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De l'évolution de la protection des droits politiques des citoyens dans l'Ordre Constitutionnel de la 2ème et 3ème République en RDC

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par Julien BAENI SHEMITIMA
Université de Goma  - Licence 2011
  

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CONCLUSION

Au cours de cette étude portant sur l'évolution des droits politiques des citoyens dans l'ordre constitutionnel congolais de la IIème et IIIème République, il a été développé au Chapitre premier une étude évolutive des textes constitutionnels de la IIème et leur impact sur les droits politiques. Le second Chapitre a consisté dans la recherche de l'efficacité des droits politiques des citoyens sous la Constitution du 18 Février 2006 telle que révisée à ce jour.

En effet, la démarche a consisté à procéder par un double questionnement qui a constitué même l'ossature de cette étude. D'abord analyser les textes constitutionnels qui ont produit un impact positif ou négatif sur l'exercice et la protection des droits politiques. Eu égard à ce problème soulevé, il a été démontré que la plupart des révisions ou modifications constitutionnelles opérées sur la Constitution du 24 Juin 1967 ont eu pour effet d'amenuiser ou de restreindre les droits politiques initialement prévus.

Concrètement, du bipartisme prévu par la Constitution de 1967, on passe au monopartisme institué par la révision du 23 Décembre 1970 consacrant le MPR comme seul parti politique de l'ex-Zaïre. Ainsi, la conséquence est la suppression du droit de créer ou d'adhérer dans un autre parti sous peine de sanction pénale pour trouble de l'ordre public. Aussi, l'institution du parti unique ne rime pas avec les élections pluralistes. Si élections il y a, elles se déroulent dans le cadre d'un seul parti : le MPR. Ajoutons par ailleurs que pouvaient accéder à la fonction publique ou à la gestion d'un service public les seuls partisans du MPR, parti considéré comme le tremplin de tout pouvoir public.

De plus, peut-on révéler que la révision de 1974 supprime la liberté partisane. Tout Zaïrois est obligatoirement membre du MPR (art. 8). Soulevons également l'impossibilité d'exercer certaines libertés publiques à de fins politiques lorsque leur exercice vise à manifester contre le pouvoir établi ou à diffuser une opinion politique contraire à l'idéologie du MPR. De ce qui précède, on peut déduire que les libertés publiques et droits politiques peuvent être exercés dans un Etat libéral et démocratique et sont réduits au néant dans un Etat totalitariste.

Avec le vent de la démocratisation qui souffla dans le pays, une tentative de reforme constitutionnelle sera observée à partir de l'année 1990 ; reforme qui emporte consécration des droits politiques des citoyens. Du monopartisme au multipartisme à trois, l'on constate la reconnaissance de plus en plus de la liberté partisane : le droit de créer, d'adhérer ou non dans un parti, la liberté de participer aux activités et organisations de différents courants politiques. Notons que la reforme envisagée ne se limite qu'au texte juridique, mais en réalité, le même système non favorable aux libertés publiques gouvernait.

Cependant, la véritable reforme des droits politiques est issue de la Conférence Nationale Souveraine. Cette Conférence a permis la participation des citoyens aux affaires politiques à travers le H-CR et a abouti à l'instauration du multipartisme intégral.

Bref, si le droit des suffrages, mécanisme important de la participation politique des citoyens, n'a pas été envisagé dans son exercice, les raisons sont à rechercher dans la nature du système politique et de l'instabilité institutionnelle observée pendant cette période ; l'avons-nous démontré.

La seconde question dans la recherche des mécanismes efficaces de protection des droits politiques des citoyens consacrés par la Constitution en vigueur et par les textes juridiques internationaux ratifiés par la RDC.

Pour rappel, dans la hiérarchie des normes juridiques, la Constitution et les textes internationaux ont prééminence sur la loi et les autres sources de droit. Le droit moderne proclame les droits politiques dans ces textes juridiques suprêmes, fort malheureusement, il n'est pas affranchi des influences politiques de l'acteur principal au pouvoir.

Pour répondre à cette question, il a été précisé que la participation politique se ramène d'une part dans l'exercice du contrôle des gouvernants par les gouvernés de façon directe ou par l'intermédiaire de leurs représentants ; d'autre part, à la possibilité offerte aux gouvernés à devenir un jour gouvernants.

De ce qui précède, l'on a pu démontrer que dans un Etat démocratique comme se veut la RDC, seules les élections libres et pluralistes permettent une participation effective et générale des citoyens. Ainsi, le citoyen qui brigue un mandat politique se trouve dans l'obligation non seulement de rendre compte au détenteur légitime qui lui a conféré son pouvoir, mais aussi de quitter ce pouvoir lorsqu'intervient la fin de son mandat.

En outre, l'exercice de certaines libertés publiques par les citoyens et même les partis politiques facilite le contrôle direct sur les gouvernants. Illustrons cela par l'exemple d'une pétition permettant aux citoyens de revendiquer un droit ou une mesure à l'autorité publique (art. 27 de la Constitution de 2006). L'autre mécanisme de contrôle direct consiste à soumettre l'élaboration des normes constitutionnelles au référendum.

Par ailleurs, il découle de la lecture des textes internationaux l'existence des droits spécifiquement politiques, c'est-à-dire les droits exercés par les nationaux remplissant les conditions générales établies par la loi. L'on note à ce sujet le droit générique de participation des citoyens à la vie politique, le droit d'accéder aux fonctions publiques et enfin la liberté partisane.

Bien que consacrés par la Constitution et les textes internationaux, l'exercice des droits politiques est confronté sur le plan pratique à d'innombrables difficultés. Celles-ci tiennent à l'absence d'un cadre légal fixant les modalités d'exercice des droits et libertés publiques et au déficit de socialisation des gouvernants et des membres des partis politiques à l'apprentissage démocratique. Il importe alors que le législateur y pourvoie rapidement par l'adoption des lois d'application des dispositions constitutionnelles (art. 122 al. 1).

De plus, à coté de la compétence législative, le Parlement assure le contrôle de certains actes de l'exécutif (art. 100). Ce contrôle permet en principe aux représentants du peuple de protéger les droits et libertés contre les abus de l'Administration.

Par ailleurs, la protection des droits politiques par le juge suppose qu'il soit mis en place des juridictions administratives au sein de l'Etat. La doctrine nous renseigne que les actes de gouvernement ne peuvent faire l'objet d'un recours contentieux. Par contre, certains actes administratifs sont soumis à une légalité. La violation de cette légalité entraine leur annulation par le juge administratif. De même, la loi est soumise au contrôle de la constitutionnalité devant la Cour Constitutionnelle (art. 160).

En dépit du contexte démocratique plus favorable et les mécanismes de garanties institués, certains obstacles empêchent l'exercice paisible et effectif des droits politiques en RDC. Face à cette situation, il a été démontré l'existence de pistes de solution pouvant défier ce problème. Il s'agit entre autres de l'harmonisation des normes juridiques et l'élaboration des lois fixant les garanties fondamentales de l'exercice des droits et libertés ; l'installation effective des juridictions administratives, l'amélioration du système éducatif congolais et enfin la formation civique et politique des citoyens.

Voilà en somme notre conception sur les droits politiques des citoyens en RDC. Toute oeuvre humaine étant imparfaite, nous invitons d'autres chercheurs à approfondir la doctrine sur cette question.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci