CHAPITRE V: PRESENTATION DES RESULTATS
Dans ce chapitre, nous présenterons à la fois
les résultats des entretiens et ceux des séances
d'observation.
5.1. Résultats des entretiens
5.1.1. Opinions par rapport aux thèmes
communs
5.1.1.1. Insuffisance de ressources
financières
Pour la mise en oeuvre de la réforme des programmes
selon l'APC dans les ENI, il ressort à l'unanimité des propos des
directeurs centraux, des directeurs des ENI et des responsables de stage que
les ressources financières sont insuffisantes.
Ainsi, Monsieur A.M. (DFIC) décrit cette situation en
ces termes : « Les subventions que l'Etat leur accorde sont
insuffisantes et bien qu'elles soient des établissements à
caractère public et administratif (EPA), les ENI n'arrivent pas à
générer les ressources nécessaires pour leur bon
fonctionnement. Du coup, elles n'arrivent pas à faire face à
toutes les charges notamment la mise en oeuvre des activités de
formation, l'organisation des stages et le déplacement des encadreurs
».
De son côté, Monsieur S.B. (Directeur ENI)
déclare : « En ce qui concerne les ressources
financières, je crois que de mon point de vue, c'est là le point
de blocage. Vous ne pouvez pas espérer un bon enseignement quand vous
donnez trois millions (3 000 000 FCFA) par trimestre pour trois mille (3 000)
élèves-maîtres. Même pour payer les rames de papier,
c'est un problème ».
Pour Monsieur O.G. (Responsable de stage) : « Il y a
un problème de moyens surtout les moyens financiers et c'est pourquoi,
pour le choix des écoles devant accueillir les stagiaires, nous nous
sommes seulement limités à celles qui sont faciles d'accès
».
Sur la question des ressources financières, la plupart
des acteurs qui se sont exprimés ont souligné :
- que les subventions allouées aux ENI sont
dérisoires ;
- qu'il n'existe aucun critère de distinction entre ENI
dans l'allocation de ces subventions, c'est le même montant qui est
alloué à chacune des écoles normales du pays.
5.1.1.2. Insuffisance de ressources
matérielles
A travers les ressources matérielles, nous nous sommes
intéressés au matériel didactique et aux moyens
logistiques disponibles pour le transport des
élèves-maîtres et des encadreurs dans le cadre du stage.
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Par rapport au matériel didactique, la
quasi-totalité des directeurs des études, des encadreurs, des
maîtres du primaire et des élèves-maîtres ont
souligné que les manuels selon l'APC font défaut, ce qui
constitue une contrainte à la mise en oeuvre de la réforme.
Monsieur L.K. (Directeur des études) exprime cela en
ces termes : « Ce qui manque, c'est ce qui doit sortir de la
production de la Direction des curricula, c'est-à-dire les manuels qui
doivent accompagner la mise en oeuvre de l'APC sur le terrain. C'est ça
qui manque, parce que jusque-là ce dont nous disposons, ce sont les
manuels qui relèvent de la PPO. C'est ça le frein ».
Monsieur H.A, l'un des neuf (9) encadreurs interviewés,
soutient la même idée, en affirmant : « Nous n'avons pas
la documentation nécessaire à l'APC, nous n'avons que nos modules
et le curriculum qui contient les compétences. Chaque encadreur se
débrouille pour faire ses recherches sur l'internet pour renforcer ses
capacités et pouvoir y faire face ».
Les enseignants du primaire partagent également cette
idée de manque de manuels selon l'APC. L'un d'eux, Monsieur H.H. affirme
: « Il y a les manuels qui manquent. Cette approche en l'introduisant,
elle devrait être suivie de quelques manuels pour nous guider ».
Monsieur M.M. (enseignant du primaire) ajoute :
« Le manque de manuels fait que les élèves-maitres, quand
ils viennent pour le stage, préparent comme ils veulent ».
Les élèves-maîtres interrogés ont
aussi souligné le même problème de manuels de
référence sur l'APC dans les écoles. Ainsi, Mlle N.F.
affirme : « Les manuels qui sont dans les écoles primaires sont
conçus selon la PPO et il se pose des difficultés quand il s'agit
de présenter des leçons selon l'APC ».
Pour les moyens logistiques, deux responsables de stage sur
trois affirment que les ressources matérielles (logistique pour
l'acheminement des stagiaires et des formateurs, kit pour les
élèves, ...) sont insuffisantes pour permettre une bonne
organisation des stages.
Cette insuffisance est d'abord soulignée par Monsieur
O.G., qui affirme : « Quand on prend le stage en responsabilité
où il faut placer les élèves au loin jusque dans les
écoles rurales, il faut alors suffisamment de moyens notamment la
logistique et quand on sait que l'ENI dispose de peu de véhicules, cela
constitue un véritable problème ».
Ensuite, Monsieur L.M. abonde dans le même sens à
travers cette déclaration : « Au niveau de mon école, il
y a énormément de problèmes à gérer
l'acheminement des stagiaires. C'est surtout le problème de moyens
logistiques, cette année rien que pour le stage en
responsabilité, il y a 1 312 élèves à envoyer dans
les écoles rurales en stage ».
Par contre le troisième responsable de stage ne
déclare pas d'insuffisance de moyens logistiques car l'école a
bénéficié dans ce sens de l'appui d'un partenaire.
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En résumé, les contraintes au niveau des ressources
matérielles s'expliquent par :
- la non-disponibilité de manuels selon l'APC dans les
ENI et les écoles primaires ;
- l'insuffisance des moyens logistiques dans les ENI pour
l'acheminement des élèves-
maîtres à leurs lieux de stage.
5.1.1.3. Insuffisance de ressources
humaines
Sur le plan des ressources humaines, il ressort
essentiellement deux aspects : l'aspect quantitatif portant sur les effectifs
du personnel et l'aspect qualitatif portant sur l'adéquation du profil
des encadreurs par rapport à leur mission d'encadrement.
Concernant le premier aspect, la majeure partie des
interviewés (directeurs centraux, directeurs des ENI, directeurs des
études) a déclaré que les ressources humaines sont
insuffisantes. Ce problème se pose notamment au niveau du personnel
d'encadrement (les formateurs dans les ENI) et du personnel d'appui (gardiens,
manoeuvres, chauffeurs, etc.). Dans la catégorie des directeurs des ENI,
Monsieur B.M. estime que dans son école : « Le personnel
d'appui est vieillissant, les gardiens, les manoeuvres. Quand ils partent
à la retraite, ils ne sont pas remplacés. Présentement,
nous n'avons pas de gardien, c'est un gardien bénévole que nous
avons et que nous supportons sur les ressources de l'école
».
