2.2.4.2- L'activité
économique des parents et l'abandon scolaire
La principale source de revenu des ménages est
apportée par les deux parents, si ce n'est par le chef de ménage.
Certaines études ont montré que la scolarisation des enfants
dépendait de l'activité économique du chef de
ménage et cette source de revenu est parfois estimée à
travers le niveau socioprofessionnel des parents.
En effet, les enfants appartenant à des ménages
dont l'activité du chef de ménage permet difficilement
l'intégration d'autres membres du ménage (à savoir les
salariés des entreprises du secteur moderne ou de l'administration
publique) fréquenteraient l'école dans de plus large proportion.
Alors que les enfants appartenant aux ménages où le chef est un
travailleur indépendant oeuvrant souvent dans le secteur informel
seraient plus exposés aux risques de travailler, donc de ne pas
fréquenter l'école. Marcoux (1994) et Binguimale (1992) ont
montré que, ceci s'explique par le fait que le chef de ménage
salarié peut difficilement compter sur la participation d'un enfant
à son activité économique afin d'augmenter son rendement,
ou le revenu de son père. Cela ne serait pas le cas du travailleur
indépendant qui pourra espérer une augmentation du gain
monétaire en intégrant un enfant dans la chaîne de
production qu'il contrôle ; ils constatent que les enfants dont le
père à une classification professionnelle élevée
ont en moyenne un niveau d'études supérieur à ceux dont le
père a un niveau socioprofessionnel bas.
En milieu urbain malien par exemple, les enfants appartenant
aux ménages dirigés par les salariés du secteur moderne
ont plus de chance de fréquenter l'école que ceux des
ménages où le chef est un travailleur indépendant et ce
quel que soit le sexe de l'enfant (Marcoux, 1994). Pilon (1995), dans le cas du
Burkina Faso a fait remarquer qu'être enfant d'un ménage vivant de
l'agriculture vivrière constitue nettement la situation la plus
défavorable face à la scolarisation avec 56,7% d'enfants
scolarisés, contre au moins 75% pour toutes les autres catégories
d'activités. Jacoby (1994), Jamison et Lockhoed (1987), Doelalikar
(1993), Handa (1996), estiment que le revenu et la richesse des parents jouent
un rôle aussi important tant sur l'enrôlement que sur la
progression des enfants. Cependant, Doelalikar (1993) estime que le revenu non
salarial a le même impact sur la scolarisation et le rendement scolaire
des garçons et filles tandis que Handa (1996) pense que le revenu a
plutôt un grand impact sur la scolarisation et les résultats
scolaires des filles seulement.
Travail des enfants et
abandon scolaire
Le travail des enfants peut revêtir diverses formes ou
se réaliser dans divers endroits. Les ménages cherchent alors
plusieurs alternatives à la scolarisation des enfants. L'une de ces
alternatives est de solliciter les apports des enfants dans la vie
économique du ménage à travers leurs implications de plus
en plus poussées sur le marché du travail. Et parmi les formes de
travail d'enfant les plus couramment évoquées, on peut citer le
travail domestique, le travail dans l'industrie et l'artisanat, le travail ou
les métiers de la rue, la servitude pour dette, l'exploitation sexuelle,
les enfants soldats, etc. (Unicef, 1997 ; Brisset 2000).
Souvent en compétition avec l'école, il «
peut être requis à des fins domestiques, productives et/ou
commerciales, selon une intensité et des modalités qui varient
aussi en fonction de la composition démographique des ménages
à un moment donné et qui implique différemment les enfants
selon leur sexe et leur statut familial » (Chronique du CEPED N°42,
2001 :3). Les problèmes de déperdition scolaire des enfants sont
monnaie-courante en Afrique, elles ont généralement des causes
variées, mais sont presque toujours liées aux possibilités
qui s'offrent au ménage.
Mais, selon Ravallion et Wodon (2000), ce choix
opéré par les ménages ne peut constituer une solution
à long terme, car ces enfants qui travaillent au lieu d'aller à
l'école, réduisent leurs chances de sortir de la
pauvreté.
En effet, la scolarisation d'un enfant comprend des
coûts directs comme les frais de fournitures, les frais d'écolage
et les coûts indirects dont notamment les coûts
d'opportunités : ce que le ménage perd en scolarisant l'enfant au
lieu de le mettre sur le marché du travail. Mais en retour, cet
investissement dans le « capital humain » de l'enfant garantit des
revenus futurs élevés et une plus grande productivité. De
ce fait, la décision du ménage dépendra fortement du choix
qu'il opérera entre le revenu futur (si l'enfant est scolarisé)
et le revenu présent (dans le cas où l'enfant est mis au
travail).
A la suite des facteurs personnels, scolaires, socioculturels,
et économiques, nous pouvons ajouter comme facteurs déterminants
de l'abandon scolaire, les facteurs familiaux ou facteurs
sociodémographiques.
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