
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Cerveau néomammalien
(néo- cortex)
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Esprit instinctuel
|
Esprit émotionnel
|
Esprit rationnel
|
Grossier personnage
|
Bon vivant, s'accommodant de ses deux voisins
|
Personnage raffiné et
pointilleux
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Pilote automatique
|
Co-pilote
|
Pilote
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Contrôle des fonctions
vitales
|
Siège des émotions et de la mémoire
|
Siège de la pensée humaine (cognition et encodage
des émotions)
|
Régule les réactions
physiques et des archétypes - mécanismes de
survie
|
Préserve l'espèce et ses
descendants - mécanismes affectifs
|
Articule des fonctions
complexes d'évaluation, de détection et
d'implantation de programmes en regard de situations précises - le plus
important des 3 cerveaux
|
Douze répertoires de
comportements-peu complexe
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Communique avec le cerveau reptilien et le néocortex -
plus complexe que le cerveau reptilien
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Est capable d'apprendre
(lecture, écriture, arithmétique), de
raisonner, de réviser et de planifier - très complexe
|
Vitesse de réaction très vive
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Vitesse de réaction plus lente
|
Vitesse de réaction très lente
|
Les trois cerveaux forment un ensemble dont l'importance est
plus grande que la somme de ses parties parce que s'y ajoutent toutes les
relations et les influx nerveux entre ces trois cerveaux. De plus, chaque
partie recueille plus d'informations que si elle était isolée,
parce qu'elle peut compter sur les deux autres pour les interpréter.
Certains mécanismes du cerveau ne sauraient exister sans ces
échanges. C'est le cas du processus de rétrogradation. (Richard,
Mario, 1988) donne l'exemple suivant : « Prenons l'exemple d'une menace
perçue par un individu dans une situation donnée. À
l'occasion d'une promenade dans un champ, le néocortex de cet individu
distingue le signal « taureau méchant qui s'approche ». Cette
information est transmise au cerveau paléomammalien qui lui
élabore l'émotion « peur » afin de changer le
réglage de l'homéostat contrôlant les biais corporels. Le
cerveau reptilien reçoit l'ordre (l'émotion) du système
limbique, sélectionne le programme « lutte » et règle
le biais à « urgence », augment le taux d'adrénaline,
la pression sanguine, la pulsation cardiaque, etc., afin de permettre un effort
maximal à court terme. La personne court à toute vitesse
jusqu'à la clôture la plus proche, saute par-dessus pour
s'effondrer de l'autre côté. Graduellement, l'homéostat
rétablit les biais à un rythme normal. »
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