Un des directeurs des études Monsieur A.T. affirme de
son côté : « Si on prend l'exemple de cette année,
nous avons géré toutes options confondues au de-là de 2
500 élèves-maîtres et l'encadrement a été
assuré par 44 formateurs. Faites le ratio, on comprend que la
qualité ne sera pas au rendez-vous s'il faut s'en tenir à
ça. De manière concrète l'insuffisance des encadreurs fait
que le volume horaire n'est même pas respecté par activité
».
Quant au deuxième aspect (l'adéquation du profil
des encadreurs), les mêmes interviewés ont, cette fois-ci,
à l'unanimité soutenu que le profil du personnel d'encadrement
pose problème parce qu'il n'est pas adapté. Les
déclarations suivantes confirment ce point de vue :
Pour Monsieur AM (DFIC) : « Les ENI ont les
ressources qu'il faut, peut-être que les formations reçues ne sont
pas adaptées».
Monsieur K.C. (directeur ENI) abonde dans le
même sens en s'interrogeant : « Du point de vue de la
qualité, lorsque vous regardez la configuration du personnel de l'ENI,
on n'a pas l'impression que c'est un personnel spécialisé. C'est
vrai, nous avons plusieurs catégories d'enseignants qui viennent
à l'ENI pour enseigner. Mais est-ce qu'être enseignant à un
niveau donné suffirait pour être un bon formateur à l'ENI
» ?
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En résumé pour les différentes
catégories ayant répondu à la question portant sur les
ressources humaines, les contraintes évoquées se justifient par
le fait que :
- les formations données aux encadreurs sont insuffisantes
;
- le profil des encadreurs n'est pas adapté ;
- le personnel d'appui (gardien, manoeuvres, chauffeurs, etc.)
est non seulement vieillissant mais également en nombre insuffisant.
5.1.1.4. Environnement pédagogique peu
approprié des écoles primaires
Par environnement pédagogique des écoles
primaires, nous entendons l'ensemble constitué des
éléments suivants : le matériel pédagogique et
didactique, la formation continue dont bénéficient les
enseignants dans le domaine de l'APC, l'approche pédagogique dominante
et les pratiques pédagogiques qui en découlent.
Cette question a été abordée avec les
directeurs des études, les responsables de stage, les encadreurs, les
maîtres des écoles primaires et les
élèves-maîtres. La totalité des personnes
interviewées relevant de ces catégories, ont
déclaré que l'environnement pédagogique des écoles
primaires est peu favorable à l'application de l'APC.
Pour l'un des directeurs des études, Monsieur A.T., le
problème se pose en ces termes : « D'abord en prenant en compte
la pléthore des élèves, il n'est pas rare de trouver 70
à 80 élèves dans la classe où
l'élève-maître effectue son stage. Le temps est aussi
très insuffisant vu le nombre de stagiaires à encadrer. La
deuxième difficulté, c'est par rapport aux maîtres
d'accueil. Compte tenu de la manière dont ils sont recrutés, il
n'est pas rare de trouver un maître d'accueil sans formation initiale.
Qu'est-ce qu'il va donner comme encadrement à l'endroit des stagiaires ?
Étant donné que lui-même n'a reçu aucun bagage
pédagogique ».
Monsieur I.G. (responsable de stage) donne sur la même
situation les explications suivantes : « Les enseignants de
l'école primaire n'ont pas reçu une formation adéquate
selon les principes de l'APC. Au niveau de l'école normale, c'est cette
approche qui est en vigueur , · ce qui fait que nos
élèves quand ils vont en stage dans les différentes
écoles, ils rencontrent des problèmes dans la mise en oeuvre de
la nouvelle démarche. Souvent, il se trouve dans les classes des
maîtres qui n'ont même pas de formation initiale , · ce qui
fait que sérieusement, nous avons un problème auquel il faut
trouver des solutions ».
Pour sa part, Monsieur A.F. (Encadreur) déclare ce qui
suit : « il y a un sérieux problème, nous demandons
à des maîtres titulaires32 d'accompagner nos
élèves-maîtres dans
32 On appelle maîtres titulaires, les enseignants qui sont
déjà engagés à la Fonction publique contrairement
aux
66
leurs classes, or il se trouve que souvent ce titulaire
chargé d'accompagner cet élève-maître n'a même
pas de formation initiale et même s'il a la formation initiale,
peut-être qu'il n'a pas de formation en APC ». Il ajoute
également : « L'autre problème, souvent, c'est
même au niveau des chefs d'établissement. Facilement vous allez
trouver un directeur d'école qui dit non, non. Moi, dans mon
école, on n'applique pas l'APC. Dans ce cas, les élèves
sont contraints d'abandonner l'APC au profit de la PPO ».
S'exprimant aussi sur la question de la formation reçue
en APC, les enseignants du primaire interviewés énoncent les
affirmations suivantes :
Selon Monsieur 11.11. : « La formation est
insuffisante, c'est pourquoi nous disons que c'est une imprégnation. On
s'est juste imprégné de cette approche-là ».
Pour sa part, Monsieur M.B. soutient : « Une seule
formation reçue lors des CAPED ; vraiment c'est ça le
véritable problème car une seule formation pour une approche,
vraiment, ce n'est pas facile ».
L'insuffisance de la formation selon l'APC dans les
écoles primaires explique donc en grande partie la non-appropriation de
l'innovation évoquée par les enseignants dans leurs
déclarations.
Ainsi, Monsieur M.B. exprime cette situation en ces termes :
« Comme je ne maîtrise pas la démarche, il me serait
difficile d'encadrer les stagiaires ».
Un autre enseignant, Monsieur B.S. déclare : «
Même au niveau des encadreurs pédagogiques, l'APC n'est pas
approfondie à plus forte raison au niveau des enseignants
».
Par rapport à l'environnement pédagogique des
écoles primaires, les contraintes les
plus citées par les différentes catégories
interviewées sont:
- le manque de manuels de référence ;
- le manque de formation continue des enseignants en l'APC ;
- le manque de formation initiale pour certains enseignants
contractuels ;
- le chevauchement des deux approches (APC et PPO) dans les
écoles ;
- le refus opposé aux stagiaires par certains chefs
d'établissement pour l'application de
l'APC ;
- le manque de connaissances sur l'approche ;
- les difficultés à pratiquer la démarche
;
- l'absence de l'esprit APC dans les écoles primaires,
terrain d'application de
l'approche ;
autres enseignants qui se trouvent dans le système du
contrat
67
- les difficultés dans l'encadrement des stagiaires selon
l'APC. - la pléthore des élèves dans les salles de
classe.
