2) « Amateurisme? »
Compte tenu de la longueur des négociations, de
l'énergie et de l'argent dépensé (sunk costs du projet
estimés à 24M€ côté Français et
32M€ côté américain), la communauté des
journalistes souligne l'échec retentissant de l'opération.
L'autre question systématiquement posée
évoque un possible amateurisme des deux hommes en tant que responsables,
à travers la question : « dans une opération d'une telle
ampleur tous les potentiels obstacles n'auraient-ils pas pu être couverts
avant l'annonce du projet ? »
Lorsque, questionné sur ce point, Maurice Lévy
laisse entendre qu'il n'y a pas eu d'amateurisme, ni d'un côté ni
de l'autre et rétorque que la répartition des postes ne pouvait
être communiquée à l'avance car les groupes devaient
continuer à fonctionner en attendant le closing, et une annonce
prématurée du nouvel organigramme aurait forcément
donné lieu à des déceptions, nuisibles à
l'activité du groupe pendant la période de transition.
Il rappelle toutefois la clause de principe de parfaite
égalité dans le document d'accord préalable - le Business
Combination Agreement - qui devait obliger les deux équipes à
leurs meilleurs efforts pour une répartition équitable des postes
clé, et qu'il n'avait donc pas d'inquiétude à ce sujet.
Par ses explication, Maurice Lévy réfute donc la
notion d' « amateurisme » compte tenu de la complexité de
l'opération de fusion entre égaux, dont ils avaient selon lui
correctement évalué les risques.
Le refus systématique de la notion d'amateurisme
n'apporte pas de preuve qu'il n'y ait pas eu effectivement un certain
amateurisme. Techniquement l'accusation est recevable, puisque même si
les difficultés avaient été évaluées au
départ, il demeure que vraisemblablement elles n'aient pas
été suffisamment étudiées puisqu'une fois
survenues, elles se sont avérées insurmontables.
Mais ici, notre analyse de la situation nous écarte de
cette notion d'amateurisme, trop facilement péjorative compte tenu de la
carrière de chacun des deux dirigeants. Nous pensons effectivement que
les difficultés de la mise en oeuvre d'une fusion entre égaux se
soient révélées insurmontables, mais nous connectons ce
choix de schéma entre égaux à notre développement
sur l'existence d'une nécessité qui l'a conditionné.
En synthèse, les deux thématiques ici
retranscrites sont finalement assez proches, elles témoignent d'une
irresponsabilité des dirigeants, cependant notre analyse réfute
cette irresponsabilité, en incluant notre notion de contrainte.
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Nous nous rapprochons de la définition de cette
contrainte. Quelle en est sa nature ?
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