B. Croisement des différentes sources
Nous avons révélé un consensus de la part
de la communauté à travers les questions posées aux
dirigeants au moment de l'annonce de l'échec. Mais l'émergence du
discours de communication des dirigeants nous oblige à prendre des
précautions sur l'interprétation des informations
divulguées dans le domaine public.
La raison de cette prudence est compréhensible à
la lumière de la description des différentes sources
d'informations consultées : l'ensemble des documents officiels et une
part importante des articles de presse datés du moment de l'annonce du
projet jusqu'après l'annonce de l'échec.
Notre documentation sur le cas Publicis-Omnicom (que l'on peut
consulter en Annexe 1) a donné lieu à une
classification particulière. Nous y relevons trois types d'informations
différentes :
1° Les informations « officielles
unilatérales > : ce sont essentiellement les communiqués de
presse. Dans ce type d'information il n'y a qu'un seul interlocuteur : c'est la
société qui transmet publiquement l'information à
destination des journalistes et investisseurs.
2° Les informations « officielles bilatérales
> : il s'agit d'interviews des dirigeants sous forme de
téléconférences, vidéo ou article de presse. Ils
répondent à un ou plusieurs journalistes. Le fait qu'il soit
possible de relever le même type de questions dans l'ensemble des
interviews de Maurice Lévy alors qu'il répond
systématiquement avec son discours de communication permet de
soupçonner une éventuelle concertation préalable, ce qui
ferait que le choix des questions vise à faire passer un message
particulier. Cette possibilité n'est pas exclue.
28
3° L'autre source d'information est celle que l'on
qualifie comme « extra-officielle > : les interprétations
d'analystes ou journalistes dans la presse économique et
financière. Ils témoignent d'une plus grande liberté
remettant en cause les déclarations officielles.
Nous considérons donc que le seul consensus «
réel > et exempt de soupçons soit celui à travers
lequel il y a des raisons peu avouables derrières les explications
officielles et nous appliquons ce soupçon aux thématiques
généralisées de l'égocentrisme et de
l'amateurisme.
L'un et l'autre de ces dirigeants parvient à
réfuter habilement ces accusations par l'art de la communication, en
évoquant tout simplement une fatalité due à la
complexité de la mise en oeuvre des fusions entre égaux.
Peut-être alors que l'égocentrisme et l'amateurisme
supposés par les journalistes ne sont alors que des diversions pour ne
pas exposer la nature de la contrainte qui les auraient poussés au
schéma de fusion entre égaux.
Puisque nous réfutons l'irrationalité des
dirigeants, nous pensons que la contrainte qui les a poussé à un
choix si hasardeux se soit présentée sous la forme d'une menace,
et c'est pour cette raison qu'elle ne figure jamais en tant que telle dans
l'ensemble des déclarations des dirigeants.
C'est alors que tout converge pour mettre en avant la mutation
sectorielle en tant que contrainte, qui menacerait Publicis et Omnicom en tant
que sociétés stand alone. En accord avec l'ensemble des
hypothèses retenues, le choix d'une fusion entre égaux ne serait
alors plus irrationnel dès lors que la contrainte est suffisamment forte
pour le justifier.
Pour apporter une réponse sur l'importance de cette
pression du secteur, nous allons procéder désormais à une
analyse sectorielle approfondie.
29
|