5.1.1.5. Fonctionnalité des Unités
Pédagogiques (UP)
Sur cette question, les avis sont partagés : d'une part
les groupes des directeurs des études et des encadreurs soutiennent que
les unités pédagogiques sont fonctionnelles et d'autre part le
groupe des directeurs des ENI soutient le contraire.
Au niveau des deux premières catégories,
Monsieur A.T. (directeur des études) affirme : « En termes de
fonctionnalité des unités pédagogiques, ce que j'appelle
les réunions intra UP, il y a des réunions ordinaires et des
réunions extraordinaires ».
Dans le même sens, Monsieur G.D. (Encadreur)
déclare : « Je suis satisfait au niveau de mon UP, les
activités marchent convenablement car les différents membres
revoient ensemble les progressions qu'ils mettent en oeuvre et que
l'interrelation est de mise ».
Par contre, du côté des directeurs des ENI, on
estime que même si les UP ne sont pas fonctionnelles à
satisfaction, des efforts sont entrepris pour améliorer leur
fonctionnement. Ainsi, Monsieur K.C. déclare : « Nous sommes en
train de faire des efforts, pour organiser les collègues, nous avons
mobilisé les collègues pour au moins créer physiquement
les UP, pour que les gens se trouvent au moins au niveau des UP ».
Néanmoins, il convient de souligner au sujet des
unités pédagogiques, que la tenue de réunions ordinaires
et extraordinaires ne suffit pas à déterminer avec
précision leur fonctionnalité. Pour cela, seuls des
critères précis sur la régularité des
réunions, les thèmes traités au cours de ces
réunions, les décisions prises et appliquées peuvent
permettre de tirer des conclusions valables relativement à cette
fonctionnalité.
5.1.1.6. Non-effectivité de
l'interdisciplinarité
Contrairement à la fonctionnalité des
unités pédagogiques, la grande majorité des directeurs
généraux, des directeurs des études et des encadreurs
affirme que l'interdisciplinarité n'est pas effective dans les ENI.
Dans le groupe des directeurs généraux, Monsieur
K.C estime que : « Pour le moment, il y a des débats qui
demandent à être soutenus, à être
développés pour que l'interdisciplinarité soit une
réalité ».
S'exprimant à son tour, Monsieur S.B. (directeur ENI)
estime qu'il s'agit : « de sensibiliser aussi les encadreurs pour
qu'ils acceptent ça (l'interdisciplinarité), il faut les assurer
que ce n'est pas de la peine perdue et que c'est une bonne chose
».
68
En plus, au niveau des directeurs des études, Monsieur
L.K soutient cette idée de façon un peu plus nuancée :
« C'est pour ça que je vous dis que c'est la dose, on ne peut
pas dire que l'interdisciplinarité est absente mais elle n'est pas
suffisante. C'est ça le problème. Nous vivons l'esprit de l'APC,
il est à quel degré, c'est le dosage qui fait l'objet d'une
interprétation diverse ».
S'exprimant sur la même question, Monsieur G.D.
(encadreur) annonce aussi ce qui suit : « Maintenant, le
problème qu'il faut souligner au passage, c'est
l'interdisciplinarité ; à ce niveau le problème que
j'entrevois, c'est réel aussi, c'est surtout avec l'UP sociologie avec
laquelle on partage un certain nombre de thèmes. On fait un doublon
».
Pour sa part, Monsieur S.T. (encadreur) déclare ce qui
suit : « Par rapport à l'interdisciplinarité, c'est un
problème. Les unités pédagogiques ne se réunissent
que très rarement. Juste à la rentrée, on fait le premier
contact et c'est tout ».
Sur la question de l'interdisciplinarité dans les ENI, les
contraintes soulignées
s'expliquent par :
- la rareté des rencontres ;
- Insuffisance du suivi ;
- le problème de nomination de directeur des études
;
- la reprise des mêmes thèmes par certaines
unités pédagogiques (doublon).
5.1.1.7. Insuffisance du suivi-accompagnement de la
réforme
Le suivi-accompagnement de la réforme relève de
la responsabilité des directions centrales du Ministère.
Cependant, dans les faits, ce suivi n'est pas correctement assuré. Les
catégories des personnes questionnées sur ce sujet à
savoir les directeurs des ENI, les directeurs des études et les
encadreurs ont, à l'unanimité, souligné que pour le
moment, ce suivi n'est pas efficace.
A ce sujet, Monsieur K.C. argumente en ces termes : «
Pour que ce suivi soit efficace, il faut que les accompagnateurs soient
à la hauteur de l'exigence de l'accompagnement parce que
pédagogiquement pour pouvoir accompagner quelqu'un, il faut être
un peu au-dessus de lui intellectuellement parlant. Mais lorsque vous prenez
quelqu'un qui doit accompagner, qui a le même niveau que celui qu'il doit
accompagner, je ne dis pas que ce n'est pas possible, mais ça pose
parfois problème ».
Parlant de certains membres du pool de formateurs
(ceux qui sont chargés d'assurer le suivi-accompagnement), Monsieur
A.T. affirme : « Une fois sur le terrain en présence de
certains encadreurs, l'insuffisance est là, elle est manifeste. Il n'est
pas rare de trouver un
69
accompagnateur dans une situation vraiment inqualifiable
face à des difficultés réelles. Imaginez quelqu'un qui
vient devant des inspecteurs d'enseignements, des chargés
d'enseignement33 et qui sèche pédagogiquement
».
De son côté, Monsieur G.D. renchérit en
ces termes : « Les formateurs quand ils viennent, ils disent qu'ils
sont venus pour l'accompagnement, mais en réalité, ils observent
et ça s'arrête là, puisque l'encadreur qui est censé
être accompagné a le même profil. Il a peut-être
même plus de compétences que celui qui est venu pour
l'accompagner, parce que je vous rappelle que parmi les encadreurs des ENI, il
y en a qui ont des dizaines d'années de pratique, d'expériences
et cela compte ».
Quant à T.H., il s'interroge en ces termes : «
Là, je suis vraiment désolé. Par rapport au suivi que le
Ministère fait dans les ENI, c'est vraiment un suivi vain. Il ne sert
à rien. Il n'y a pas de compétences. Les gens ne sont pas
sérieusement suivis. Il faudrait qu'on sente la présence, mais
quand tu doutes même des compétences de l'accompagnateur, comment
est-ce que tu peux être sérieux dans ce que tu fais »
?
