Ø Caractéristiques
économiques
Il s'agit des diverses activités économiques
menées par les `'chefs cuisine'' de Thian et de leur importance
respectives dans la constitution du revenu monétaire de ces femmes.
Les données collectées ont montré que le
revenu moyen par année des `'chefs cuisine'' enquêtées est
de 187 550 FCFA, avec un minimum de 0 FCFA (10,8 % des enquêtées)
et un maximum de 1 630 000 FCFA par an. Ces revenus proviennent de plusieurs
sources à savoir : l'agriculture, l'élevage, le commerce et
la transformation des produits agricoles, et accessoirement d'autres sources de
revenu comme le transfert d'autres membres, les prestations
réalisées pour le compte d'autrui, etc. Ces revenus sont
monétaires ou non monétaires (autoconsommation, transferts
reçus en nature). La Figure 3 illustre la contribution
de chaque domaine d'activité (ou source) au revenu total de
l'enquêtée.
Figure 3: Structure du revenu des `'chefs cuisine''
enquêtés.
· Les transformations
agroalimentaires
Les transformations agroalimentaires constituent la principale
source de revenu des `'chefs cuisine'' enquêtées. Elles y
contribuent à hauteur de 52 % et sont pratiquées par 57,5 % des
enquêtées. Les transformations agroalimentaires, dans le village
Thian, regroupent essentiellement les transformations du sorgho en bière
locale (tchoukoutou) et en bouillie (koko), du maïs en
acassa (mombou) et en bouillie (koko), du soja en fromage
(soja gassarou) et du niébé en gâteau
(kiyarou). Cette part importante de la contribution de ces
activités au revenu total des enquêtées et le taux
élevé d'exercice de celles-ci dans ce domaine s'explique d'une
part, par le fait que les produits transformés intéressent toutes
les catégories de personnes du milieu, puisqu'il s'agit de nourritures
et de boissons et d'autre part, par le fait que l'art gastronomique est le
propre des femmes.
· L'agriculture
Elle est pratiquée par la plus grande majorité
des `'chefs cuisine'' enquêtées (77,5 %). En effet, Thian est un
village à habitats dispersés ; ce qui offre la
possibilité aux agriculteurs n'exploitant pas une grande superficie de
terre (les femmes surtout), de trouver un lopin de terre et d'y pratiquer les
spéculations telles que les légumes (crincrin, gombo, tomate,
piment, grande morelle) et les racines (manioc, patate douce). De plus, la
plupart des enquêtées ont leurs époux agriculteurs ;
ces derniers leur donnent, souvent, une portion de terre, à
proximité des leurs, afin qu'elles puissent exercer leurs propres
activités.
Bien que l'agriculture soit le domaine d'activité le
mieux exploré, elle contribue très peu (à hauteur de 9 %)
à la constitution du revenu monétaire des `'chefs cuisine''. Ceci
s'explique par le fait que la plupart des cultures faites sont destinées
à la consommation domestique.
· Vente de produits manufacturés et
prestations de service
La vente de produits manufacturés (tomate en boite,
cube, lait concentré, etc.), à l'instar de l'agriculture,
contribue au revenu des enquêtées à hauteur de 9 %. Cette
activité est exercée par 17,5 % des `'chefs cuisines''. La faible
proportion d'enquêtées exerçant dans ce domaine s'explique
simplement par le faible revenu qu'il génère.
Les prestations de service regroupent la coiffure, la couture,
le ramassage de sable et le remplissage de récipients d'eau pour la
construction d'habitations en dur. Ces activités sont, à l'instar
de la vente de produits manufacturés, menées par 17,5 % des
enquêtées et comptent, également, pour 9 % dans la
constitution de leur revenu. Beaucoup de femmes ne s'adonnent pas à
cette activité car, d'une part, elle est un peu difficile et d'autre
part s'organise en `'circuit fermé''. Sa faible contribution au revenu
total s'explique essentiellement par sa sporadicité.
· Elevage
Dans le village Thian, l'élevage occupe une place non
moins importante. Quarante cinq pour cent (45 %) des `'chefs cuisine''
enquêtées le pratiquent. Les espèces animales
élevées regroupent les petits ruminants (ovins, caprins), la
volaille (poules, canards) et les porcins. Les animaux sont souvent
élevés par leur propriétaire. Mais, il arrive que l'animal
élevé soit le fruit d'un contrat de confiage. Ce type de contrat
d'élevage concerne surtout les petits ruminants et les poules dont
l'élevage est confié à un proche parent ou un ami. Ce
dernier est chargé de leur multiplication et est, en retour,
rémunéré en nature (le tiers des nouveaux nés).
Le système d'élevage est de type extensif, ce
qui favorise l'émergence de certaines épizooties telles que la
peste porcine, la peste aviaire, le charbon bactéridien, la peste des
petits ruminants (PPR) etc. De ce fait, les principales contraintes
liées à l'élevage sont les pathologies diverses, le vol et
les actes de vandalisme. Ces contraintes associées à la
réticence des ménages à vendre leur cheptel si ce n'est en
situations de crises, sont les principales raisons de sa faible contribution au
revenu du ménage (6 %).
· Transfert de la part des parents vivant en
dehors du village ou assistance de personnes extérieures
Il s'agit des dons que les enquêtées
reçoivent de leurs proches, parents, amis et alliés vivant dans
d'autres localités, le plus souvent plus développées. Ces
personnes extérieures sont soit des migrants ou des personnes qui sont
toujours restées dans ces localités plus
développées et qui (re)viennent au village pour une
cérémonie ou une autre raison. 31.7 % des enquêtées
reçoivent ces dons qui comptent pour 4 % dans la constitution de leur
revenu.
· Les autres activités
D'autres activités occupent également les
`'chefs cuisine''. Il s'agit de la revente de produits agricoles, de pain, de
charbon, de bois de chauffe, de balai, etc. Ces activités sont
exercées par 17.5 % des enquêtées et participent pour 11 %
à la constitution du revenu de celles-ci.
CHAPITRE V :
HABITUDES ALIMENTAIRES, CONNAISSANCES ET ATTITUDES DES ENQUETEES RELATIVES A
L'ANEMIE FERRIPRIVE.
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