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Le transport et la commercialisation du sable dans la préfecture du Golfe

( Télécharger le fichier original )
par Yobé WORDJO
Université de Lomé  - Maà®trise es lettres et sciences humaines 2008
  

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II / LES IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES ET
ENVIRONNEMENTAUX DE L'ACTIVITE DU SABLE

A / Les impacts socio-économiques

1 - Les exploitants

Les résultats de nos enquêtes nous permettent de classer les revenus des exploitants en

deux catégories à savoir ceux du littoral et ceux des carrières périphériques.

Les revenus journaliers des exploitants du littoral se situent entre 30 et 35 000 francs CFA. Il s'agit en fait de propriétaires de camion qui emploient des chauffeurs. Compte tenu du fonctionnement de l'exploitation sur le littoral, tous les chauffeurs sont des exploitants. Les revenus engrangés sont ensuite versés aux propriétaires des camions dans le cas où ce dernier (chauffeur) n'en n'est pas propriétaire.

Dans les carrières périphériques cependant, on note des revenus journaliers importants. Cela s'explique par le fait que le sable y est vendu aux chauffeurs. Ainsi dans la carrière du canton d'Adétikopé étudiée, les revenus se situent entre 50 et 90.000 francs CFA et dans celle du canton de Mission Tové, ils varient entre 80 et 100 000 francs CFA. En moyenne, dans ces carrières les exploitants gagnent quotidiennement 80 000 francs CFA.

Ces revenus servent pour la majeure partie à subvenir aux besoins fondamentaux de la famille dont notamment la nourriture. Ils servent aussi à payer les frais de scolarité des enfants surtout que tous les exploitants enquêtés sont mariés et responsables de famille. Il faut noter cependant que ces exploitants malgré leur niveau scolaire peu élevé, ont une vision prospective qui les amène à épargner de l'argent en vue de le réinvestir dans l'achat de nouvelles terres.

2 - Les transporteurs

Les revenus des transporteurs sont aussi variables selon les carrières. En moyenne sur

le littoral, les transporteurs gagnent 45 000 francs CFA par mois (soit des revenus qui se situent entre 20 000 et 70.000 francs CFA). Ces revenus dépendent dans certains cas, du nombre de voyages dans le mois et de la capacité des véhicules.

Dans les carrières de la périphérie, les chauffeurs gagnent en moyenne 35 000 francs par mois. Il faut noter que les revenus dans les deux cas sont fixés par l'employeur et fait donc office de «salaire».

Du point de vue social, ces revenus servent à subvenir également aux besoins en nourriture des chauffeurs et de leurs familles. Ils servent aussi à payer le loyer pour certains et la scolarité des enfants ou des autres membres de la famille (frères, soeurs).

3 - Les ouvriers

Les revenus de cette catégorie d'employés des carrières cachent d'énormes injustices. Nous avons pu nous rendre compte que les revenus des ouvriers du littoral sont les plus bas et sont de 2 200 francs CFA (en moyenne par jour) contre 2 825 francs pour Adétikopé et 3 925 francs pour Mission Tové. Les raisons de cette situation doivent être cherchées dans l'organisation des différents groupes opérant dans chacune des carrières.

TABLEAU N°13 : Revenus journaliers des ouvriers en fonctions des différentes
carrières

Sites

Maximum de
revenus (F/jour)

Minimum de
revenus (F/jour)

Moyenne (F/jour)

Littoral

2

800

1

600

2

200

Adétikopé

3

650

2

000

2

825

Mission Tové

5

500

2

350

3

925

TOTAL

11

950

5

950

8

950

Source : travaux de terrain, WORDJO, 2007.

Ce tableau révèle que les journaliers (ouvriers) gagnent pratiquement les mêmes revenus que les transporteurs sauf qu'ils fournissent plus d'effort.

Sur le littoral, la faiblesse des revenus n'est que la conséquence de l'injustice née du
phénomène de pionnière. Il s'agit en fait d'une sorte d'exploitation instituée et entretenue par
les anciens qui consiste à ce que les sommes des premiers chargements reviennent aux
femmes pionnières (initiatrices du chargement). Ensuite, les revenus des autres chargements
sont répartis proportionnellement au nombre de personnes du groupe y compris ces pionnières.
Pour ce qui est d'Adétikopé, comme nous l'avons dit plus haut, les sous groupes (cinq
personnes au moins) sont indépendants de l'ensemble du groupe des chargeurs. Ainsi, les

revenus engrangés dépendent de l'efficacité des personnes du groupe et ils sont répartis proportionnellement à leur nombre.

Les revenus élevés à Mission Tové sont non seulement la conséquence de l'efficacité du groupe, mais aussi de son organisation. Il s'agit en fait d'un bloc compact au sein duquel tous les membres sont solidaires. Dans ce cas ci, tous les membres du groupe programmé par UTGRAS pour une carrière donnée, reçoivent un revenu proportionnel à leur nombre. Personne ici ne perçoit plus que l'autre. Les revenus sont d'autant plus importants que le nombre de camions chargés est élevé.

S'agissant enfin des impacts sociaux, notons que les revenus outre l'achat de nourriture et le payement du loyer, servent également à se soigner.

A l'issue de cette analyse, il ressort que les personnes qui ont une charge familiale, ont une obligation morale de gagner plus d'argent afin de satisfaire aux besoins de la famille. Ce qui explique le fait que des familles entières se retrouvent dans les carrières. Plus il y a de bouches à nourrir, plus les responsables de famille s'investissent à fond afin de gagner plus de revenus. Il s'agit là de charger le plus de camions possibles pour les ouvriers, d'effectuer le plus de voyages pour les transporteurs et pour les exploitants (périphérie), d'attirer plus de chauffeurs dans la carrière. Il n'est pas rare dans ce dernier cas de figure de voir les exploitants demander aux ouvriers ou aux membres de leurs familles d'essayer de rendre praticables, pour quelque temps, les voies donnant accès aux carrières (surtout en saison des pluies).

+ L'activité du sable en dehors de son apport socio-économique, est créatrice d'emplois. C'est le cas des petits commerces qui s'organisent autour des carrières. Il s'agit entre autres de vente de nourriture, de produits pharmaceutiques (provenant du NIGERIA), de boissons («Sodabi», ou boisson locale «Tchoucoutou») servant de stimulants. Les photos suivantes font ressortir clairement ce phénomène. On peut y

trouver du «Gari», du sucre, des bouteilles d'alcool. Il en est de même pour la seconde où on voit une revendeuse de boisson locale.

Photo N°10 : Etalage de marchandises dans un site de Mission Tové

Source : cliché de l'auteur, WORDJO, 2007.

Cette photo présente un étalage de bonne femme où on distingue du « gari », du sucre, de l'arachide et des bouteilles contenant différentes sorte d'alcool ou « sodabi ».

Photo N°11 : Revendeuse de boisson locale à Mission Tové

Source : cliché de l'auteur, WORDJO, 2007.

Cette femme sur la photo est une revendeuse de boisson locale « tchoukoutou ».

L'exploitation du sable, indispensable à la croissance urbaine, laisse cependant des marques dans le paysage.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius