4.1.2. 2.2. Cadre théorique
L'adoption et la diffusion des nouvelles technologies tiennent
une place importante dans la littérature économique en
général (Geroski, 2000) et dans les domaines particuliers de
l'économie agricole (Sunding et Zilberman, 2001). Depuis très
longtemps, les chercheurs, dans ces domaines particuliers, ont reconnu que les
adoptions ne sont pas des événements instantanés mais le
résultat d'un processus de décision consistant en des
séquences d'actions et de décisions (Rogers, 1995; Robertson,
1971; Zaltman et Stiff, 1973). Plusieurs différentes séquences
ont été proposées dans les études empiriques. Elles
sont souvent fonction de la nature de l'innovation en question.
Probablement, la séquence la plus connue et la plus
utilisée est celle proposée par Rogers (1962), surtout celle
basée sur les innovations agricoles. Elle se résume à cinq
étapes : la prise de conscience ou la connaissance,
l'intérêt, l'évaluation, l'essai et l'adoption. Dans le cas
de la présente étude, rappelons-le, l'innovation est un ensemble
d'équipements visant un changement dans le processus de transformation
du sorgho en dibou et une amélioration de la qualité
nutritionnelle de ce repas. La finalité est donc l'obtention d'un repas
(nouveau) avec des caractéristiques différentes de celles de
l'ancien. Dans ce cadre, Rogers (1971) propose un cycle d'adoption se
résumant aux cinq étapes précédemment citées
que nous présentons sur la figure 1 :
Figure 1 : Schéma d'adoption d'un nouveau
produit alimentaire selon Rogers.
Dans cette étude, seules les étapes 1, 2 et 3
nous intéresse car c'est à ces niveaux que le processus de
décision d'essayer la technologie ou non par les `'chefs cuisine'' a
lieu. Dans l'optique de la compréhension de ce processus d'adoption ou
non d'une nouvelle technologie, Richefort (2008) fait référence
à deux modèles : le modèle de diffusion
épidémiologique et le modèle des choix rationnels
d'adoption.
Le modèle de diffusion épidémiologique
fut, à l'origine, développé pour étudier la
dissémination des maladies et des épidémies au sein de la
population. En économie, ce modèle permet d'évaluer la
dynamique de la probabilité d'adoption agrégée d'une
innovation par l'ensemble de ses usagers potentiels. Elle ne retiendra donc pas
notre attention, car dans cette étude il ne s'agit pas d'évaluer
la dynamique de la probabilité d'adoption de l'innovation mais
plutôt de la compréhension du processus de décision de
l'adopter ou non.
Le modèle des choix rationnels d'adoption, qui est
aussi appelé modèle de choix discret ou modèle de seuil,
permet d'évaluer les probabilités d'adoption des nouvelles
technologies par un individu (ou une firme) représentatif. Ce
modèle fait l'hypothèse qu'un raisonnement économique
rationnel, fondé sur la maximisation d'une fonction objectif sous
contraintes, guide le timing des choix individuels. Théoriquement,
l'individu (représentatif) adoptera une nouvelle technologie s'il est
rationnel d'agir comme cela, c'est-à-dire si son utilité
espérée avec l'adoption est supérieure a son
utilité sans adoption. L'occurrence de l'adoption technologique est
alors expliquée en croisant les réalisations de la variable
discrète à expliquer avec celles d'un certain nombre de variables
explicatives dont les réalisations peuvent être
indifféremment de nature qualitative ou quantitative. Ces variables
explicatives peuvent concerner à la fois des caractéristiques de
la nouvelle technologie à adopter ainsi que des caractéristiques
des adopteurs potentiels et de leur contexte d'adoption. Comme il s'agit d'une
probabilité, elle doit être comprise entre 0 et 1 et ne peut
être spécifié de façon linéaire. Le choix de
la relation entre la variable à expliquer et les variables explicatives
se porte alors sur deux types de fonction : la fonction de répartition
de la loi normale (modèle Probit) et la fonction de répartition
de la loi logistique (modèle Logit). Ce modèle des choix
rationnels, dont les principes répondent à ceux de la
théorie de la maximisation de l'utilité (Adesina et Seidi, 1995;
Adesina, 1996 ; Rahm et Huffman, 1984), est celui qui a été
retenu pour servir de fil conducteur de notre étude.
Plusieurs variables explicatives ont été
retenues pour expliquer la décision d'adoption ou non du
décorticage mécanique et de la fortification en fer du sorgho.
Ces variables sont pour la plupart tirées de la littérature
existante en matière d'adoption d'innovation. Les autres émanent
d'une intuition ou d'observations faites sur le terrain. Par exemple, les
variables telles que complexité et compatibilité nous ont
été inspirées de la théorie de la diffusion des
innovations de Rogers (1983) pour qui, cinq facteurs
déterminent l'adoption d'une nouvelle technologie : avantage
relatif, complexité, compatibilité, testabilité,
observabilité. Par ailleurs les variables telles que l'âge, le
capital humain et le revenu sont largement rencontrées dans la
littérature existante sur le sujet.
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