L'intégration républicaine à l'épreuve du lien communautaire: l'exemple des migrants Chinois( Télécharger le fichier original )par Romain Hem-Reun Institut régional du travail social Paris Parmentier - Diplôme d'état d'assistant de service social 2011 |
h) La nécessité du lien filialSelon Jacques Godbout, « la société étatique libère [l'individu] de ses multiples obligations à l'égard de ses parents, de ses enfants, de ses voisins ». L'Etat concourt à « l'affranchissement [...] de l'individu de toute forme de sociabilité non choisie ». L'Etat, puisant dans la solidarité des réseaux sociaux pour fonctionner, abandonne « aux relations marchandes et bureaucratiques10(*) » l'ensemble des obligations sociales. Avec l'État, la sociabilité interne et amicale et les relations ne sont plus synonymes d'intérêt et d'aide financière. Si l'individu a besoin d'argent, il se rend à la banque, s'il a des problèmes financiers ou s'il veut faire garder son enfant, il se tourne vers les services sociaux, etc. Dans la société chinoise traditionnelle, au sein de la population dont les revenus sont faibles, les enfants sont considérés comme une assurance pour l'avenir. Quand la famille choisit la migration, les parents insèrent leurs enfants dans le projet d'enrichissement économique familial dans la mesure où leur propre avenir en dépend. Le rapport d'interdépendance se joue là aussi. Les enfants sont élevés avec un sens du devoir filial, le don de la vie est remercié par les enfants dans le soin accordé à leurs parents âgés. Le sens du devoir familial se joue néanmoins dans la réciprocité puisque les parents doivent prendre soin des enfants jusqu'à l'âge adulte. Cependant, la culture chinoise n'étant pas figé, les bases de socialisation ont évolué depuis la rupture maoïste. i) Aspirations individualistesSelon Jean-Luc Domenach et Hua Changming, « le ciment de l'unité familiale est en bonne partie matériel, les familles donnent l'impression d'être de petites entreprises à la recherche d'un objectif commun : l'amélioration du niveau de vie collectif11(*) ». Depuis 1976 et la fin de la Révolution Culturelle, l'interprétation de la piété familiale n'est plus aussi homogène. Cela se manifeste au travers des rapports intergénérationnels qui résident dans le nouveau pouvoir social et économique détenu par les enfants. Le principe de piété filiale est mis en balance avec l'aspiration au bonheur individuel12(*). Cette valeur fondatrice de l'organisation de la société chinoise tend à s'effriter petit à petit avec l'évolution de la Chine, son ouverture et sa place dans le jeu de la mondialisation. Ce balancement se traduit parfois par l'abandon des parents et oblige l'Etat à légiférer en donnant obligation aux enfants de soutenir les parents. Cependant, et de manière général, cette piété filial demeure néanmoins en Chine. Elle reste un principe auquel les membres de la société se réfèrent. L'héritage culturel des enfants/adolescents chinois dans le processus migratoire est celui d'une interdépendance des membres de la famille pour la subsistance des membres du groupe. Les enfants émigrent pour permettre l'enrichissement économique familial, mettant de côté leurs rêves et projets personnels pour l'avenir. * 10 Godbout Jacques, « Le retour du social », Les Editions du Boréal, Montréal, 1990. * 11 Domenach Jean-Luc, Hua Changming, « Le mariage en Chine », Presses de la fondation nationale des sciences politiques, Paris 1987 * 12 Ibid |
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