L'intégration républicaine à l'épreuve du lien communautaire: l'exemple des migrants Chinois( Télécharger le fichier original )par Romain Hem-Reun Institut régional du travail social Paris Parmentier - Diplôme d'état d'assistant de service social 2011 |
4. Condition de vie en Francek) La langue, facteur de vulnérabilité(1) Un apprentissage arduL'apprentissage du français pour un chinois est d'une réelle difficulté. Les deux langues sont fondées sur des systèmes profondément différents et ne répondent pas aux mêmes logiques syntaxiques. L'apprentissage paraître pour certains migrants être une épreuve insurmontable. Lorsqu'ils sont lettrés, ils sont habitués à lire des caractères qui sont des idéogrammes ou sinogrammes qui ne sont pas des mots. Un mot pouvant être composé de plusieurs idéogrammes. Il n'y a pas d'alphabet en chinois. Le temps ne s'exprime pas de la même manière également. Tout ceci relève d'une certaine abstraction que les migrants chinois ont du mal à comprendre. La difficulté s'accroît encore lorsque les migrants ne connaissent pas leur propre langue (illettrisme, analphabétisme). Cette méconnaissance totale du français et globalement des langues latines et germaniques est un handicap particulier. Nombreux sont les chinois qui maîtrisent mal l'alphabet, voire qui ne le connaissent pas du tout, puisqu'aucun usage n'en est fait en dehors du milieu scolaire ou de l'usage de la micro-informatique en Chine. Dès lors déchiffrer toute information devient une épreuve. Malgré une volonté affichée d'apprendre la langue, les difficultés d'apprentissage sont importantes. Trois facteurs sociaux peuvent expliquer cela : - Chez lez Wenzhou, Le niveau scolaire est peu élevé. 20% de cette population serait analphabète selon un rapport de Pina Guerassimoff publié en 200213(*). - Le facteur de l'âge : les migrants adultes ont du mal à comprendre une logique linguistique et de pensée aussi dissemblable de celui qu'ils ont connu jusque là. - Les conditions de vie et les projets migratoires : ceux ci influent sur le processus d'apprentissage. En effet, les principaux projets des migrants chinois consistent à travailler à rembourser leur dette puis économiser et prendre en charge leur situation financière en devenant leur propre patron dans le secteur des 3 couteaux le plus souvent. Investir dans un processus d'apprentissage du français reste important mais secondaire. Beaucoup suivent une formation sociolinguistique après avoir travaillé la journée, mais les conditions d'apprentissage sont restreintes dans ces cas là. Les abandons sont nombreux, sans que les compétences de base aient été assimilées. Ces migrants vont alors se contenter du strict minimum pour communiquer avec la société d'accueil et la population extérieure à la communauté chinoise. Ceux-ci mettent en place des stratégies d'évitement par la suite pour éviter de se retrouver dans l'embarras. Un autre facteur semble avoir une influence décisive : le regroupement de nombreux migrants aux mêmes endroits. Alliant la force du nombre et de l'organisation la communauté chinoise offre une alternative de vie qui fonctionne et permet aux migrants d'éviter l'obstacle linguistique. Le modèle d'intégration français attache une importance primordiale à l'apprentissage et la connaissance du français. Les migrants chinois cumulent les difficultés dues à l'écart entre les deux cultures, leur projet de départ et la nécessité de rembourser la dette. L'apprentissage du français demande par ailleurs un investissement qu'ils ne peuvent accorder pour les raisons sus-citées. Ceux-ci se retrouvent fragilisés dans la société. Le sas communautaire leur permet de pallier cette vulnérabilité. * 13 Pina Guerassimoff, « La circulation des nouveaux migrants économiques chinois en France et en Europe », Paris, 2002 |
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