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L'effet de la structure familiale sur l'abandon scolaire au Cameroun


par Stéphane Messina Poute
Université de Yaoundé 1- Ngoa ekele  - Master 2 sciences de L’éducation  2020
  

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PREMIERE PARTIE : INSTABILITÉ FAMILIALE ET ABANDON SCOLAIRE AU CAMEROUN : LE CADRE THÉORIQUE

Cette partie est organisée autour de deux chapitres. Le premier chapitre présente le cadre global de l'étude. Il s'agit pour nous de décrire à la fois le système éducatif camerounais et l'environnement socio-culturel dans lequel est mis en oeuvre ce système. Le chapitre deux quant-à-lui est consacré à la présentation des théories explicatives de l'abandon scolaire.

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQE DE L'ÉTUDE

1.1- CONTEXTE DE L'ETUDE

Selon l'ISU (2016) environ 263 millions d'enfants, d'adolescents et de jeunes à travers le monde ne sont pas scolarisés, soit un sur cinq en âge de l'être. Dans le primaire, le taux d'enfants non scolarisés n'a presque pas changé au cours des dix dernières années : 9% des enfants en âge d'aller à l'école primaire (de 6 à 11 ans environ), soit 63 millions, ne sont pas scolarisés. Par ailleurs, 61 millions d'adolescents en âge de fréquenter le premier cycle du secondaire (de 12 à 14 ans environ) et 139 millions de jeunes du deuxième cycle du secondaire, un sur trois ne sont pas inscrits à l'école. Les enfants issus de familles pauvres, zones rurales ou minorités ethniques, les enfants handicapés et ceux qui doivent travailler pour aider leurs familles font face au plus grand risque d'être privés de leur droit à éducation. Le Cameroun ne fait pas figure d'excepption face à cette situation :D'une part soncontexte socioéconomique, démographique, et culturel, et d'autre part la dynamique de son système économique sont autant d'élements qui permettront de mieux apprécier l'environnement dans lequel cette recherche est menée.

1.1-1. Le contexte démographique, socioéconomique et culturelle camerounais

Dans cette sous section, il s'agira de présenter la structuredémographique, socioéconomique et socioculturelle du Camerounet en particulier leur incidence sur les enfants, lajeunnesse et les familles camerounaises.

1.1-1.1. Le contexte démographique Camerounais

Les résultats du 3ème RGPH établissaient la population du Cameroun à 17 463 836habitants en 2005. Cette population est constituée de 50,6% de femmes et 49,4% d'hommes. En 2014, cette population était estimée à 21 657 488 habitants. Cette population a connu une augmentation entre 2014 et 2017, ce qui la place aujourd'hui à un peu plus de 23 248 044 habitants en 2019 (INS). La structure de la population camerounaise montre l'importance démographique des enfants et des jeunes. Selon les statistiques démographiques en 2019, près de la moitié (49,9%) de la population du Cameroun est âgéede moins de18 ans, traduisant ainsi l'extrême jeunesse de la population. Ces statistiques montrent également qu'en 2019, sur dix camerounais plus de six (64,1%) ont moins de 25 ans. Quant à la population des enfants de moins de 15 ans, leur proportion est estimée à plus de 43,0% en 2019 (INS).

Les fortes proportions d'enfants et de jeunes dans lapopulation totaleest la preuve que le niveau de fécondité est encore élevé au Cameroun malgré la tendance à la baisse del'IndiceSynthétiquede Fécondité (ISF) (BUCREP). En effet, lesdifférentes Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) réalisées dans le pays révèlent que le nombre moyen d'enfants par femme, mesuré à partir de, l'ISF est passé de 5,8 en 1991 à 5,0 en 2011.

Si ce changement se manifeste par la diminutionprogressive du poids démographique des différentes tranches d'âges chez les enfantsde moins de 18 ans, il faut toutefois noter que le poids démographique des jeunes de 15-24 a tendance à augmenter. Il est passé de 20,7 en 2005 à 21,1 en 2014 et en2017, il estestimé à 21,2%. Cette situation particulière serait probablement liée à la baisse de la mortalité des enfants en bas âge. Concernant la dynamiquedémographique, l'observation de la population du Cameroun en partant du 1er recensement exécuté en 1976, met en évidence la persistanced'un taux d'accroissement démographique élevé.

