De l'évolution de la protection des droits politiques des citoyens dans l'Ordre Constitutionnel de la 2ème et 3ème République en RDC( Télécharger le fichier original )par Julien BAENI SHEMITIMA Université de Goma - Licence 2011 |
§3. Les obstacles à la participation politique des citoyens pendant la IIème RépubliqueD'une façon générale, la participation politique à l'heure actuelle, écrit Georges BURDEAU, se ramène à la mise sur pied des institutions qui véhiculent la pensée des citoyens. Cette affirmation n'est pas à l'abri de critiques étant donné que toutes les institutions ne visent pas la participation des citoyens. Il en est bien d'autres qui concentrent le pouvoir entre les mains d'un seul individu. Les régimes africains en général sont à cet égard révélateurs. Particulièrement au Zaïre, cette pratique s'est nourrie de l'idéologie de l'authenticité, doctrine de la vie politique de la Deuxième République. Ainsi, le présent paragraphe nous aidera à épingler l'impact de l'idéologie de l'authenticité sur la participation politique (1), la concentration des pouvoirs (2) et enfin les obstacles juridiques de participation (3). 1. L'impact de l'idéologie de l'authenticité sur le plan politiqueLa définition du concept « authenticité » selon le Président MOBUTU pourra nous permettre d'aborder ce point. En fait, le Président Mobutu a conçu l'authenticité comme un système des valeurs reconnues et acceptées par la société, système des valeurs qui imprègnent le comportement de l'individu et peuvent même lui dicter un choix contraire à son intérêt. Le Professeur Bayona le rejoindra en écrivant qu'il s'agit de la nécessité vitale de se connaître soi-même de dialoguer avec son univers ambiant et de rechercher les valeurs ancestrales.72(*) Elle n'est pas l'unique du continent, moins encore la première. Elle a subi l'influence de bine d'autres, en l'occurrence l'Ujamaa de J. Nyerere, la Négritude de L.S. Senghor, le Socialisme de Sekoutouré et le Concientisme de N'Khuame Krumah. Toutes ces idéologies sont la conséquence logique de plusieurs conjugaisons qu'a traversé le Continent Africain. Revenant à La conception ci-haut, l'idéologie de l'authenticité couvre toutes les dimensions de la vie nationale : politique, juridique, économique et socio-culturelle.73(*) Mais, seul le domaine politique nous intéresse à présent. Il se résume en trois petits mots que le Professeur LOHATA qualifie de « thématique » de l'authenticité : L'unité (A), l'ordre (B) et l'autorité (C). 74(*) A. L'unitéLes dirigeants africains invoquent généralement ce concept pour désigner l'unité nationale. Pour le Président MOBUTU, « l'unité nationale » serait incompatible avec le multipartisme au Zaïre et c'est pour deux raisons à savoir la multiplicité ethnique et la tradition africaine. Il soutient son argument en disant qu'il n'existe deux chefs dans aucun village africain, l'un au pouvoir et l'autre en l'opposition.75(*) Il déclare que le degré de la démocratie ne dépend pas du nombre de partis politiques, le monopartisme ayant pour rôle de réaliser l'unité nationale et le développement.76(*) En conséquence, conclue-t-il, l'opposition n'a pas de place dans la société africaine. Quid de la notion de l'ordre ? * 72 BOMBOKO EKANGE, La politique en République du Zaïre, Paris, Les Presses de l'UNESCO, 1975, pp. 51-54 * 73 BAYONA Ba MEYA et Al., Authenticité et développement : colloque national sur l'authenticité, Paris, Présence Africaine, 1982, p. 117 * 74 LOHATA TAMBWE, Op. Cit., p. 127 * 75 Idem * 76 REMILLEUX J.L., Mobutu : dignité pour l'Afrique, Paris, Albin, 1989, pp. 83-88 |
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