L'intégration républicaine à l'épreuve du lien communautaire: l'exemple des migrants Chinois( Télécharger le fichier original )par Romain Hem-Reun Institut régional du travail social Paris Parmentier - Diplôme d'état d'assistant de service social 2011 |
n) Le point de vue de la sociologieLes travaux de l'école de Chicago produit entre 1910 et 1940 constituent les textes fondateurs de la sociologie de l'immigration. Dans la richesse et la diversité de ces travaux, trois schémas d'analyse constituent de véritables référents disciplinaires : Le cycle organisation-désorganisation-réorganisation de Wiliam Thomas et Florian Znanicki ; le cycle des relations raciales de Park et Burgess et l'étude du ghetto de Wirth. (1) Le cycle organisation-désorganisation-réorganisationL'organisation sociale est un ensemble de conventions, d'attitudes et de valeurs collectives qui l'emporte sur les intérêts individuels d'un groupe social. La désorganisation sociale qui correspond à un déclin de l'influence des règles sociales sur les individus, se manifeste par un affaiblissement des valeurs collectives et par un accroissement et une valorisation des pratiques individuelles. A cette période de désorganisation fait suite une réorganisation, sans pour autant que le groupe d'immigrants soit totalement assimilé au groupe d'accueil. Selon Fabienne Leconte ce modèle était efficient pour les populations migrantes d'origine européenne et s'avère caduc pour rendre compte de la situation sociale des populations d'origines non européenne : « les conditions socio-historique qui ont amené à la migration puis à l'installation d'une population continuent à peser sur son devenir dans le pays de résidence19(*) ». (2) Le cycle des relations racialesBurgess et Park formalise ce cycle dont l'aboutissement est l'assimilation dans Introduction to the Science of Sociology. Ce cycle comporte quatre étapes : la compétition, le conflit, l'accommodation et l'assimilation. Selon Park et Burgess, les migrants entrent en compétition pour l'accès à des ressources, principalement économiques, sous tendant l'idée que la compétition économique est au fondement de l'organisation de la société humaine (de la liberté de commerce et de la formation du marché du travail naîtraient les fondements économiques de la compétition). La deuxième étape est celle du conflit, associé à la compétition. Le conflit cependant suppose le contact entre les individus, la compétition non : « La compétition est une lutte pour une position dans l'ordre économique », tandis que le conflit est une lutte pour le statut social du groupe ou d'un individu : « par le conflit, le groupe minoritaire acquiert une conscience commune de sa culture20(*) ». Park retient surtout du conflit sa fonction socialisatrice grâce au contact social. La troisième étape est celle de l'accommodation qui est le résultat du conflit. Le conflit est suivi d'ajustement qui peuvent prendre des formes diverses telles que le consensus, la régulation législative, l'adoption de nouvelles normes. Les individus doivent alors changer leurs coutumes, leurs habitudes pour être en phase avec ces nouvelles normes. L'assimilation est la dernière étape. Elle est un « processus d'interpénétration et de fusion dans lequel des personnes et des groupes acquièrent la mémoire, les sentiments et les attitudes d'autres personnes et groupes et, en partageant leur expériences et leur histoire, sont incorporés avec eux dans une vie culturelle commune21(*) ». * 19 Fabienne Lecomte, « La famille et les langues, Une étude sociolinguistique de la deuxième génération de l'immigration africaine dans l'agglomération rouennaise, 1998. * 20 Andrea Rea, Maryse Tripier, Sociologie de l'immigration, édition La Découverte, Paris, 2008 * 21 Park, Burgess, Introduction to the Science of Sociology, 1921 |
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