En résumé, selon les opinions des
différentes catégories interviewées sur le suivi de la
réforme, les contraintes qui entravent cette
activité sont :
- le niveau de qualification des membres du pool des formateurs
qui n'est pas plus élevé
que celui des encadreurs ;
- le manque de compétences pour assurer ce suivi ;
- la non-régularité dans le suivi ;
- le manque de formation pour certains accompagnateurs ;
- la longue expérience des encadreurs dans les ENI
d'où la nécessité que ce suivi soit
aussi assuré par des personnes expérimentées
aussi.
5.1.2. Opinions par rapport aux thèmes
spécifiques
5.1.2.1. Raisons du choix de l'option
pédagogique
Au Niger, il y a l'APC actuellement mise en oeuvre dans les
ENI et l'APS qui est l'approche que les autorités ont finalement retenue
pour l'ensemble du système éducatif. Chacune de ses deux
approches a ses partisans et ses détracteurs.
Les arguments justifiant le choix de l'APC se
réfèrent aux limites de la PPO et au progrès de la
science.
33 Un chargé d'enseignement est un
fonctionnaire de l'Etat recruté sur la base de la licence ou la
maîtrise (ou un autre diplôme équivalent) pour servir dans
le domaine de l'éducation ou de la formation.
70
Ainsi selon Monsieur A.M. (DFIC) : « La
pédagogie comme toute autre science évolue, la PPO a fait son
temps mais elle a aussi montré ses limites, ce qui fait qu'elle doit
être remplacée par d'autres approches plus porteuses
».
Quant au choix de l'Approche par les situations, l'argument
majeur se réfère au constat d'échec de l'APC en
expérimentation dans plusieurs pays. Ainsi, pour Madame R.B. (DCIP) :
« En 5, 6 ans, les choses ont évolué et tirant les
leçons des échecs des autres pays par rapport à l'APC, les
autorités nigériennes ont choisi d'opter pour
l'APS».
Il ressort donc des propos des directeurs nationaux
concernés une divergence importante sur l'appréciation des
différentes approches (APC et APS).
Dans ce sens, le défenseur de l'APC, Monsieur A.M.
(DFIC) affirme ce qui suit : «l'APC triomphera parce qu'elle est
déjà implantée. Dans toute la sous-région, c'est
l'APC, on ne peut pas échapper. L'APC s'imposera. Toute reforme à
ses petits problèmes par ci par là, je suis convaincu que l'APC
va s'imposer, c'est l'ère du temps et surtout dans notre
sous-région ».
Tel n'est pas le point de vue de Madame R.B. (DCIP) qui se
positionne pour la deuxième approche (APS) : « On ne peut pas
faire les programmes d'études des ENI tant qu'on n'a pas le programme
d'étude du primaire, parce que les enseignants qui vont sortir vont
enseigner dans le primaire, donc, il faut qu'il ait ces programmes-là.
Il y a beaucoup d'insuffisances par rapport aux programmes d'études
selon l'APC des écoles normales. Ils disent (parlant de la DFIC) que
c'est l'APC. Nous, à notre avis ce n'est pas tellement l'APC
».
De là, on comprend aisément que les deux
Directions n'ont pas les mêmes positions par rapport au choix de l'option
pédagogique pour la réforme. Cette contradiction au niveau
décisionnel le plus élevé quant à l'approche
à appliquer a conséquemment de répercussions sur la
pratique de l'APC sur le terrain.
5.1.2.2. Divergences au sujet de la tutelle du suivi
de la réforme
Concernant la tutelle du suivi de la réforme, il est
aussi apparu des divergences dans les points de vue des directeurs centraux
concernés, c'est-à-dire le directeur de la formation initiale et
continue (DFIC) et la directrice des curricula et de l'innovation
pédagogique.
Par rapport au suivi de la mise en oeuvre de la
réforme, au niveau de la Direction de la Formation Initiale et Continue
(DFIC), on pense qu'il est effectif à travers une équipe mise en
place appelée pool de formateurs nationaux. Dans ce sens,
Monsieur A.M. affirme : « Les
71
membres du pool des formateurs ont accompagné les
encadreurs dans la mise en oeuvre de l'APC, ils ont produit beaucoup de
documents et ils sont allés sur le terrain pour former ces enseignants
à l'utilisation des documents produits ».
Par contre, Mme R.B. (DCIP) estime que, par rapport à
la tutelle du suivi de la réforme, il s'est posé un
problème de prérogative. Elle exprime cela en ces termes :
« C'est la Direction de la Formation Initiale et Continue (DFIC) qui
était embarquée dans cette réforme, pourtant il y avait
une Direction des curricula ».
5.1.2.3. Difficultés de l'application de l'APC
lors des stages terrain
Du point de vue de la grande majorité des neufs (9)
élèves-maitres interviewés, l'application de l'APC lors du
stage comporte des difficultés majeures.
Dans les propos de Mlle N.F., il ressort cette affirmation :
« C'est l'APC que nous appliquons mais pas
dans toutes les leçons parce que dans certaines leçons, c'est
difficile de le faire ». Pour sa part, Monsieur M.M. s'exprime en ces
termes : « Nous appliquons la démarche qu'on nous a apprise
mais si le titulaire nous dit que leurs élèves ne comprennent
pas, nous sommes obligés d'abandonner notre démarche (APC) pour
adopter la leur ».
Monsieur A.M. déclare de son côté :
« Nous-mêmes on n'a pas tellement compris ça
(APC)».
En résumé, les contraintes liées à
l'application de l'APC par les élèves-maîtres lors du
stage sont dues :
- aux difficultés d'application de l'APC dans toutes les
leçons ;
- à l'insuffisance de l'encadrement de la part des
maîtres d'accueil qui ne maîtrisent pas
l'APC ;
- au problème de compréhension de la
démarche ;
- à la non-maîtrise des situations-problèmes
;
- au refus opposé par les chefs d'établissement
pour l'application de la nouvelle
démarche qu'est l'APC.
5.1.2.4. Insuffisance du suivi de proximité
assuré par le directeur des études
Le suivi de proximité ou suivi interne relève de
la responsabilité du directeur des études. Son but est de
s'assurer de la bonne exécution des activités pédagogiques
dans les salles de classe. Cependant, dans les faits, ce suivi présente
beaucoup d'insuffisances.
Les directeurs des études et les encadreurs qui ont
répondu à cette question ont tous confirmé les
difficultés rencontrées dans l'exécution de cette
activité.
