2.2. Revue de la littérature
Dans un contexte de massification de l'enseignement, ou les
difficultés d'insertion dans le marchés du travail sont
nombreuses et multiples, le décrochage scolaire est devenu depuis
plusieurs décennies l'un des problèmes majeurs de nombreux
systèmes éducatifs. (Blaya, 2013). Cette question est d'autant
plus préoccupante pour les populations à faible niveau de revenu
et une qualification, car la lutte contre l'abandon scolaire a
été progressivement présentée comme l'un des enjeux
prioritaires de politique économique, sociale et éducationnelle.
Ainsi, les chiffres concernant les earlyschoolleavers(les élèves
qui quitent l'école précaucement), constituent aujourd'hui un
indicateur pour le pilotage des actions entreprises par les politiques
gouvernementales, les écoles, ainsi que les organisations de la
société civile oeuvrant dans le domaine de l'éducation et
les oeuvres sociales.
Les travaux de recherche concernant le phénomène
d'abandon scolaire sont nombreux, et la plupart d'entre eux ont pour objectif
de qualifier et de quantifier ce phénomène, ainsi que de
répérer les causes afin d'entrevoir des solutions
éventuelles pour réduire l'impact (Lehret al., 2003).
Ces travaux montrent que l'abandon scolaire est multidimentionnel, avec des
origines multiples et diverses ; ceci peut d'ailleurs etreétailler
par des théories issues des disciplines transversalles (Robertson et
Collerette, 2005).
Par exemple, les études en psychologie mettent surtout
l'accent sur lesdimensions intrapsychiques, comportementales et
socio-interactionnelles, alors que leschercheurs en éducation se
penchent davantage sur les liens entre l'abandon scolaire, les
méthodespédagogiques et l'environnement éducatif
(Janosz, 2000).Ce phénomène suscite
également l'attention des historiens et des sociologues, qui examinent
la problématique sous l'anglede la construction sociale du
phénomène, des facteurs structurants des institutions ou encoredu
rapport entre les classes sociales (Dorn, 1996). Les
représentants d'un courant davantage« culturaliste »
considèrent de leur côté que la non-maîtrise des
habiletés sociales etpersonnelles exigées par l'école
(mais pas systématiquement enseignées explicitement),
estdéterminante dans le processus de décrochage (Bautier,
Rochex, 1997 ; Bonnéry, 2003). Cesapproches sont
associées plus récemment à des tentatives
decompréhension davantagesystémiques et dynamiques, combinant des
facteurs socio-culturels, socio-économiques, scolaires et personnels
(Blaya, Fortin, 2011).
2.2.1. Facteurs
socioculturels et abandon scolaire
Selon l'approche socioculturelle de l'abandon scolaire, les
enfants, issus de milieux familiaux éloignés du modèle
scolaire, ont parfois beaucoup de difficultés à s'y adapter. Ils
sont mal préparés à entreprendre leur scolarisation,
souvent parce qu'ils ont manqué de stimulations sensorielles ou
intellectuelles dans leur entourage. Parmi les facteurs socioculturels, nous
pouvons citer : le milieu de résidence de l'enfant, la religion de
ses parents.
2.2.1.1- Milieu de résidence
La région de résidence et le milieu de
résidence constituent également l'une des variables pour
lesquelles on relève d'importants différentiels (Akoto et
Tabutin, 1987). Au Cameroun, les régions sont des unités
administratives qui présentent des différences en matière
de climat, d'activités économiques, de culture, etc. Ces
différences entraînent aussi des différences de niveau de
scolarisation. Le milieu urbain et le milieu rural sont totalement
différents en ce qui concerne les modes de vie et les types
d'activité. En milieu urbain les activités sociales et
économiques sont beaucoup plus dynamiques que dans les zones
retirées ; ceci influence considérablement les comportements
des individus, specifiquement les parents en matière de scolarisation.
Dans les zones reculées les activitées sociales et
économiques tournent beaucoup plus autour de l'agricultre, et la
variation des revenus est fonction des saisons agricoles, ce qui n'est pas le
cas pour le milieu urbain.
Les différences entre les composantes des deux types
de milieux concernent aussi la répartition spatiale des infrastructures
sociales disponibles. Plusieurs études ont montré la relation
entre la région, le milieu de résidence, l'offre scolaire et la
scolarisation. Il y a en effet une plus grande concentration del'offre
éducative en termes de qualité et de quantité dans les
plus grandes villes (notamment les capitales) et des régions qui les
abritent comparées aux régions rurales. De ce fait, la proportion
d'enfants qui fréquentent est plus élevéeen milieu urbain
qu'en milieu rural.
En effet, la proximité des infrastructures
éducatives, mais aussi leur équipement, leur accessibilité
financière, les qualifications du corps enseignant, etc. sont des
facteurs qui peuvent influencer la propension des familles ou des parents
à envoyer leurs enfants à l'école. Ainsi, Lange
(1991) fait constater que, malgré le fait que la scolarisation
émane de la volonté des ménages d'envoyer les enfants
à l'école, il est non moins clair que celle-ci dépend
aussi et surtout de la capacité que l'Etat a, à offrir des
écoles et des maîtres. Ainsi, Noumba (2008)
relève de fortes disparités au Cameroun entre les régions
urbaines et les régions rurales ; Conformément aux
résultats des enquêtes ménages antérieures (MICS et
EDS), les populations non scolarisées se concentrent dans certaines
régions (Nord, Extrême Nord, Adamaoua, Est).
Une étude de Wakam (2000) au Cameroun a montré
que les enfants du milieu urbain avaient nettement plus de chances de
fréquenter l'école que ceux du milieu rural et que les
inégalités entre les filles et les garçons seraient plus
grandes en campagne qu'en ville. Il est important de rappeler ici que c'est en
campagne que les pesanteurs culturelles sont le plus ressenties. Ces
différences villes-campagnes peuvent aussi résulter des
différences en offre. Autrement dit, le déséquilibre
scolaire entre régions ou provinces d'une part, et entre zones urbaines
et zones rurales, d'autre part, s'explique en partie par l'inégale
répartition des infrastructures scolaires sur l'ensemble du territoire.
Dans une étude comparative entre les différentes régions
du Bénin, Guingnido J. K. et ses collaborateurs (2001) arrivent à
la conclusion selon laquelle, d'une manière générale,
à niveau d'instruction équivalent, le milieu de résidence
détermine le comportement des parents en matière de scolarisation
des enfants ainsi que leur maintien.
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