1.1-1.2. La situation socioéconomique
Après avoir connu une croissance
régulière de 1965 à 1985, le Cameroun est rentré
à partir de 1985/1986 dans une profonde récession. Celle-ci
était due à la conjonction de la baisse brutale des revenus
d'exportation, elle-même consécutive à la baisse des cours
des principaux produits exportés (pétrole, café, cacao,
coton), de l'effritement du Dollar US utilisé pour la cotation de ces
produits sur le marché international, et des problèmes d'ordre
structurel. Toutes ces difficultés ont conduit à des politiques
budgétaires expansionnistes et improductives financées en
conséquence par l'accumulation de la dette extérieure et surtout
intérieure.
Durant cette période, le revenu par tête a
diminué de moitié, la chute persistante des investissements
publics et des crédits à l'économie, l'encours de la dette
extérieure qui est passé de moins de 1/3 à plus des 3/4 du
PIB, une augmentation de la corruption, l'arrêt du 6ème plan
quinquennal. Tout ceci ayant pour conséquence : une
détérioration des systèmes éducatif et sanitaire,
des infrastructures et du service public conduisant ainsi à
uneaugmentation de la pauvreté. Pour faire face à ces
difficultés, les pouvoirs publics ont pris des mesures restrictivesdu
train de vie de l'Etat et ont engagé, à partir de 1988,
l'économie nationale dans unestratégie de stabilisation des
finances publiques et d'ajustement structurel.
Cette stratégievisait à corriger les
déséquilibres macroéconomiques ainsi que les
dysfonctionnements etrigidités microéconomiques et à
réduire la vulnérabilité de l'économie par rapport
aux chocsextérieurs avec pour résultats escomptés
l'amélioration de sa compétitivité. Ces mesures
etstratégies se sont concrètement traduites par un ensemble de
réformes touchant généralementtous les domaines de
l'activité économique nationale.
En particulier, les efforts dedésengagement de l'Etat
ont été concentrés sur la libéralisation des
secteurs du cacao et ducafé, la révision du code des
forêts, et la libéralisation des prix et du code de travail.
Malgré lesoutien international concerté, le programme de
réforme a rencontré les difficultés dans saphase initiale.
Trois accords « stand-by » avec le Fond Monétaire
International (FMI) n'ontpas été concluants en 1989 et dans la
première moitié de 1990, et les décaissements au titredu
premier prêt d'ajustement structurel ont été suspendus.
Cette tentative de stabiliserl'économie et de restaurer les
équilibres intérieur et extérieur à
traversl'ajustement interne, y compris une diminution drastique des salaires
des fonctionnaires en 1993, n'a pas produit les résultats
escomptés, laissant le pays avec une dette insoutenable d'importants
arriérés à l'intérieur et à
l'extérieur, une fonction publique démoralisée et un
secteur financier en crise. Cette tentative infructueuse a également
conduit à une détérioration des relations entre le
Gouvernement et ses partenaires. La situation du pays a commencé
à s'améliorer à la suite d'une dévaluation du franc
CFA intervenue en Janvier 1994.
Ainsi, le taux de croissance est devenu positif atteignant 5%
en 1995-96. Cependant, reconnaissant qu'il serait impossible de s'attaquer
à tous les problèmes d'un trait, une approche séquentielle
de réforme a été adoptée avec l'appui des
Institutions de « BrettonWoods » qui ont fourni le soutien financier
sous forme d'une Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée
(FASR) de trois années (1997/2000) et du troisième Crédit
d'Ajustement Structurel (1998).
Un appui majeur était reçu des donateurs
multilatéraux et bilatéraux à travers un
rééchelonnement triennal de la dette du Club de Paris. Cette
approche séquentielle s'est appuyée sur une première
génération des réformes axées sur la
stabilité macroéconomique, les relations avec les
créditeurs extérieurs, la restructuration du système
bancaire, les privatisations, la libéralisation de l'économie, le
transport et le secteur forestier. C'est l'ensemble de ces efforts qui ont
conduit le pays à bénéficier en 1999 de l'Initiative en
faveur des pays pauvres très endettés (I-PPTE). Par la suite, le
Cameroun a franchi le Point de Décision dans le cadre de cette
initiative en Octobre 2000, après la production d'un Document
intérimaire de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP), l'adoption d'un Programme National de Gouvernance
(PNG), et la finalisation des stratégiessectorielles de
l'éducation et de la santé.
Si le pays a alors bénéficié d'une
réduction sur le flux de sa dette extérieure, c'estl'atteinte du
Point d'Achèvement de l'IPPTE en Avril 2006 qui a permis à ses
principauxcréanciers multilatéraux et bilatéraux de
procéder à une remise sur le stock de cette dette. Entre temps,
le DSRP final a été adopté en 2003 et, à
l'observation, le bilan du premier cyclede programmation du DSRP était
très mitigé. En effet, l'impact de la reprise
économiquereste encore peu significatif sur les conditions de vie des
populations. La pauvreté toucheencore près de la moitié de
celle-ci. Les indicateurs d'accès aux services sociaux de base et
leniveau de revenu restent encore faibles.
Une situation de chômage endémique tend à
s'installer sur le marché du travail. La crise économique a
profondément altéré le pouvoir d'achat des ménages.
Ni l'Etat, encore moins les Institutions internationales, ne sont en mesure de
garantir une sécurité sociale minimale aux populations
vulnérables et démunies, pour cause de pénuries
budgétaires. Les populations ont donc développé des
stratégies d'adaptation face aux contraintes économiques, que
nous nommerons ici « stratégies de survie ». Plus graves l'on
assiste à de fortes disparités sociales et régionales
notamment entre les zones urbaines et rurales. Par exemple, Huit
ménages sur dix ont réduit leurs dépenses en
matière d'éducation.
En effet, beaucoup de ménages se sont endettés
pour pouvoir répondre aux besoins de santé, d'alimentation et de
scolarisation des enfants (Nouetagni, 2004). Toutefois, il faut noter que la
part des ressources allouées aux secteurs sociaux (éducation,
santé, affaires sociales et emploi) s'est accrue en passant de
18,5% en 2000 à 25,3% en 2005 (DSSE, 2005). Ce qui marque le
souci du Gouvernement de lutter résolument contre la pauvreté. La
part des ressources allouées aux secteurs productifs (infrastructure et
développement rural) en pourcentage des dépenses
budgétaires totales a connu, également, une augmentation
significative passant de 10,5% en 2000 à 14,5% en 2005.
S'agissant des ressources publiques pour l'éducation,
on constate qu'elles ont pratiquement doublé entre 1990 et 2002(DSSE,
2005). Si on les compare aux recettes de l`Etat, elles connaissent cependant
une forte restriction puisque, si elles représentaient environ 22 % au
début des années 90, elles sont aujourd'hui tout juste au niveau
de 16 %. En proportion des dépenses de l'Etat, on observe entre 1990 et
2001 une légère amélioration sur la base des
dépenses totales (de 15,2 % en 1990 à 17,4 % en 2001) et une
quasi stabilité sur la base des dépenses courantes (de 18,8 % en
1990 et 19,1 % en 2001). Cette impression de stabilité globale de
l`effort du pays pour son système éducatif est d'une certaine
façon corroborée par le fait que les dépenses publiques
exprimées en pourcentage du PIB du pays sont passées d'un chiffre
compris entre 3,3 et 3,4 sur les années 1990 à 1993 au chiffre de
3,2 % du PIB en 2001 (DSSE, 2005).
Depuis 2016 le revenu par habitant est de 1 032,65
dollars. Entre 2014 et 2017, la croissance a connu un ralentissement passant de
5,9% en 2014 à 3,9% en 2017(banque Mondiale). En 2014, la dette publique
s'élève à 17,6% du PIB. Les prix ont augmenté de
façon générale de 2,7% en moyenne par an sur la
période 2008- 2014 (ECAM 4). Les dépenses courantes
d'éducation représentent 13,8 % des dépenses du
gouvernement en 2013 soit 3% du PIB, un chiffre bien inférieur aux
standards du Partenariat Mondial pour l'Education (6% du PIB et 20% des
dépenses courantes).
Selon les données d'ECAM4, 37,5% de la population
Camerounaise en 2014 vivaient sous le seuil de pauvreté (1,7 US). Le
nombre de pauvres a augmenté, passant d'environ 7,1 millions en 2007
à 8,1 millions en 2014, ce qui tient à la croissance
démographique alors que, l'incidence de la pauvreté a
légèrement reculé ces dernières années
passant de 39,9% en 2007 à 37,5% en 2014. L'objectif est d'atteindre
28,7% en 2020, selon le Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi. Pour cela, un taux de croissance économique de 5,5% en moyenne
est nécessaire. La situation des pauvres s'est
détériorée entre 2007 et 2014, au regard de la profondeur
de la pauvreté, surtout en milieu rural. Les 775 milliards de FCFA
à transférer aux pauvres pour les sortir de la pauvreté en
2014 représentent 23% du budget de l'Etat et 5% du PIB en 2014. Le
milieu rural, où habite près de 60% de la population totale,
concentre 90% des personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté ce
qui cause un problème véritable lorsqu'on sait que plus de 90 %
des non scolarisés viennent des milieux pauvres.
Graphique 7 :
Financement de l'éducation en % du PIB (Cameroun)
Source : UNICEF à partir
des données ISU accédées en ligne le 20 février
2018, calcul des Unicef.
Cette forte contribution accroit les attentes des familles en
termes de résultats. Les conséquences de cette différence
d'interprétation sont constatées à plusieurs niveaux : la
gestion de l'établissement (qualité de l'offre) et la
fréquentation scolaire (demande).
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