72
D'abord au niveau de la catégorie des directeurs des
études, Monsieur L.K. affirme : « Notre passage dans les
classes en qualité de directeur des études est très
souvent mal perçu par certains encadreurs, mal perçu parce que
nous n'avons pas la qualification d'inspecteur ; nous sommes directeurs des
études et il n'y a aucun papier, aucun texte qui nous autorise à
agir en inspecteur ».
Quant à Monsieur L.K., Monsieur A.T., il argumente dans
le même sens : « Le suivi des activités dans les classes
est effectué pour dissuader. Il n'a pas un rôle purement
pédagogique parce que le directeur des études n'est pas
suffisamment outillé pour être à l'aise face à une
situation d'accompagnement des différents encadreurs ».
Dans la catégorie des encadreurs, Monsieur G.D.
souligne : « Un directeur des études, il faut qu'il soit
capable de comprendre de manière transversale tout ce qui se passe du
point de vue académique, pédagogique et didactique et même
du point de vue de la programmation. Il faut qu'il soit à même de
tout comprendre. Quelle que soit sa qualification, le poste nécessite
des formations assez rapprochées et assez denses ».
Enfin un autre encadreur, Monsieur H.A., ajoute : «
Le directeur des études a le profil, il a les compétences mais le
problème, c'est qu'il y a aussi la question du temps. L'aspect
administratif prend le dessus sur l'aspect pédagogique ».
Concernant le suivi de proximité, les contraintes se
résument aux points suivants :
- manque de qualification des directeurs des études pour
la tâche;
- insuffisance des textes en la matière;
- manque de temps ;
- caractère peu convaincant de ce suivi.
5.1.2.5. Difficultés du suivi des
élèves-maîtres en situation de stage
La question du suivi des stagiaires dans les écoles
primaires n'est pas sans lien avec les ressources matérielles et
financières. Du point de vue de la grande majorité des
responsables de stage, la rareté des ressources matérielles et
financières fait que certaines activés programmées dans le
cadre du stage ne sont pas réalisées.
Pour O.G., « Quand on envoie les élèves
en stage, normalement, il y a deux suivis. Le suivi conseil et le suivi
évaluation mais faute de moyens financiers, un seul est
réalisé ».
De son côté, L.M., explique que le nombre de
jours programmés pour le suivi et l'évaluation des stagiaires est
de plus en plus réduit, ce qui fait que les normes d'encadrement
prévues par les textes ne sont pas respectées par les encadreurs.
La déclaration suivante confirme son propos : « L'encadrement,
cette année a causé énormément de problème.
Le
73
ratio d'un encadreur c'est trois (3) élèves
par jour à encadrer mais compte tenu des moyens qui sont très
difficiles, on va jusqu'à 5, 6 élèves-maîtres par
jour. Ça a été un calvaire le problème de moyens
cette année ».
Toutefois, dans l'une des trois ENI qui constituent notre
terrain d'étude, le suivi des élèves-maîtres en
situation de stage est correctement assuré. Ainsi, Monsieur I.G. assure
que dans son ENI, en plus du suivi-conseil et du suivi-évaluation, le
suivi-administratif est assuré et que le ratio de trois
élèves-maîtres par jour à encadrer est
respecté. Aussi, ajoute-t-il, pour des jours comme mercredi où on
travaille uniquement dans la matinée, un encadreur évalue tout au
plus deux élèves-maîtres. Il explique cette situation
favorable par l'appui financier reçu de la part du partenaire
financier.
Les maîtres d'accueil doivent aussi suivre et encadrer
les stagiaires mais sur ce point, la grande majorité
d'élèves-maîtres interviewés a aussi soutenu que cet
encadrement présente beaucoup d'insuffisances.
Dans ce sens, Monsieur M.A. affirme : « Cet
encadrement est insuffisant ».
Quant à Monsieur S.S., il dit : « Il y a parmi
les titulaires qui ne corrigent même pas les erreurs des stagiaires quand
ceux-ci dispensent les cours ».
Par contre, une minorité de ces stagiaires soutient que
leur stage est même bénéfique pour les maîtres
d'accueil qui apprennent à travers eux l'APC. Mlle N.F. confirme cette
idée en ces termes : « Quand nous appliquons l'APC les
titulaires apprennent avec nous. Parfois, ils posent même des questions
».
En résumé, les contraintes liées au suivi
des élèves-maîtres en situation de stage
s'expliquent par :
- l'insuffisance des ressources matérielles et
financières ;
- le non-respect du ratio de trois (3)
élèves-maîtres à suivre et à évaluer
par jour ;
- l'insuffisance du nombre de jour prévu pour le
suivi-évaluation des stagiaires ;
- la non-effectivité de tous les types de suivi (suivi
administratif et suivi conseils et
suivi-évaluation) ;
- l'insuffisance de l'encadrement de la part des maîtres
d'accueil.
5.1.2.6. Difficultés de l'évaluation des
compétences des élèves-maîtres
L'évaluation des compétences des
élèves-maîtres à l'issue des activités
d'enseignement-apprentissage continue à poser des problèmes dans
les ENI. Pour la majeure
74
partie des Directeurs des études et des encadreurs
interrogés sur la question, les compétences ne sont pas
évaluées, ce sont plutôt les ressources qui font l'objet
d'évaluation.
Monsieur S.A. (Directeur des études) constate qu' :
« Actuellement, que ça soit
l'évaluation faite en classe ou aux examens, les compétences ne
sont pas évaluées. Ce sont les ressources qui le sont ».
Il continue : « Après cinq années de mise en oeuvre
des programmes selon l'APC, normalement les encadreurs devraient être en
mesure d'évaluer les compétences et pas seulement les ressources
».
Sur la même question, un des encadreurs, Monsieur A.I.
déclare : « Le principal facteur qui bloque l'évaluation
des compétences, c'est l'absence de l'interdisciplinarité car ce
n'est pas une seule UP qui doit évaluer les compétences. Pour
aller vers l'évaluation des compétences, les différentes
UP doivent se retrouver dans le cadre de l'interdisciplinarité
».
Toutefois, parmi une infime partie des encadreurs qui a
avoué que les évaluations portent sur les compétences,
Monsieur G.D. a évoqué que pour sa part, le plus souvent, les
évaluations qu'il fait, ressemblent à des
situations-problèmes et à des situations d'intégration.
Sur l'évaluation des compétences, les
problèmes les plus évoqués par les deux
catégories (Directeurs des études et encadreurs)
sont les suivants par ordre de fréquence de
citation :
- l'absence de l'interdisciplinarité ;
- l'insuffisance de formation continue ;
- les effectifs pléthoriques des
élèves-maîtres dans les classes ;
- le curriculum qui n'est pas encore stabilisé.
