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L'effet de la structure familiale sur l'abandon scolaire au Cameroun


par Stéphane Messina Poute
Université de Yaoundé 1- Ngoa ekele  - Master 2 sciences de L’éducation  2020
  

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2.2. Revue de la littérature

Dans un contexte de massification de l'enseignement, ou les difficultés d'insertion dans le
marchés du travail sont nombreuses et multiples, le décrochage scolaire est devenu depuis plusieurs décennies l'un des problèmes majeurs de nombreux systèmes éducatifs. (Blaya, 2013). Cette question est d'autant plus préoccupante pour les populations à faible niveau de revenu et une qualification, car la lutte contre l'abandon scolaire a été progressivement présentée comme l'un des enjeux prioritaires de politique économique, sociale et éducationnelle. Ainsi, les chiffres concernant les earlyschoolleavers(les élèves qui quitent l'école précaucement), constituent aujourd'hui un indicateur pour le pilotage des actions entreprises par les politiques gouvernementales, les écoles, ainsi que les organisations de la société civile oeuvrant dans le domaine de l'éducation et les oeuvres sociales.

Les travaux de recherche concernant le phénomène d'abandon scolaire sont nombreux, et la plupart d'entre eux ont pour objectif de qualifier et de quantifier ce phénomène, ainsi que de répérer les causes afin d'entrevoir des solutions éventuelles pour réduire l'impact (Lehret al., 2003). Ces travaux montrent que l'abandon scolaire est multidimentionnel, avec des origines multiples et diverses ; ceci peut d'ailleurs etreétailler par des théories issues des disciplines transversalles (Robertson et Collerette, 2005).

Par exemple, les études en psychologie mettent surtout l'accent sur lesdimensions intrapsychiques, comportementales et socio-interactionnelles, alors que leschercheurs en éducation se penchent davantage sur les liens entre l'abandon scolaire, les méthodespédagogiques et l'environnement éducatif (Janosz, 2000).Ce phénomène suscite également l'attention des historiens et des sociologues, qui examinent la problématique sous l'anglede la construction sociale du phénomène, des facteurs structurants des institutions ou encoredu rapport entre les classes sociales (Dorn, 1996). Les représentants d'un courant davantage« culturaliste » considèrent de leur côté que la non-maîtrise des habiletés sociales etpersonnelles exigées par l'école (mais pas systématiquement enseignées explicitement), estdéterminante dans le processus de décrochage (Bautier, Rochex, 1997 ; Bonnéry, 2003). Cesapproches sont associées plus récemment à des tentatives decompréhension davantagesystémiques et dynamiques, combinant des facteurs socio-culturels, socio-économiques,
scolaires et personnels (Blaya, Fortin, 2011).

2.2.1. Facteurs socioculturels et abandon scolaire

Selon l'approche socioculturelle de l'abandon scolaire, les enfants, issus de milieux familiaux éloignés du modèle scolaire, ont parfois beaucoup de difficultés à s'y adapter. Ils sont mal préparés à entreprendre leur scolarisation, souvent parce qu'ils ont manqué de stimulations sensorielles ou intellectuelles dans leur entourage. Parmi les facteurs socioculturels, nous pouvons citer : le milieu de résidence de l'enfant, la religion de ses parents.

2.2.1.1- Milieu de résidence

La région de résidence et le milieu de résidence constituent également l'une des variables pour lesquelles on relève d'importants différentiels (Akoto et Tabutin, 1987). Au Cameroun, les régions sont des unités administratives qui présentent des différences en matière de climat, d'activités économiques, de culture, etc. Ces différences entraînent aussi des différences de niveau de scolarisation. Le milieu urbain et le milieu rural sont totalement différents en ce qui concerne les modes de vie et les types d'activité. En milieu urbain les activités sociales et économiques sont beaucoup plus dynamiques que dans les zones retirées ; ceci influence considérablement les comportements des individus, specifiquement les parents en matière de scolarisation. Dans les zones reculées les activitées sociales et économiques tournent beaucoup plus autour de l'agricultre, et la variation des revenus est fonction des saisons agricoles, ce qui n'est pas le cas pour le milieu urbain.

Les différences entre les composantes des deux types de milieux concernent aussi la répartition spatiale des infrastructures sociales disponibles. Plusieurs études ont montré la relation entre la région, le milieu de résidence, l'offre scolaire et la scolarisation. Il y a en effet une plus grande concentration del'offre éducative en termes de qualité et de quantité dans les plus grandes villes (notamment les capitales) et des régions qui les abritent comparées aux régions rurales. De ce fait, la proportion d'enfants qui fréquentent est plus élevéeen milieu urbain qu'en milieu rural.

En effet, la proximité des infrastructures éducatives, mais aussi leur équipement, leur accessibilité financière, les qualifications du corps enseignant, etc. sont des facteurs qui peuvent influencer la propension des familles ou des parents à envoyer leurs enfants à l'école. Ainsi, Lange (1991) fait constater que, malgré le fait que la scolarisation émane de la volonté des ménages d'envoyer les enfants à l'école, il est non moins clair que celle-ci dépend aussi et surtout de la capacité que l'Etat a, à offrir des écoles et des maîtres. Ainsi, Noumba (2008) relève de fortes disparités au Cameroun entre les régions urbaines et les régions rurales ; Conformément aux résultats des enquêtes ménages antérieures (MICS et EDS), les populations non scolarisées se concentrent dans certaines régions (Nord, Extrême Nord, Adamaoua, Est).

Une étude de Wakam (2000) au Cameroun a montré que les enfants du milieu urbain avaient nettement plus de chances de fréquenter l'école que ceux du milieu rural et que les inégalités entre les filles et les garçons seraient plus grandes en campagne qu'en ville. Il est important de rappeler ici que c'est en campagne que les pesanteurs culturelles sont le plus ressenties. Ces différences villes-campagnes peuvent aussi résulter des différences en offre. Autrement dit, le déséquilibre scolaire entre régions ou provinces d'une part, et entre zones urbaines et zones rurales, d'autre part, s'explique en partie par l'inégale répartition des infrastructures scolaires sur l'ensemble du territoire. Dans une étude comparative entre les différentes régions du Bénin, Guingnido J. K. et ses collaborateurs (2001) arrivent à la conclusion selon laquelle, d'une manière générale, à niveau d'instruction équivalent, le milieu de résidence détermine le comportement des parents en matière de scolarisation des enfants ainsi que leur maintien.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld