II / LES IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES
ET ENVIRONNEMENTAUX DE L'ACTIVITE DU SABLE
A / Les impacts socio-économiques
1 - Les exploitants
Les résultats de nos enquêtes nous permettent de
classer les revenus des exploitants en
deux catégories à savoir ceux du littoral et ceux
des carrières périphériques.
Les revenus journaliers des exploitants du littoral se situent
entre 30 et 35 000 francs CFA. Il s'agit en fait de propriétaires de
camion qui emploient des chauffeurs. Compte tenu du fonctionnement de
l'exploitation sur le littoral, tous les chauffeurs sont des exploitants. Les
revenus engrangés sont ensuite versés aux propriétaires
des camions dans le cas où ce dernier (chauffeur) n'en n'est pas
propriétaire.
Dans les carrières périphériques
cependant, on note des revenus journaliers importants. Cela s'explique par le
fait que le sable y est vendu aux chauffeurs. Ainsi dans la carrière du
canton d'Adétikopé étudiée, les revenus se situent
entre 50 et 90.000 francs CFA et dans celle du canton de Mission Tové,
ils varient entre 80 et 100 000 francs CFA. En moyenne, dans ces
carrières les exploitants gagnent quotidiennement 80 000 francs CFA.
Ces revenus servent pour la majeure partie à subvenir
aux besoins fondamentaux de la famille dont notamment la nourriture. Ils
servent aussi à payer les frais de scolarité des enfants surtout
que tous les exploitants enquêtés sont mariés et
responsables de famille. Il faut noter cependant que ces exploitants
malgré leur niveau scolaire peu élevé, ont une vision
prospective qui les amène à épargner de l'argent en vue de
le réinvestir dans l'achat de nouvelles terres.
2 - Les transporteurs
Les revenus des transporteurs sont aussi variables selon les
carrières. En moyenne sur
le littoral, les transporteurs gagnent 45 000 francs CFA par
mois (soit des revenus qui se situent entre 20 000 et 70.000 francs CFA). Ces
revenus dépendent dans certains cas, du nombre de voyages dans le mois
et de la capacité des véhicules.
Dans les carrières de la périphérie, les
chauffeurs gagnent en moyenne 35 000 francs par mois. Il faut noter que les
revenus dans les deux cas sont fixés par l'employeur et fait donc office
de «salaire».
Du point de vue social, ces revenus servent à subvenir
également aux besoins en nourriture des chauffeurs et de leurs familles.
Ils servent aussi à payer le loyer pour certains et la scolarité
des enfants ou des autres membres de la famille (frères, soeurs).
3 - Les ouvriers
Les revenus de cette catégorie d'employés des
carrières cachent d'énormes injustices. Nous avons pu nous rendre
compte que les revenus des ouvriers du littoral sont les plus bas et sont de 2
200 francs CFA (en moyenne par jour) contre 2 825 francs pour
Adétikopé et 3 925 francs pour Mission Tové. Les raisons
de cette situation doivent être cherchées dans l'organisation des
différents groupes opérant dans chacune des carrières.
TABLEAU N°13 : Revenus journaliers des ouvriers
en fonctions des différentes carrières
Sites
|
Maximum de revenus (F/jour)
|
Minimum de revenus (F/jour)
|
Moyenne (F/jour)
|
Littoral
|
2
|
800
|
1
|
600
|
2
|
200
|
Adétikopé
|
3
|
650
|
2
|
000
|
2
|
825
|
Mission Tové
|
5
|
500
|
2
|
350
|
3
|
925
|
TOTAL
|
11
|
950
|
5
|
950
|
8
|
950
|
Source : travaux de terrain, WORDJO, 2007.
Ce tableau révèle que les journaliers
(ouvriers) gagnent pratiquement les mêmes revenus que les transporteurs
sauf qu'ils fournissent plus d'effort.
Sur le littoral, la faiblesse des revenus n'est que la
conséquence de l'injustice née du phénomène de
pionnière. Il s'agit en fait d'une sorte d'exploitation instituée
et entretenue par les anciens qui consiste à ce que les sommes des
premiers chargements reviennent aux femmes pionnières (initiatrices
du chargement). Ensuite, les revenus des autres chargements sont
répartis proportionnellement au nombre de personnes du groupe y compris
ces pionnières. Pour ce qui est d'Adétikopé, comme nous
l'avons dit plus haut, les sous groupes (cinq personnes au moins) sont
indépendants de l'ensemble du groupe des chargeurs. Ainsi, les
revenus engrangés dépendent de l'efficacité
des personnes du groupe et ils sont répartis proportionnellement
à leur nombre.
Les revenus élevés à Mission Tové
sont non seulement la conséquence de l'efficacité du groupe, mais
aussi de son organisation. Il s'agit en fait d'un bloc compact au sein duquel
tous les membres sont solidaires. Dans ce cas ci, tous les membres du groupe
programmé par UTGRAS pour une carrière donnée,
reçoivent un revenu proportionnel à leur nombre. Personne ici ne
perçoit plus que l'autre. Les revenus sont d'autant plus importants que
le nombre de camions chargés est élevé.
S'agissant enfin des impacts sociaux, notons que les revenus
outre l'achat de nourriture et le payement du loyer, servent également
à se soigner.
A l'issue de cette analyse, il ressort que les personnes qui
ont une charge familiale, ont une obligation morale de gagner plus d'argent
afin de satisfaire aux besoins de la famille. Ce qui explique le fait que des
familles entières se retrouvent dans les carrières. Plus il y a
de bouches à nourrir, plus les responsables de famille s'investissent
à fond afin de gagner plus de revenus. Il s'agit là de charger le
plus de camions possibles pour les ouvriers, d'effectuer le plus de voyages
pour les transporteurs et pour les exploitants (périphérie),
d'attirer plus de chauffeurs dans la carrière. Il n'est pas rare dans ce
dernier cas de figure de voir les exploitants demander aux ouvriers ou aux
membres de leurs familles d'essayer de rendre praticables, pour quelque temps,
les voies donnant accès aux carrières (surtout en saison des
pluies).
+ L'activité du sable en dehors de son apport
socio-économique, est créatrice d'emplois. C'est le cas des
petits commerces qui s'organisent autour des carrières. Il s'agit entre
autres de vente de nourriture, de produits pharmaceutiques (provenant du
NIGERIA), de boissons («Sodabi», ou boisson locale
«Tchoucoutou») servant de stimulants. Les photos suivantes font
ressortir clairement ce phénomène. On peut y
trouver du «Gari», du sucre, des bouteilles d'alcool.
Il en est de même pour la seconde où on voit une revendeuse de
boisson locale.
Photo N°10 : Etalage de marchandises dans un site
de Mission Tové
Source : cliché de l'auteur, WORDJO,
2007.
Cette photo présente un étalage de bonne femme
où on distingue du « gari », du sucre, de l'arachide et des
bouteilles contenant différentes sorte d'alcool ou « sodabi
».
Photo N°11 : Revendeuse de boisson locale
à Mission Tové
Source : cliché de l'auteur, WORDJO,
2007.
Cette femme sur la photo est une revendeuse de boisson locale
« tchoukoutou ».
L'exploitation du sable, indispensable à la croissance
urbaine, laisse cependant des marques dans le paysage.
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