5.1.2.7. Manque d'évaluation de la
réforme
S'agissant de la question de l'évaluation de la
réforme, tous les directeurs centraux et les directeurs de ENI ont
reconnu à l'unanimité que depuis le début de sa mise en
oeuvre en 2008, jusqu'à cette date, la réforme n'a
jusque-là fait l'objet d'aucune évaluation. En lieu et place
d'une évaluation en bonne et due forme, tout ce qu'il y a eu, ce sont
des discussions informelles, verbales pour dire qu'ici ça marche, ici
ça ne marche pas.
L'un des directeurs centraux, Monsieur A.M. déclare :
« Nous avons toujours accompagné les
encadreurs sur le terrain pour voir comment ils mettent en oeuvre l'APC, mais
faire une évaluation pour dire voilà ce que l'APC a donné,
non et Dieu seul sait qu'il y a des difficultés. On n'a jamais senti la
nécessité d'évaluer, les problèmes sont là
mais vraiment, je ne peux pas vous dire pour quoi on n'a pas pensé
à évaluer cette mise en oeuvre ».
75
Monsieur K.C. (Directeur ENI) confirme cet état de fait
en ces termes : « Au Niger, une réforme n'est jamais
évaluée, demain on va vous dire que c'est une autre qui commence
».
5.1.3. Synthèse récapitulative des opinions
des interviewés
La synthèse récapitulative des opinions de tous les
interviewés fait ressortir les contraintes
majeures que nous présentons ci-dessous en
commençant par celles qui sont les plus citées
dans les différents entretiens réalisés :
? Insuffisance des ressources
matérielles
Cette insuffisance est illustrée par :
- le manque de manuels, de guides de préparation, du
matériel didactique selon l'APC et
de livres pour élèves ;
- l'insuffisance des moyens logistiques pour le transport des
élèves et des encadreurs
pendant la période du stage.
? Environnement peu favorable des écoles
primaires
Cette situation s'explique par :
- le chevauchement des deux approches ;
- l'insuffisance de la formation continue en APC pour les
maîtres d'accueil ;
- le manque de manuels selon l'APC ;
- la pléthore des élèves dans les classes
;
? Insuffisance des ressources financières, dues
à
- l'insuffisance des subventions accordées par l'Etat.
? Inefficacité du suivi-accompagnement de la
réforme
Les points suivants expliquent cette contrainte :
- la non-adaptation du profil des accompagnateurs ;
- le manque de compétences des accompagnateurs;
- la non-régularité dans le suivi.
? Non-effectivité de
l'interdisciplinarité
Cette contrainte est mise en exergue par :
- la rareté des rencontres ;
- le problème de nomination des directeurs des
études
- la reprise des mêmes thèmes par certaines UP ;
- la non-harmonisation des évaluations.
·
76
Insuffisances des ressources humaines, dues à
- l'insuffisance d'encadreurs et du personnel d'appui.
· Inadaptation du profil des encadreurs car
- la formation de base ne cadre pas avec l'emploi.
· Insuffisance du suivi de proximité
assuré par le directeur des études
Cette insuffisance s'explique par :
- l'insuffisance dans les textes ;
- le manque de temps pour les directeurs des études ;
- l'insuffisance dans la formation des directeurs des
études.
· Compétences non
évaluées
- l'évaluation porte surtout sur les ressources.
· Manque d'évaluation de la
réforme
· Démarche APC non maitrisée sur
le terrain, due à - l'insuffisance de la formation continue
;
· Encadrement des maîtres d'accueil
insuffisant car - ne maîtrisant pas eux-même la
démarche.
· Fonctionnalité des UP : avis
partagés
- pour les DG des ENI, les UP ne sont pas fonctionnelles ;
- alors que pour les directeurs des études et les
encadreurs, les UP sont fonctionnelles.
5.2. Résultats des séances
d'observation
Afin de confronter les informations recueillies auprès
des élèves-maîtres à celles des maîtres
titulaires à travers les entretiens, nous avons effectué quelques
visites de classe au moment où les élèves-maîtres
étaient en stage. Cela nous a donné l'occasion de les voir en
situation réelle de classe et de constater par nous-mêmes les
démarches pédagogiques qu'ils privilégiaient dans les
classes et les difficultés auxquelles ils étaient
confrontés dans leurs pratiques de classe.
Au total, nous avons réalisé trois (3)
séances d'observation dans les disciplines de français et
mathématiques. Ces observations ont concerné les
présentations de trois (3) stagiaires. L'une des séances a
porté sur la présentation d'une leçon en français
et les trois autres ont concerné deux leçons en
mathématiques.
Nous présentons ci-dessous, les résultats de ces
observations
77
5.2.1. Résultats de l'observation de la
séance dirigée par Mme M.M.
Tableau n° 5 : Résultats de
l'observation d'une séance sur le tracé de segments à
l'aide d'une règle
Stagiaire : Mme M.M.
Lieu d'observation : école Soura Sarkin
Galma
Classe : CE1
Maître/Maîtresse d'accueil: Mme
A.I.
Discipline:
mathématiques/géométrie
Activité en cours : tracé de
segments à l'aide d'une règle
Date de visite : 9/4/2013
Objet observé : démarches
pédagogiques utilisées par le stagiaire
Début de l'observation : 9h 05
Fin de l'observation : 9h 41
|
Catégories
|
Etat d'exécution
|
Commentaires
|
Oui
|
Non
|
Enoncé de la compétence
|
|
x
|
|
Supports didactiques
|
x
|
|
Crayons, règles, papier, etc.
|
Constitution des groupes
|
|
x
|
|
Situation-problème
|
|
x
|
|
Exécution de la consigne
|
x
|
|
La consigne a été exécutée
individuellement par chaque élève
|
Brainstorming
|
x
|
|
|
Travail individuel
|
x
|
|
|
Travail de groupe
|
|
x
|
|
Jeu de rôle
|
|
x
|
|
Interaction élèves/élèves
|
|
x
|
|
Interactions élèves/enseignant
|
|
x
|
|
Restitution
|
|
x
|
|
Exploitation des productions
|
x
|
|
La maîtresse passe élève par
élève
|
Synthèse
|
|
x
|
|
Apports théoriques
|
|
x
|
|
Exercice de renforcement
|
x
|
|
|
Évaluation
|
x
|
|
Absence de tâches complexes
proposées aux élèves
|
Remédiation
|
|
x
|
|
Respect du temps imparti
|
|
x
|
Une bonne partie du temps imparti n'a pas été
exploitée (9 minutes)
|
N.B : la croix (x)
marquée au niveau des échelles indique la prise en
compte où non par le stagiaire de la catégorie dans le
déroulement de la leçon. Lorsque la croix est marquée dans
la colonne oui cela veut dire que cette catégorie est prise en compte
par le ou la stagiaire et lorsqu'elle se trouve dans la colonne non, c'est le
contraire. Cela est aussi valable pour les tableaux 6 et
7.