La population du pays est passée de 7 663 246 à 10 493 655 habitants entre 1976 et 1987, puis à 17 463 836 habitants en 2005, soit un taux d'accroissement annuel moyen de 2,9% sur la période 1976 - 1987 et de 2,8% sur la période 1987 - 2005. Ainsi, le nombre théorique d'enfants à scolariser qui était de 2,5 millions en 2002passerait de 3,4 millions en 2015, soit une progression de 34,5%. Outre cette pression due à la poussée démographique, le taux de prévalence du VIH-SIDA dans la population de 15-49 ansétait estimé à 11% en 2002.

Cette situation a eu desconséquences néfastes surle systèmeéducatif se traduisant par une forte augmentation du nombre d'orphelins liés à cette maladie, l'aggravation du déficit d'enseignants et la baisse de leur rendement. On estimait à 500 par an le nombre d'enseignants décédés pour cause de SIDA et 350 mille le nombre d'enfants orphelins de SIDA (ECAM 4). Les prévisions indiquaient qu'aux alentours de 2015, le nombre de maîtres devant être remplacés chaque année par suite de cette pandémie se situerait entre 1200 et 1500(DSSE, 2006).

Les données scolaires les plus récentes et disponibles concernent l'année scolaire 2015-2016, les besoins en données démographiques concernent ainsi la population de l'année 2015. Selon les projections du BUCREP, la population camerounaise est estimée au 1er juillet 2015 à 22,180 millions d'habitants. Les données de la Division de population des Nations Unies estiment la population camerounaise à cette même date à 22,835, soit une différence de l'ordre de 3%. Les graphiques suivants illustrent les pyramides des âges selon les deux sources qui présentent des allures similaires sauf en ce qui concerne les femmes des tranches d'âge des 10-19 ans.

Graphique 1: Pyramide des âges, Cameroun 2015 (BUCREP)

 

Graphique 2: Pyramide des âges, Cameroun 2015 (UNPD)

Le graphique suivant présente une comparaison de ces deux sources de données concernant la population âgée de 0 à 24 ans.

Graphique 3: Population camerounaise âgée de 0 à 24 ans en 2015 : répartition par âge selon les données du BUCREP et de l'UNPD

Source : UNICEFd'après les données du BUCREP et de l'UNPD

La confrontation des données démographiques recueillies à partir des différentes sources citées avec les données scolaires aboutit à certaines incohérences et anomalies (population scolarisée dépassant la population scolarisable pour la tranche d'âge des 6-10 ans) qui nécessitent un ajustement de la série démographique ou de la série scolaire à retenir pour les besoins de calcul des différents indicateurs propres aux 3 dimensions de l'exclusion scolaire.

Graphique 4: Population scolarisée et population scolarisable (2015)

Source : Unicefd'après les données du MINEDUB, MINESEC, BUCREP et UNPD

En fait, l'ajustement à effectuer concerne la structure par âge de la population scolarisée telle qu'elle ressort des données administratives. En effet, la comparaison de la structure par âge de la population scolarisée au primaire entre les données de l'annuaire statistique du MINEDUB et celles obtenues à travers les enquêtes ménages montrent une différence significative de structure notamment en ce qui concerne la tranche d'âge des 6-10 ans qui est précisément la tranche concernée par l'anomalie présentée plus haut.

Le graphique suivant illustre cette différence des structures entre les données de l'annuaire d'une part et celles des enquêtes ménages (MICS 5 et ECAM 4) d'autre part :

Graphique 5: Structure comparée de la répartition par âge des enfants scolarisée au primaire

Ainsi, pour les besoins de la présente étude, il est retenu d'ajuster la structure par âge des filles et des garçons inscrits au primaire selon les données de l'année scolaire 2015-2016 par la moyenne de structure obtenue par MICS5 et ECAM 4. Le graphique suivant illustre ces deux répartitions.

Graphique 6: Structure de la répartition par âge des enfants scolarisée au primaire selon les données administrative et la moyenne de MISC4 et ECAM 4

Source : d'après les données du MINEDUB, de MICS5 et de ECAM4

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery