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Mise en oeuvre du changement organisationnel: enjeux et défis de la transformation d'une organisation à  but non lucratif

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par Zakaria Traoré
Université Aube Nouvelle - Master Recherche 2013
  

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V/ DISCUSSION

A la lumière des principaux résultats obtenus, quels enseignements peut-on en tirer ? Un retour à la littérature permet à travers ces lignes de discuter de ces résultats. Ce parcours est effectué en fonction des trois dimensions analysées.

Les conditions déterminantes

En ce qui concerne les conditions déterminantes du changement dans l'organisation, il est ressorti dans un premier temps que ce changement observé confirme l'idée de changement entamé en réaction aux pressions environnementales, à la nécessité de l'adaptation à cet environnement et à la capacité à évoluer » (FABRE et al., 2007). L'idée de la nécessité organisationnelle ou représentation positive du changement (Perret, 2000) est mise en évidence. L'adaptation peut être vécue comme un événement dramatique, une crise dans la vie d'une organisation (Demers, 1999). Ces phénomènes ont été observés avec les problèmes essentiels liés à la gestion du personnel.

La légitimité du changement a par conséquent été reconnue par les destinataires du changement, ce qui en a favorisé l'adhésion (Bernoux, 2010). En effet, lorsque les acteurs perçoivent la légitimité d'un changement et son bien-fondé, ils ne s'opposent aucunement à l'idée de sa mise en oeuvre. L'exercice de légitimation s'avère fondamental, tel que cela a été développé par certains auteurs dont Rondeau et Bareil (2010).

En considérant l'objet du changement, celui-ci devrait pouvoir toucher toutes les dimensions essentielles de l'entreprise (Robbins et DeCenzo, 2008). Cette transformation devrait permettre à l'organisation de revoir de façon profonde son organisation et sa stratégie.

En effet, les volets du changement, hormis le besoin nécessaire et urgent de la transformation juridique, n'ont pas été déterminés de façon formelle et précise par les dirigeants. Il n'en demeure pas moins que les attentes formulées par les destinataires du changement sont une suite logique à la réaction face à l'environnement concurrentiel. Ces attentes concernent entre autres la réorganisation de la comptabilité, l'apprentissage de procédures fiscales liées au nouveau statut juridique, la révision des procédures budgétaires, l'adoption de nouveaux comportements individuels et collectifs.

Le changement entamé a été appréhendé sous l'angle de son niveau et de son ampleur. (Brassard, 2003 ; Christensen & Overdorf, 2000 ; Rondeau, 1999 ; Demers, 1999 ; Johnson et Scholes, 2000). Dans le cas présent, il est marqué par une rupture avec un système préexistant même si sa mise en oeuvre semble s'opérer de façon progressive. Il est à un stade parcellaire ; l'étape visible est la transformation juridique. Il est vrai que l'activité initiale se poursuit mais sous une forme totalement nouvelle et dans un contexte tout aussi nouveau.

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Les enjeux et rôles déterminants

Un des enjeux majeurs de cette transformation pourrait être la flexibilité de l'organisation dans un environnement concurrentiel (Tarondeau et al., 1994 in Soparno, 2005).

Cela pourrait se situer au niveau des processus mais aussi des ressources. Il a été montré que les processus aussi bien internes que ceux liés à la gestion des projets de la structure sont suffisamment souples et flexibles. L'enjeu pourrait véritablement se situer au niveau des ressources. Au stade actuel, l'Agence a des charges de fonctionnement assez élevées en comparaison avec les autres structures privées. Ces structures minimisent leurs coûts de production en ressources humaines et en équipement technique.

Ceci pourrait être paradoxalement un élément à leur avantage, dans la mesure où la réglementation a fixé un niveau minimal d'équipement et de compétences. La plupart des structures pourraient disposent de ce minimum. Cependant, il s'agit d'un domaine où le niveau de qualification et l'expérience des prestataires devraient être des éléments déterminants. Tout ceci pose le problème de la flexibilité ou du dynamisme des capacités qui est « une aptitude à reconfigurer ses compétences pour faire face aux changements rapides de l'environnement ou pour les instaurer ». Il est distingué des capacités proactives reflétant un comportement « pionnier » et des capacités réactives traduisant la rapidité à réagir à une offensive de la concurrence (Soparno, 2005).

Bien que cet aspect n'ait été un facteur de différenciation au profit de l'Agence lorsqu'elle a participé à certaines compétitions, il n'en demeure pas moins que sur le long terme, cela devrait pouvoir s'imposer. De plus, il est inimaginable de chercher à réduire les ressources, notamment humaines, au regard d'une situation conjoncturelle. La perspective de diversification et de développement des activités sur d'autres horizons renforcent cette conviction à conserver tout le personnel et mieux à le renforcer.

Bénéficier de l'adhésion au changement est un enjeu important. Cet élément s'observe lorsque les avantages associés au changement sont perçus par les destinataires comme étant supérieurs aux bénéfices perdus dans la situation actuelle, additionnés aux désavantages qui viendront avec le changement (Collerette et al. (2008). Vu sous le prisme de l'organisation, rester dans le statut d'association ne permet pas à l'entité de tirer profit de ce nouvel environnement. Elle pourrait être vouée à disparaître dans la mesure où la part de marché dévolue à cette catégorie de prestataires serait très marginale. En effet, cela se fera par les attributions de gré à gré, ce qui est une exception au principe de la mise en concurrence des acteurs. Il est établi sur le plan économique que ce procédé d'allocation des ressources est inefficace.