78
Le tableau n° 5 présente les
résultats de l'observation d'une leçon de mathématiques
dirigée par Mme M.M. sur une activité en géométrie
portant sur le tracé de segments à l'aide d'une
règle.
Tout au long de la séance, nous avons suivi la
stagiaire, à travers les démarches pédagogiques, les
techniques et les stratégies qu'elle met en oeuvre pour conduire sa
leçon, ce qui nous a donné une indication de l'approche
pédagogique (PPO ou APC) privilégiée.
Ainsi, les premiers constats effectués ont porté
sur l'énoncé de la compétence, la
situation-problème et le travail en groupe. A ce niveau nous avons
remarqué que l'énoncé de la compétence était
totalement absent de l'activité. La stagiaire ne faisait
référence à aucune compétence ni dans son cahier de
préparation ni lors de la présentation de la leçon, ce qui
n'est pas surprenant quand on sait que les élèves-maîtres,
même s'ils veulent enseigner selon l'APC sur le terrain de stage, la
première difficulté qui se pose à eux est l'absence d'un
référentiel de compétences officiel. Celui des
écoles primaires n'étant pas encore disponible. Toujours dans la
démarche adoptée par la stagiaire, la situation-problème
et le travail de groupe étaient également absents. Pourtant, ces
deux éléments sont aussi essentiels dans la mise en oeuvre de
l'APC.
Par ailleurs, d'autres éléments ont aussi retenu
notre attention. Il s'agit notamment de l'évaluation et de la
remédiation. Pour l'évaluation, nous avons constaté que la
stagiaire a évalué sa leçon mais, cette activité
importante ne s'était pas faite à travers une situation
d'évaluation. En plus, il faut noter que normalement à l'issue de
l'évaluation, des activités de remédiation auraient
dû être proposées aux élèves qui n'avaient pas
réussi la tâche proposée. Cet élément
était également absent de la démarche surtout que la
stagiaire disposait encore de 9 minutes pour le faire car leçon qui
aurait duré 45 minutes s'est déroulée en 36 minutes.
A travers cette séance d'observation, nous retenons que
Mme M.M. a plus privilégié l'ancienne approche,
c'est-à-dire la PPO car l'entrée dans l'activité ne
s'était pas faite à travers une situation-problème
proposée aux élèves qu'ils devaient traiter en faisant
appel à diverses ressources.
En plus, les activités de l'enseignante ont pris une
large part du temps au détriment des activités des
élèves et des interactions que ces activités pouvaient
susciter non seulement entre élèves/élèves mais
également entre élèves et enseignante.
79
5.2.2. Résultats de l'observation de la
séance dirigée par Mlle F.G.
Tableau n° 6 : Résultats de
l'observation d'une séance sur la conjugaison des verbes être et
avoir à l'imparfait de l'indicatif
Stagiaire : Melle F.G
Lieu d'observation : école Soura Sarkin
Galma
Classe : CE2
Maître/Maîtresse d'accueil: Mme
A.R.
Discipline: Français/Conjugaison
Activité en cours : conjugaison des
verbes être et avoir à l'imparfait de l'indicatif
Date de visite : 17/04/2013
Objet observé : démarches
pédagogiques utilisées par le stagiaire
Début de l'observation : 10h 46
Fin de l'observation : 11h 22
|
Catégories
|
Etat d'exécution
|
Commentaires
|
Oui
|
Non
|
Enoncé de la compétence
|
|
x
|
|
Supports didactiques
|
x
|
|
Phrases au tableau
|
Constitution des groupes
|
|
x
|
|
Situation-problème
|
|
x
|
|
Exécution de la consigne
|
x
|
|
|
Brainstorming
|
x
|
|
|
Travail individuel
|
x
|
|
|
Travail de groupe
|
|
x
|
|
Jeu de rôle
|
|
x
|
|
Interactions élèves/élèves
|
|
x
|
|
Interactions élèves/enseignant
|
|
x
|
|
Restitution
|
|
x
|
|
Exploitation des productions
|
|
x
|
|
Synthèse
|
x
|
|
Faible implication des élèves
|
Apports théoriques
|
|
x
|
|
Exercice de renforcement
|
|
x
|
|
Évaluation
|
x
|
|
Absence de tâches complexes
proposée aux élèves
|
Remédiation
|
|
x
|
|
Respect du temps imparti
|
|
x
|
Dépassement (6 minutes)
|
Le tableau n° 6 décrit les
résultats de la leçon de conjugaison présentée par
Melle F.G. sur l'imparfait de l'indicatif des verbes être et avoir. A ce
niveau également tout comme la leçon qui a porté sur le
tracé de segment, nous avons remarqué qu'il manquait
l'énoncé de la compétence et la
situation-problème.
Pour faire travailler les élèves, la stagiaire
s'est contentée de procéder par questions/réponses, en
privilégiant notamment le brainstorming. A travers la séance, le
travail de groupe n'a pas
80
été utilisé, ce qui fait que toutes les
consignes données ont été travaillées
individuellement par chaque élève. C'est cela qui n'a pas permis
de susciter une véritable interaction entre
élèves/élèves et entre
élèves/enseignante. Dans la phase d'élaboration de la
synthèse, la participation des élèves est restée
aussi faible et les apports théoriques et les exercices de renforcement
ont manqué. En plus, l'évaluation et la remédiation qui
devaient boucler la leçon n'ont pas été travaillées
même si par ailleurs, nous avons remarqué que la stagiaire s'est
donné un surplus de temps d'environ six (6) minutes par rapport au temps
imparti pour la leçon, c'est-à-dire trente (30) minutes.
Globalement pour cette séance de conjugaison, nous
concluons que la stagiaire a privilégié des démarches et
stratégies qui relèvent plus de la PPO que de l'APC parce que les
élèves n'étaient pas confrontés aux tâches
complexes, ce qui a limité leurs productions. L'enseignante s'est juste
contentée de transmettre aux élèves le contenu de la
leçon.
81
5.2.3. Résultats de l'observation de la
séance dirigée par Mr Z.A.
Tableau n° 7 : Résultats de
l'observation d'une séance sur le jeu de couleur (pratique du jeu)
Stagiaire : Mr Z.A.
