2.3. ThéoriesExplicatives de
l'étude
Trois disciplines scientifiques transversales à
l'éducation accordent généralement un intérêt
particulier au phénomène d'abandon scolaire. La sociologie de
l'éducation, la psychologie de l'éducation et l'économie
de l'éducation, sont tous des champs disciplinaires dont les
théories encadrent le phénomène d'abandon scolaire. Cette
section présente de fond en comble, les différentes
théories explicatives de l'abandon scolaire.
2.3.1.
Théorie Sociologique de l'abandon scolaire
Il existe de nombreux travaux en sociologie de
l'éducation (Bourdieu et Passeron, 1964, 1970 ; Baudelot et Establet1971
; Boudon 1979, Charlot 1987 ; Cloutier et Trottier 1983), travaux qui ne
résultent pas toujours d'une approche théorique explicite qui
viendrait expliquer les résultats obtenus dans les nombreuses
enquêtes sur la question de l'abandon scolaire.
2.3.1.1- Théorie de la
Reproduction sociale des classes
Bourdieu et Passeron (1964, 1970), sont
d'avis que la pensée fonctionnaliste des années cinquante
prône les mérites du système scolaire. Selon cette
pensée, le système éducatif est un système
méritocratique où les jeunes y sont tous égaux. Il permet
la sélection des meilleurs élèves et sert aussi de moteur
pour les faire avancer dans le système scolaire. Ce qui pour Bourdieu et
Passeron ne semble pas être exact. Se servant des données
statistiques de la France, ils montrent que l'école n'est pas
méritocratique, comme on l'avait pensé. L'école selon leur
conception sert à classer les jeunes dans une position. Elle sert
même à la reproduction des positions sociales déjà
existantes ainsi qu'à la perpétuation de l'avantage de la classe
supérieure sur les autres classes.
L'école prône une certaine culture et le capital
culturel de la classe supérieure est celui qui se rapproche le plus de
la culture de l'école : la classe supérieure a un capital
culturel composé de savoirs, savoir-faire et savoir-dire. Ainsi,
soulignent Bourdieu et Passeron, ce ne sont pas nécessairement les
meilleurs élèves qui sont choisis pour avancer dans le
système scolaire, mais bien ceux dont le capital culturel se rapproche
des critères des écoles. Dans un tel système de
discrimination, ce sont nécessairement les jeunes des classes
supérieures qui ont l'avantage.
Cependant, cette reproduction sociale n'est pas
mécanique vu qu'elle est basée sur la notion d'habitus
D'après eux, l'habitus est un ensemble de dispositions acquises et
socialement constituées, qui permettent la reproduction de la position
sociale. En réalité, l'habitus est un acquis inconscient des
agents. Ainsi, l'étudiant, à l'aide de l'habitus, effectue
lui-même son classement à l'intérieur des positions
trouvées dans le système scolaire, de façon inconsciente.
Il choisit lui-même de reproduire sa position sociale grâce aux
acquis de 1' habitus, acquis qui diffèrent nécessairement entre
les classes privilégiées et les classes moins
privilégiées.
Les travaux de Boudon (1979) se
détachent de ce courant marxiste et examinent la question de l
`inégalité des chances devant l'enseignement ainsi que la
question de la mobilité sociale. Selon lui, les élèves se
trouvent dans un processus de décision face à leur
éducation. Ils font un arbitrage, entre les risques, les coûts,
les bénéfices et l'utilité d'avancer dans le
système scolaire ; arbitrage qui bien sûr est fonction de
leur position sociale. Ainsi, l'évaluation des risques, des coûts,
des bénéfices et de l'utilité de l'éducation est
différente chez des élèves de positions sociales
différentes.
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