CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
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Réalisé et présenté par
Béatrice KOUMENOUGBO sous la direction du Dr. Patrick HOUESSOU
Orientation des bacheliers dans les facultés
classiques à l'UAC : nécessite d'une pratique adéquate de
l'orientation des bacheliers au Bénin
I - Problématique de recherche
L'université d'Abomey-Calavi accueille chaque
année au moins 10.000 nouveaux bacheliers (MESRS, 2012). L'obtention du
Baccalauréat ouvre les portes de l'UAC aux primo-étudiants
(nouveaux bacheliers) qui sont, dès lors confrontés à
l'impérieuse décision du choix d'une filière. Ce choix
doit être fait en fonction des aspirations, des aptitudes, des
débouchés qui s'offrent au terme de la formation et en tenant
compte des moyens financiers des parents. C'est un exercice semble-t-il
difficile pour les nouveaux bacheliers en raison du manque de connaissance des
filières universitaires, des moyens financiers des parents et de leur
indécision par rapport à la carrière envisagée. Or
comme le stipule cette pensée de Confucius, « choisissez un
travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de
votre vie ».
Ainsi, travailler procure-t-il de la joie et du bonheur en
dépit des difficultés inhérentes à la profession
choisie. Dans le même ordre d'idées, Blaise
Pascal, au 17e siècle, estimait déjà que « la
chose la plus importante à toute vie est le choix du métier : un
hasard en dispose» (Chevalier, 1954, p.1122). Ces opinions montrent
la nécessité pour tout jeune de bien choisir sa profession
d'avenir et par conséquent de bien choisir sa filière
d'étude universitaire après le BAC.
Mais au Bénin, en général, et à
l'UAC, en particulier, s'orienter dans une filière notamment dans les
facultés classiques constitue un véritable problème.
Les facultés d'enseignement général
contiennent plus de 80% de l'effectif des étudiants de l'UAC (Houessou,
2010). C'est-dire que la majorité des primo-étudiants
s'inscrivent dans les facultés classiques. Cependant la plupart s'y
retrouvent, parce que n'ayant pas d'autre choix, c'est-à-dire contre
leur volonté et leurs aspirations.
En effet, avant le Baccalauréat, la plupart des
bacheliers nourrissent des aspirations pour des filières
professionnelles. A l'UAC, ces formations sont dispensées dans les
établissements à vocation professionnelle que sont les
écoles universitaires ou facultés spécialisées
(ENAM, EPAC, ENEAM, FSA, FSS...). Or l'accès à ces
établissements est sujet à des critères sélectifs.
La majorité des nouveaux bacheliers qui ne remplissant pas ces
critères et dont les parents n'ont pas les moyens de les inscrire dans
les universités privées s'inscrivent dans les facultés
classiques d'études délaissant ainsi leur premier choix pour un
autre choix de filière sur lequel ils ne sont pas suffisamment
informés. Ces choix se font souvent par suivisme des amis, des
aînés, sur conseil des parents, par dépit etc.
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Orientation des bacheliers dans les facultés
classiques à l'UAC : nécessite d'une pratique adéquate de
l'orientation des bacheliers au Bénin
Les conséquences qui en découlent sont
remarquables à l'université d'Abomey-Calavi :
démotivation, échecs répétés des
primo-étudiants, changement de faculté après deux ans
d'échecs, abandon, exclusion de certaines facultés,
réinscription dans une filière plus indiquée après
avoir pris conscience de l'incompatibilité entre ses capacités et
la filière de départ.
Vraisemblablement, l'absence de conseiller en orientation
favorise cet état de choses. C'est à juste titre que
Houédénou (2010) affirme que le coût d'une orientation
ratée est énorme : frustration, amertume, échec,
chômage. Au regard de ces faits, une question s'impose à nous,
Comment aider les jeunes à choisir conséquemment une
filière après le BAC? Autrement dit comment aider les jeunes et
principalement ceux qui s'inscrivent à l'UAC à faire des choix en
fonction de leurs aspirations, de leurs capacités, de la configuration
du marché de l'emploi, des moyens financiers des parents ? En effet, la
dynamique universitaire à l'UAC surtout en ce qui concerne les
facultés classiques, nécessitent qu'on informe suffisamment les
jeunes bacheliers avant qu'ils ne s'y engagent. Au-delà de
l'information, il est question de les guider dans le choix d'une filière
qui déterminera leur avenir professionnel.
Malheureusement au Bénin, les faits
révèlent que l'orientation n'est pas une priorité pour les
autorités en charge de l'éducation. Pourtant, l'article n°55
de la loi portant Orientation de l'éducation nationale, 2003 l'aborde en
ces termes : « le droit aux conseils en orientation et à
l'information sur les enseignements et les professions fait partie
intégrante du droit à l'éducation. [...].
L'élève ou l'étudiant élabore
son projet d'orientation scolaire et professionnelle [...] notamment
des enseignants et des conseillers d'orientation qui lui en facilitent la
réalisation, tant au cours de la scolarité qu'au terme de
celle-ci ».
En dépit de l'existence de cette loi, l'orientation
reste quasi-inexistante dans les établissements secondaires et à
l'université. Il n'y a pas une politique qui définit
réellement l'organisation de l'orientation scolaire et professionnelle
au Bénin. On peut penser dans ce cas que l'orientation n'est pas
considérée comme une préoccupation majeure du
système éducatif béninois. Or, l'on ne saurait obtenir des
out put (produits finis obtenus en fin de formation) à même de se
prendre en charge dans la vie professionnelle, si, déjà à
l'université il manque de boussole.
Pendant longtemps, l'Etat n'a pas pris conscience de la
nécessité d'orienter les nouveaux bacheliers. C'est à
partir de l'année académique 2006-2007 que « la question
de l'orientation a retenu l'attention des autorités éducatives du
Bénin qui ont pris l'initiative
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Orientation des bacheliers dans les facultés
classiques à l'UAC : nécessite d'une pratique adéquate de
l'orientation des bacheliers au Bénin
de faire appel aux experts venus de Dakar
(Sénégal) pour une expérience consistant à orienter
les nouveaux bacheliers » (Houédénou, 2009, p.14).
Depuis 2007 donc, le Ministère de l'enseignement supérieur
organise la campagne de sensibilisation et d'orientation des nouveaux
bacheliers après la délibération des résultats du
Baccalauréat. Organisées sur toute l'étendue du
territoire, elle vise à informer de façon collective les nouveaux
bacheliers sur les filières présentes dans les universités
publiques du Bénin à savoir l'Université d'Abomey-Calavi
et l'Université de Parakou et leurs débouchés.
Or une bonne orientation doit être individuelle prenant
en compte, les aspirations, les aptitudes, les moyens de l'individu. A cet
effet, le guide d'orientation des nouveaux bacheliers est
élaboré chaque année pour servir de support d'information.
Cependant, ces journées d'orientation visent essentiellement à
informer les nouveaux bacheliers en vue de leur permettre d'effectuer trois
choix de filières sur la base desquelles ils seront
sélectionnés dans les écoles et instituts
spécialisés en fonction des moyennes obtenues au
Baccalauréat. Il est question pour le Ministère de retenir les
meilleurs2 dans les établissements de formations
professionnelles des universités publiques du Bénin. Suite
à cette sélection, c'est un nombre considérablement
insignifiant des nouveaux bacheliers qui est sélectionné pour les
établissements de formations professionnelles. La majorité (plus
de 80% des bacheliers) comme nous l'avons mentionné plus haut s'inscrit
pour la plupart dans les facultés classiques.
Ainsi, les facultés classiques de l'UAC, à
l'instar de celle de Parakou, accueillent une grande partie des nouveaux
bacheliers qui n'ont pas été retenus après la
sélection suite à l'étude de dossier conduite par le
ministère. Ou encore ceux qui, conscients de leur faible moyenne au BAC,
n'ont pas postulé pour l'étude de dossier. Trois questions se
posent à ce niveau. D'abord, les critères de sélection
dans les établissements de formations professionnelles sont-ils
totalement objectifs ? Ensuite, après la sélection, les
bacheliers qui s'inscrivent dans les facultés classiques sont-ils
guidés dans leurs choix ? Enfin, le guide d'orientation des nouveaux
bacheliers à lui seul permet-il aux nouveaux bacheliers de faire des
choix conséquents?
Le constat est que les mêmes faits relevés plus
haut se reproduisent. Le choix d'une filière notamment dans les
facultés classiques demeure toujours une équation difficile pour
les nouveaux bacheliers même après 2007, année
d'instauration de " la campagne de sensibilisation et d'orientation des
nouveaux bacheliers". Ce qui nous amène à réfléchir
sur
2 Les meilleurs en termes de moyenne obtenue au
Baccalauréat... (Nous y revenons plus loin, P17-18)
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Orientation des bacheliers dans les facultés
classiques â l'UAC : nécessite d'une pratique adéquate de
l'orientation des bacheliers au Bénin
les insuffisances de cette initiative et la sélection
qui s'en suit. Alors comment devrait procéder le
Ministère pour une véritable orientation des nouveaux bacheliers
?
Le but de notre travail est de montrer qu'il existe un
déficit en matière d'orientation des nouveaux bacheliers au
Bénin et de proposer une amélioration progressive de la pratique
de l'orientation des nouveaux bacheliers au Bénin. Nous nous
intéressons en particulier aux primo étudiants inscrits dans les
facultés classiques de l'UAC3, aux élèves en
classe de terminale et aux nouveaux bacheliers.
1. Hypothèses de recherche
- La plupart des nouveaux bacheliers inscrits dans les
facultés classiques d'étude font un choix de filière
« par défaut ».
- Les bacheliers inscrits dans les facultés classiques
d'étude n'ont pas suivi un processus d'orientation adéquat avant
de s'y inscrire.
- "La campagne de sensibilisation et d'orientation des
nouveaux bacheliers" organisée par le Ministère de l'enseignement
supérieur souffrent de nombreuses insuffisances dans sa conception et
dans son organisation.
- Après la campagne de sensibilisation et d'orientation
organisée par le Ministère, les nouveaux bacheliers rencontrent
toujours des difficultés dans le choix de leur filière dans les
facultés classiques.
Les hypothèses ainsi formulées, passons aux
objectifs de la recherche :
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