CHAPITRE I : NOTION D'EVALUATION ET DE POLITIQUE DE
L'EDUCATION
Pour mieux cerner les contours de notre sujet d'étude,
nous tenterons dans cette partie d'en définir les mots clés. Nous
présenterons la notion d'évaluation de manière
générale avant de donner une approche de la notion de politique
de l'éducation.
I. NOTION D'EVALUATION
L'évaluation en tant que nouvel outil d'aide à
la décision publique est apparue aux États-Unis dans les
années 1960 avant de se développer au Royaume-Uni, dans les pays
scandinaves puis dans les autres démocraties occidentales vingt ans plus
tard. Fortement liée à la rationalisation de l'action publique,
l'évaluation vise à déterminer dans quelle mesure une
politique publique a atteint les objectifs qui lui sont assignés, et
produit les impacts escomptés auprès des publics
concernés.
1. Approche définitionnelle
La conception de l'évaluation fait l'objet
d'âpres débats car la définition peut différer selon
les contextes institutionnels dans lesquels elles'exerce.C'estavanttout un mode
de questionnement, une démarche d'analyse de l'action
publique.Elles'attacheàexpliciterlamiseenoeuvrede l'action publique,
sous ses différentes formes, et les relations entre les objectifs, les
moyens et les résultats de cette action. C'est un outil de connaissance
au service de l'action.
Il existe de nombreuses définitions de la notion
d'évaluation. Une définition avait été
proposée dans un rapport du Plan de1985 (rapport Deleau) :
évaluer une politique, c'est "reconnaître et mesurer ses
effetspropres". Cette définition ne présuppose pas
l'existence d'objectifs, mais elle
négligelefaitqueleseffetsd'unepolitiquesontengénéralextrêmementnombreux,complexesethétérogènes:ilsnesontpasidentifiablessansunegrilledelecturepréalable
et sont, qui plus est, rarement mesurables. Elle a cependant le mérite
demettre l'accent sur la notion d'"effets propres" : ce que l'on
attend de l'évaluation, cen'est pas seulement de constater si des
objectifs ont été atteints, mais de chercher
àidentifierl'ensembledeseffetsd'unepolitiqueetdefairelapartentreleseffetsimputables
à l'action publique considérée et l'influence de facteurs
exogènes.
LadéfinitiondurapportViveret(1989),enrevanche,metl'accentsurladimensionnormative
del'évaluation:"évaluerunepolitique,c'estformerunjugement sur
sa valeur". Le terme d'évaluation contient le mot "valeur", et il
est aisédeconstaterquedesvaleursde référence sont à
l'arrière-plandelaplupartdesévaluations. La décision
d'évaluer est toujours liée à la volonté
d'argumenter sur laréussite ou le bien-fondé d'une action. Reste
que la décision finale sur la poursuiteou la réforme d'une
politique publique est toujours un acte politique.L'évaluation ne peut
qu'y contribuer, dans des conditions et des limites qui doiventêtre
soigneusement précisées.
D'autresdéfinitionssoulignentladimensioninstrumentale,utilitairedel'évaluation,quin'apparaîtquedemanièreimplicitedanslesdéfinitionsprécédemmentcitées.PourFreemanetRossi
(1993),parexemple,l'évaluationdoitsepréoccuperde"l'utilité,delamiseenoeuvre,del'efficacitéetdel'efficiencedesmesures
qui ont pour but d'améliorer le sort des membres de la
société".
Le décret du 18 novembre 1998 (France) donne une
définition plus complète de cette notion.
L'évaluation d'une politique publique consiste à
comparer ses résultats aux moyens qu'elle met en oeuvre, qu'ils soient
juridiques, administratifs ou financiers, et aux objectifs initialement
fixés. Elle se distingue du contrôle et du travail d'inspection en
ce qu'elle doit aboutir à un jugement partagé sur
l'efficacité de cette politique et non à la simple
vérification du respect de normes administratives ou techniques.
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Cette définition insiste à juste titre
surlefaitqueles résultats
delapolitiquedoiventêtreappréciésenréférenceà
ses moyens de mise en oeuvre et sesobjectifs. Il faut pour cela qu'ils aient
été formulés de manière suffisamment
préciseet opératoire pour être confrontés à
l'observation empirique de la réalité sociale,
oudumoinsqu'ilspuissentêtrereconstituéset/ouinterprétésdanscetteperspective.
On retiendra de cette brève discussion que
l'évaluation est une activité à la fois, et enproportions
diverses, cognitive, normative et instrumentale.
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