Lieu d'observation : Garin Daouré
Classe : CE2
Maître/Maîtresse d'accueil: Mme
H.A.
Discipline: Mathématiques/Logique et
raisonnement
Chapitre : jeu de couleurs
Activité en cours : pratique du jeu
Date de visite : 19/4/2013
Objet observé : démarches
pédagogiques utilisées par le stagiaire
Début de l'observation : 8h 34
Fin de l'observation : 9h 29
|
Catégories
|
Etat d'exécution
|
Commentaires
|
Oui
|
Non
|
Enoncé de la compétence
|
|
x
|
|
Supports didactiques
|
x
|
|
Craie de couleur, boîtes de craie vides
|
Constitution des groupes
|
x
|
|
|
Situation-problème
|
|
x
|
|
exécution de la consigne
|
x
|
|
|
Brainstorming
|
x
|
|
|
Travail individuel
|
|
|
|
Travail de groupe
|
x
|
|
|
Jeu de rôle
|
x
|
|
|
Interactions élèves/élèves
|
x
|
|
|
Interactions élèves/enseignant
|
x
|
|
|
Restitution
|
x
|
|
|
Exploitation des productions
|
x
|
|
|
Synthèse
|
x
|
|
|
Apports théoriques
|
|
x
|
|
Exercice de renforcement
|
|
x
|
|
Évaluation
|
|
x
|
|
Remédiation
|
|
x
|
|
Respect du temps imparti
|
|
x
|
Dépassement (10 minutes)
|
Le tableau n° 7 donne les
résultats d'une leçon de mathématiques en logique et
raisonnement. Cette leçon présentée par Mr Z.A. a
porté sur le jeu de couleurs à travers une activité
où les élèves ont eu à pratiquer le jeu. Il ressort
de cette activité que même s'il manquait l'énoncé de
la compétence et la situation-problème, le stagiaire a
donné des consignes qui ont été travaillées par les
élèves en groupe. Ce qui fait dire que les autres étapes
consécutives au travail de groupe ont été
respectées, à savoir la restitution, l'exploitation des
productions et la synthèse. Tout au long de la séance,
l'interaction élèves/élèves et
82
élèves/enseignant était visible.
Toutefois, à ce niveau également, certains éléments
essentiels à l'APC à savoir les apports théoriques,
l'évaluation à travers des tâches complexes et la
remédiation n'ont pas été travaillés par le
stagiaire et cela malgré le dépassement de temps d'environ 10
minutes sur les 45 minutes prévues qui en a résulté.
En conclusion, pour ce stagiaire, on constate que l'esprit APC
est présent dans sa démarche mais la non-prise en compte de
certains éléments comme la situation-problème, les apports
théoriques, l'évaluation et la remédiation n'a pas permis
une mise en oeuvre effective de cette approche.
5.2.4. Synthèse récapitulative des
résultats des séances d'observation
Trois séances d'observation ont été
réalisées dans le cadre de cette étude. L'une a
porté sur une leçon de français et les deux
autres ont concerné deux leçons de mathématiques.
A l'issue de cette observation, les constats suivants se
dégagent :
- il manque un référentiel de compétences
officiel dans les écoles primaires, ce qui
suppose que l'application de la démarche APC ne se base
sur aucune compétence dans
les écoles primaires ;
- le matériel selon L'APC est quasi-inexistant ;
- la phase d'exploration n'est pas introduite à travers
des situations-problèmes ;
- dans l'enseignement-apprentissage, les stagiaires
privilégient la PPO à travers des
techniques telles le brainstorming, les
questions/réponses, le travail individuel ;
- le travail en groupe est peu utilisé ;
- les interactions entre élèves et enseignants sont
aussi faibles ;
- l'évaluation privilégiée par les
stagiaires est de type classique car elles ne se basent sur
aucune situation ;
- les activités d'évaluation ne sont pas suivies
d'activités de remédiation ;
- on constate un chevauchement de démarches
pédagogiques (PPO et APC).
83
? Comparaison de procédures de conduite de
leçon selon l'APC et la PPO Tableau n° 8 : Vue synoptique
de conduite de leçon selon l'APC et la PPO
Selon l'APC
|
Selon la PPO
|
Entrée par les classes de situations et les situations
pertinentes.
|
Entrée par les contenus disciplinaires
décomposés et hiérarchisés.
|
Recherche d'un traitement compétent de
situations basé sur les actions et
les expériences de l'apprenant.
|
Recherche d'une reproduction de
comportements observables basés sur la transmission
de contenus disciplinaires par l'enseignant.
|
Mobilisation d'une pluralité de ressources
(connaissances, habiletés, savoirs, savoir-
faire, savoirs d'expériences,
savoir-être, capacités, etc.) contextualisées et
intégrées.
|
Mobilisation d'un contenu monodisciplinaire morcelé,
enseigné pour lui-même.
|
Des connaissances et des compétences
construites par l'apprenant à travers ses propres
activités et expériences en situation.
|
Des contenus disciplinaires transmis par
l'enseignant, reproduit et restitués
par l'apprenant.
|
Evaluation à partir des tâches complexes en lien
avec la compétence visée.
|
Evaluation des ressources à travers une liste de
questions portant sur des savoirs et des savoir-faire.
|
Source : inspiré de JONNAERT Ph.,
ETTAYEBI M., DEFISE R. (2009). Curriculum et compétences, un cadre
opérationnel, Bruxelles, De Boeck Université, p. 74
L'approche par compétences et la pédagogie par
objectifs, sont deux approches qui utilisent des procédures
pédagogiques distinctes.
Dans l'APC, l'entrée dans les activités se fait
à travers une situation-problème proposée aux apprenants
et qu'ils doivent traiter en se basant sur leurs expériences et en
mobilisant diverses ressources. L'apprenant est alors appelé à
s'impliquer, à s'engager et à collaborer avec ses camarades pour
construire sa compétence. Dans ce sens, l'enseignant devient un guide,
un facilitateur.
Par contre, avec la PPO, il est souhaité de l'apprenant
la reproduction de comportements observables, basés sur la transmission
de contenus disciplinaires par l'enseignant.
84
En plus, en matière d'évaluation des
apprentissages, les deux approches procèdent différemment.
En APC, l'évaluation des compétences est
basée sur le traitement par les apprenants de tâches complexes en
lien avec la compétence visée alors que l'évaluation
à travers la PPO porte sur les ressources à travers une liste de
questions portant sur des savoirs et des savoir-faire. En fait, dans le premier
cas, l'évaluation est globale, dynamique et intégrée alors
que dans le second, elle est fragmentée et
désintégrée.
85
|