Pour assurer l'adhésion au projet, il convient de faire de la communication un facteur essentiel de réussite du changement (Strebel, 1996 in Cordelier et Marie-Montagnac,

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2008)31. Cet aspect a été suffisamment pris en compte avec la série de rencontres organisées entre les dirigeants et le personnel à l'effet d'informer largement et régulièrement le personnel, confirmant l'idée que, même si la dynamique du changement est à l'initiative des dirigeants, ces derniers tiennent à l'inverse compte des idées émises par leurs subordonnés (Cordelier et Marie-Montagnac, 2008) ou la théorie de l'implication du personnel développée par des auteurs (Demers, 1999).

Ceci n'a pas empêché une manifestation de la méfiance par moments. En effet, le personnel a été amené à formuler des doléances à même d'atténuer les risques éventuels qu'ils prendraient en s'engager avec la nouvelle société. Cela confirme l'idée que la mise en oeuvre du changement est le lieu de constatation de logiques différentes et contradictoires et des coalitions (Crozier et Friedberg, 1977 ; Pichault, 2009 ; Bareil et Savoie 1998) qui se forment entre acteurs en vue de défendre un certain nombre d'intérêts. Sur la table des négociations, le maître mot justifiant les doléances du personnel était le caractère incertain de la nouvelle société. La gestion des contrats liant le personnel de l'association à la nouvelle société est allée dans le sens des revendications du personnel.

La nécessité de l'adaptation à l'environnement devrait passer par la mise en oeuvre de choix stratégiques ou d'une politique volontariste comme l'ont montré Hafsi et Hatimi (2003)32 dans le cadre d'une étude sur le secteur industriel des télécommunications sujet à une réglementation en rapport avec les choix stratégiques des entreprises évoluant dans ce secteur. Le maintien de la position de leader est une lutte perpétuelle.

Ceci a été constaté à la suite de la première participation de la structure à la mise en concurrence des agences de maîtrise d'ouvrage déléguée et s'est présenté comme le premier test de son repositionnement comme leader.

Les effets du changement

L'analyse des effets du changement permet de traiter de certaines problématiques telles la durée attendue, la perception de la fin du changement et les résultats escomptés.

A ce propos, comme l'indique Brassard (2003), ce sont les acteurs qui déclarent que le changement a été amorcé à tel ou tel moment, après la prise de conscience d'une impulsion de changement. Ce sont eux aussi qui déclarent qu'à tel ou tel moment le changement est achevé, ou devrait arriver à son terme, qu'il est réussi ou non ou qu'une transformation s'est produite ou non.

31 Benoît Cordelier et Hélène Marie-Montagnac, Conduire le changement organisationnel, (33) 2008, Communication et Organisation.

32 Taieb Hafsi, Imad-eddine Hatimi, changement institutionnel, stratégie concurrentielle et performance, XIIème conférence de l'Association Internationale de Management Stratégique, 3,4,5 et 6 juin 2003.

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Si le début du processus peut être situé au début des premières études, ou en termes de processus à la phase de décristallisation ou d'éveil et de désintégration, aucun élément prévisionnel ne sert pour l'instant de référence quant à la fin.

Ceci n'est peut-être pas très étonnant dans la mesure où il s'agit d'une première véritable expérience de mise en oeuvre de changement important, mais aussi et surtout au regard du fait que toute transformation consistant à se repositionner dans un environnement ayant changé de façon soudaine et imprévue (Demers, 1999), est vue comme très coûteuse et difficile à réaliser.

Le processus semble être parti pour durer et aucune formulation expresse n'est faite pour indiquer les aspects qui seront modifiés. A défaut de cette précision, les dimensions probables à toucher ont été proposées par les acteurs.

Cependant, des indicateurs peuvent être définis pour permettre dans un horizon de six (6) à douze (12) mois d'apprécier de façon plus conséquente les effets réels du changement : nombre de participation aux manifestations d'intérêt, nombre de manifestations d'intérêt remportées, niveau d'exécution des prestations, qualité des prestations (délais, coûts, réceptions effectives), formations effectuées au profit des acteurs (personnel), appropriation des formation, appropriation des nouvelles méthodes de travail.

Aussi, la mise en oeuvre du changement fait apparaître des écueils qu'il faut savoir éviter. Les préconisations de Kotter se manifestent. Il est constaté un certain piétinement d'où la non stimulation suffisante « du sentiment d'urgence », « un manque de vision » et la non constitution « d'un noyau dur ».

Le modèle de Rondeau, inspiré d'autres modèles notamment le modèle contextualiste et des approches basées sur le style de mise en oeuvre du changement, s'avère pertinent pour l'analyse d'un phénomène multidimensionnel dans lequel le contexte dans lequel évolue est déterminant, de même que les points de vue des acteurs et leurs perceptions ; le processus et la dimension temporelle sont des aspects essentiels et constituent de ce fait des variables à suivre par tout acteur de changement pour la réussite de son projet.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"