Secteur publicitaire. Une révolution industrielle mise en évidence par l'échec de la fusion publicis-omnicom.( Télécharger le fichier original )par Clément MERILLET CNAM - Analyse Stratégique Industrielle et Financière 2014 |
3) Structure du secteura) HistoriqueDans les années 1930, Marcel Bleustein-Blanchet (1906-1996) 20 comprend l'importance de la réclame et invente ce qui sera appelé plus tard la Publicité. Il créé la société Publicis dès 1926. Il utilise les moyens de l'époque comme la radio pour toucher le plus de consommateurs ; dans les années 1960, l'entreprise réalise les premiers spots télévisés. Mais c'est dès les années 1950 que la publicité connait un essor incroyable porté notamment par celui des Trente Glorieuses. Outre-manche, aux États-Unis et partout ailleurs dans le monde la publicité connait une forte croissance dès les années 1940. b) Evolution à la fin du 20ème siècleLe monde de la communication se scinde en 4 groupes différents que nous décrivons ci-après : les agences de communication globales, les agences spécialisées, les régies publicitaires et les agences médias. Les ramifications et les interactions sont nombreuses : les agences d'autrefois se sont concentrées en des 20 Fondateur de Publicis. 34 groupes multi-communication et multinationaux. Cette mutation commence dès les années 1980 et s'explique par la mondialisation des marques et la concentration des entreprises.
Ces agences ont pour vocation de proposer, concevoir, et de vendre des plans de communication spécifiques. Ces derniers ont des aspects différents des plans de communication globaux. Ils sont, d'une part, basés principalement autour de moyens hors-médias22 et d'autre part, ont une durée de vie maximum d'une année. De plus ces plans de communication spécifiques résultent de la réponse d'objectifs techniques et non pas stratégiques. Filiales de groupes de communication pour la plupart et fournisseurs 21 http://www.publicisgroupe.com/fr/media/display/id/6880 : diapositive 16 du document de présentation du projet de fusion Publicis-Omnicom, Juil. 2013 22 On qualifie de média les campagnes de publicités destinées à différents supports : télévision, radio, presse, cinéma, affichage mais également sur internet. Ce travail est effectué par les agences créatives de publicité. Le hors média est constitué par des dispositifs de communication mis en place par des agences opérationnelles directement au contact des consommateurs. On associe ce type de campagne typiquement à de l'évènementiel où le contact avec les consommateurs se fait via des relations publiques, du marketing direct ou viral. 35 d'annonceurs de toutes tailles, certaines restent indépendantes. Huit types d'agences peuvent être recensés :
Organisés autour d'un pôle santé avec bien souvent un ou plusieurs médecins, elles ont comme clients l'industrie pharmaceutique, les hôpitaux, les assureurs mais aussi les entreprises de biens de consommation axées sur la préservation de la santé et du bien-être. Compte tenu de l'explosion des dépenses de santé au niveau mondial, on ne peut s'étonner d'une organisation spécifique au secteur. Elle touche tant les professionnels de santé et autorités publiques que le grand public. La spécificité de ces agences ne se résume cependant pas à la maîtrise des limites de la communication et du médico- 36 réglementaire. En effet, elles sont capables comme n'importe laquelle des agences classiques de proposer des plans de communication ingénieux. Citons pour Publicis les principales agences de communication santé : l'agence française Publicis Healthcare Consulting, également implantée à New-York, l'agence allemande Digital District, les agences Elevator, situé à Londres et Resolute Communications, Londres/New-York, les agences chinoises U-link Business Solutions Co LTD, acquise en 2012, et Dreams en 2011 ; l'agence indienne Watermelon (2011) pour citer les principales. Ces agences représentent 12% du revenu de Publicis en 2012, soit environ €800 millions. Chez Omnicom, citons : Adelphi Group, Corbett Accel Healthcare Group, The CDM Group, Flashpoint Medica, Harrison & Star, Health Science Communications comme principales agences de communication orientées santé, représentant environ10% du chiffre d'affaires global. Nous concluons donc que le chiffre d'affaires global de l'activité santé au sein du groupe POG se serait situé autour de 10%-12% soit environ $3 milliards. 4. L'agence digitale Née de la nécessité de profiter du succès d'internet, les agences ont commercialisé pendant les premières années des plans de communication utilisant ce média. Beaucoup d'articles traitent de pan de l'histoire de la publicité comme d'un échec. En particulier, dès 2005, le journal Le Monde publie un article sur le sujet23. Les différents président des agences en faisant le triste constat : « Aujourd'hui, les chiffres courent après la réalité » , estime Gilles Masson, président de l'agence Leo Burnett Paris, filiale de Publicis, avant d'ajouter : « Même si nous rattrapons un peu notre retard, les consommateurs sont allés plus vite que les agences et les annonceurs ». Pour Xavier Romatet, directeur général de DDB France, filiale d'Omnicom: « Internet en tant que média devrait capter de 4 à 5 fois plus de dépenses publicitaires. Mais il y a une convention professionnelle ou sociale qui consiste à privilégier les médias traditionnels ». Aujourd'hui ces agences se doivent de proposer des plans de communication qui allient internet, réseaux sociaux, moyens infographiques, audiovisuels, électroniques sonores, tous transférables sur mobile. En particulier, Publicis, du moins son PDG Maurice Levy, aime laisser entendre que son groupe possède la plus 37 grosse part de marché sur le segment du numérique. Le chiffre d'affaires global y est de 33% soit près de 2,2 milliards d'euros. Ce chiffre est en effet impressionnant, et même si nous ne savons pas la répartition exacte du numérique chez Omnicom, il est indéniable que la combinaison des deux groupes aurait donné un chiffre d'affaires au moins supérieur et en aurait fait un leader au sein de ses pairs. Nous montrerons dans la seconde partie que de nouveaux acteurs, non traditionnels, axés uniquement sur le média internet, numérique, digital ont des chiffres d'affaires colossalement supérieurs à celui de Publicis.
Elles sont une alternative à la communication « standard » du fait d'un public saturé par la multitude de messages publicitaires. Cependant, elles ne sont pas utilisées lors de lancement. En effet la crédibilité apportée par les journalistes est souvent obligatoire dans le mix de communication. Rarement indépendantes sauf à être spécialisées dans un domaine précis, ces agences sont souvent filiales de grands groupes de communication. Encore une fois la société MSLGROUP, filiale de Publicis fait office de leader mondial.
Fournisseurs des agences hier, souvent organisé en société unipersonnelle ou en structure très courte (2-5 personnes), ces acteurs de la communication développent des compétences de plus en plus pointues en matière de production de support papier et électroniques grâce à l'apport du TIC (technique de l'information et de la communication). Au-delà des compétences techniques, les intervenants se doivent d'apporter une compétence en termes de conseils tout au long de la chaîne graphique et peuvent assurer dans certains cas un suivi complet de toutes les productions au niveau des achats, de la planification, du contrôle et de la livraison.
Véritables conseils en choix des médias, elles travaillent soit en direct avec certains annonceurs, supprimant alors l'agence de communication soit en collaboration ou en sous-traitance pour le compte de l'agence insuffisamment structurée. Elles ne se chargent pas ou plus de l'achat d'espace à proprement parler et laissent cette partie à des régies publicitaires. 39 Il est difficile à ce stade de connaître la part de marché de chaque entité dans chacune de ses activités spécifiques, d'autant que certains de ces activités se « chevauchent » en faisant appel à des compétences complémentaires (MSLGROUP en est le parfait exemple) ; mais on peut dès à présent statuer sur le fait que le groupe aurait effectivement été leader mondial sur de nombreux segments du marché de la publicité majoritairement liés à la publicité traditionnelle. Il apparait ainsi que le groupe aurait indéniablement eu une position de leader sur ses marchés mais que le secteur du digital restait un segment sur lequel le groupe se serait stratégiquement renforcé. Poursuivons en voyant maintenant les forces qui déterminent la structure concurrentielle de l'industrie. Nous envisagerons cette analyse en deux parties : les forces qui prévalent en l'absence de l'outil Internet dans un premier temps ; et son impact actuel sur le secteur dans un second temps. Dans la partie suivante nous pourrons alors inférer, après une introduction très théorique, que la société vue au travers de la publicité connait actuellement un changement radical sous-estimé par beaucoup ; et d'un point de vue économique, beaucoup plus profond certains industriels semblent l'avoir anticipé. |
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