2.3.2.6.1 Les apports de la Gestalt
Les tout premiers à s'intéresser au
fonctionnement du cerveau ont été les gestaltistes. Le mot
allemand « Gestalt » signifie « forme ». La psychologie
gestaltiste met l'accent sur l'importance des processus organisationnels dans
la perception, l'apprentissage et la résolution de problème et
croit que les individus sont prédisposés pour organiser
l'information d'une manière particulière. Voici les principaux
postulats de cette approche :
1. La perception est souvent différente de la
réalité. Par exemple, certains effets lumineux peuvent modifier
la perception d'objets et ainsi laisser croire à une impression de
mouvements, appelé le phénomène phi.
2. Le tout est plus grand que la somme de ses parties. Les
gestaltistes croient que l'expérience humaine ne peut être
étudiée par la conduite de recherches sur différents
volets isolés. Une
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combinaison des éléments peut démontrer
un modèle complètement différent de l'étude
d'éléments isolés. L'importance de l'interrelation entre
les éléments a donné naissance au principe de
transposition qui stipule que des relations entre des éléments
peuvent être transposées à d'autres éléments
dans d'autres situations. L'individu structure et organise ses connaissances.
Un individu essaie d'imposer une structure et une organisation à une
situation afin de lui donner une signification à partir de ses propres
expériences.
4. L'individu est prédisposé à organiser
ses expériences d'une certaine manière. Malgré les
différences individuelles, certains mécanismes perceptuels sont
communs à tous les individus. De ce postulat découlent plusieurs
principes :
a) le principe de proximité, qui dit que les individus
ont tendance à percevoir des éléments regroupés
étroitement dans l'espace comme étant une seule unité ;
b) le principe de similarité, qui stipule que les
individus ont tendance à reconnaître une unité par une
ressemblance avec une autre unité ;
c) le principe de Prägnanz (aussi appeler principe de
closure), selon lequel les individus ont tendance à compléter
simplement les images qu'ils voient dont certains éléments
pourraient être manquants afin de reformer un ensemble signifiant ;
d) l'apprentissage suit le principe de Prägnanz, ce qui
implique la formation de traces dans la mémoire qui deviennent plus
précises mais plus simples, concises et complètes au fur et
à mesure que des expériences sont vécues par un individu.
Ce même principe expliquerait aussi les distorsions et les
différences de perception entre plusieurs individus.
e) la résolution de problème implique la
restructuration et l'intuition, ce qui signifie que la résolution de
problème implique la combinaison et la recombinaison des divers
éléments d'un problème jusqu'à ce qu'une structure
qui résout ce problème soit élaborée.
Bien sûr, ces principes gestaltistes sont trop simplets
pour expliquer l'apprentissage humain, mais ils s'avèrent efficaces
lorsque réservés aux mécanismes perceptuels humains et
sont utiles dans l'élaboration de matériel didactique. De
nombreuses expériences ont été conduites par des
neuroscientistes à partir de ces postulats, si bien qu'aujourd'hui un
volet entier de la technologie éducative est consacré à
l'ergonomie cognitive, pour optimiser le traitement de l'information
perçue par l'apprenant.
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