2.2.2 Les cognitivistes et l'apprentissage basé sur
le traitement de l'information
Si Skinner utilise le principe Stimulus-Réponse
pour expliquer le phénomène d'apprentissage, les auteurs
cognitivistes basent leurs explications sur les différents processus
internes tels que la pensée et la mémoire. Ils ont donné
des « explications sur l'apprentissage en mettant l'accent sur les
processus mentaux internes que les individus utiliseraient en essayant de faire
une représentation du monde » (Eggen & Kauchak, 1994, p. 305).
Or, pour expliquer le phénomène d'apprentissage des dirigeants,
Mintzberg souligne : « Les écoles de management commenceront
à former sérieusement des managers lorsqu'elles accorderont la
même place à l'apprentissage pratique qu'à l'apprentissage
cognitif. L'apprentissage cognitif est détaché et informatif,
comme le fait de lire un livre ou d'écouter un cours. Certes, le futur
manager doit assimiler un bon nombre de connaissances importantes, mais un
savoir théorique ne formera pas plus un manager qu'il ne forme un
athlète à la natation. Ce dernier se noiera dès qu'il
plongera dans l'eau, si son instructeur ne l'a jamais sorti de la salle de
cours, afin qu'il se mouille, et puisse juger de ses performances »
(Mintzberg, 1999, p. 27). La remarque de Mintzberg nous a amené à
penser qu'il serait possible de trouver la différence entre deux types
d'apprenants appliquant deux modes d'apprentissage différents : l'un,
qui reste dans une salle de classe en adoptant la méthode de «
l'étude de cas »9 où « le cas est une
expérience vécue de façon indirecte...» (Cherubini,
Smith, Goldblatt, Engemann, & Kitchen, 2008, p. 4) et l'autre, qui passe
son temps en dehors de la salle de cours en « vivant » et tirant des
leçons à partir de sa propre expérience). Si les
apprenants ne font
9 La méthode des
cas est l'utilisation de situations dans le domaine des affaires à des
fins pédagogiques (Hammond, 2002)
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qu'absorber les informations, écouter les
opinions des autres, filtrer, stocker les informations, prendre les
décisions, présenter et discuter leurs pensées avec les
autres, acquièrent-ils les mêmes « aptitudes » dans les
deux cas ? Les principes d'apprentissage des auteurs cognitivistes ne semblent
pas tenir suffisamment compte des facteurs intuitifs intervenant dans
l'apprentissage des dirigeants pour répondre à cette
question.
2.2.3 Vygotski, le développement et le concept
quotidien
Parmi les auteurs constructivistes, le travail de Lev
Vygotski, qui a abordé l'apprentissage en mettant l'accent sur
l'interaction entre la personne et l'environnement social nous intéresse
beaucoup. Dans son ouvrage Pensée et langage (1934) Vygotski a
fait clairement la distinction entre les concepts quotidiens (ou
spontanés) et les concepts scientifiques (ou enseignés), qui ne
se développent pas du tout de même façon. Pour illustrer
cela, il a mis en parallèle les deux processus : l'apprentissage de la
langue maternelle (concepts quotidiens) et l'apprentissage d'une langue
étrangère (concepts scientifiques). Selon Vygotski, les concepts
quotidiens sont appris de l'expérience concrète, alors que les
concepts scientifiques sont appris à la suite d'une explication d'un
enseignant (un «médiateur»). Ses distinctions nous ont
amené à l'idée d'appliquer ce principe pour décrire
le processus de l'apprentissage du « leadership » en tant qu'un
concept quotidien, mais non pas en tant que concept scientifique et trouver la
différence entre ces deux schémas. Afin de décrire ce
processus, nous avons décidé de chercher davantage des
publications sur l'apprentissage par l'expérience et sur l'apprentissage
de la situation ou dans une situation donnée.
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