B : Lettre de garantie au moment de la livraison.
Lorsqu'à l'arrivée du navire le destinataire ou
son représentant ne sont pas en possession du connaissement, les
transporteurs ont pris l'habitude de livrer la marchandise à condition
que le réclamant souscrive un engagement formel, cautionné
solidairement par une banque, de garantir le transporteur contre toute
réclamation dont il pourrait faire l'objet de la part de tout porteur
régulier du connaissement.
La lettre de garantie contient généralement un
engagement à première demande, illimité dans le temps et
dans son montant, de prendre en charge tous les préjudices directs ou
indirects pouvant découler de l'irrégularité de la
livraison ainsi que les frais de toute nature suscités par
l'opération5.
1 CA Rouen 13 déc. 2001, DMF 2002, p. 522.
2 CA Versailles 25 mai 2000
3 CA Montpellier 14 mars 2000.
4 CA Aix-en-Provence 22 janv 1953. DMF 1953, p.616.
5 Lamy transport 2004, n°512.
A défaut d'une telle garantie bancaire, le transporteur
ne commet pas de faute en refusant de lui livrer la marchandise. Cependant, le
destinataire qui ne dispose pas du connaissement peut tenter d'obtenir la
livraison en entamant une procédure de référé s'il
est en possession d'éléments suffisants pour étayer sa
réclamation1.
Précisons, à titre indicatif, que la lettre de
garantie se trouvera démuni d'effet si le transporteur a volontairement
omis de prendre des réserves à propos d'un défaut de la
marchandise dont il avait ou devait avoir connaissance lors de la prise en
charge2. Cette omission volontaire ne constitue nullement une faute
du transporteur.
C : La constatation contradictoire et l'expertise
La Convention de Bruxelles (art 3§6) et le décret
du 31 déc. 1966 (art 57) autorisent le transporteur à demander
une constatation contradictoire de l'état des marchandises lors de leur
réception, rendant ainsi les réserves inutiles3. Une
telle expertise fait échec à la présomption de livraison
conforme.
« Le transporteur ne peut pas invoquer son absence de
faute ni se plaindre de n'avoir pas été appelé à
une expertise, d'ès lors que le destinataire lui a notifié des
réserves, dont il a accusé réception, et qu'il n'a pas
demandé la constatation contradictoire de l'état des marchandises
»4.
De plus, le transporteur qui ne s'est pas fait
représenter lors d'une expertise ayant eu lieu au lendemain de la
délivrance d'une marchandise, ne peut pas se prévaloir de son
absence de faute et rejeter les conclusions de cette expertise en
prétextant quelles ne lui sont pas opposables5. L'expertise
ne sera opposable au transporteur que s'il y a été
été appelé ou représenté6. En
effet, les juges rendent généralement opposable au transporteur,
les conclusions d'une expertise amiable à laquelle il a
été convoqué même s'il n'a pas souhaité y
participer7.
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