3.5.7. Facteurs
déterminants de la connaissance médicamenteuse des patients
En évaluant l'influence des facteurs
sociodémographiques et cliniques, les données de la
littérature concernant l'influence éventuelle du lieu de
naissance, de résidence, du niveau d'études ou de la profession
sont contradictoires. L'étude de Bayada et al. ne montre aucun
résultat significatif. Si l'influence de ces facteurs existe, elle est
très probablement marginale (Bauer et al.,2001). Il faut souligner que
l'enquête de Fanello S. et al. a montré que
l'institutionnalisation était un facteur important de dégradation
des connaissances, indépendamment de l'état cognitif et de
l'âge. Ces auteurs imputent ce résultat au mode de dispensation
des médicaments qui sont administrés 3 fois par jour, plus
souvent n'encourageant pas l'effort de mémorisation (Fanello et
al.,2000)
Seul le nombre de médicament semble avoir une influence
significative sur la connaissance du traitement. L'un des déterminants
de la mauvaise observance thérapeutique chez les personnes
âgées cité par tous les auteurs est le grand nombre de
médicaments prescrits. Cette polymédication pose des questions de
mémorisation mais aussi des difficultés pratiques de mise en
oeuvre. Ceci a été trouvé dans d'autres études
(Jeandel et al. 1991 ; Germain et al. 1982). Aux États-Unis
d'Amérique, une étude a montré que la compliance passe de
75% lorsqu'un seul produit est prescrit à 40% pour 4 produits ou plus
(Germain et al. ,1982).
3.5.8. Attitudes des patients
vis-à-vis de l'éducation pharmaceutique
Le niveau de satisfaction des personnes âgées
interviewées au CHUB est très bon. Un résultat semblable a
été trouvé dans une étude faite par Spiers et al.
(2004) auprès de 375 personnes âgées. Bien que le niveau de
satisfaction soit excellent, de nombreuses études ont montré que
la satisfaction générale des patients n'était pas
nécessairement corrélée au contenu des explications et
informations reçues au cours de la visite (Falvo et al. 1988). Dans
l'étude de Wartman la connaissance et la compréhension du
traitement étaient même corrélées
négativement à la satisfaction des patients (Wartman et al.,
1983). Ceci peut être expliqué par le caractère naïf
des patients âgés.
Quant à l'attitude des patients à demander les
informations, deux études ayant traité la même question ont
trouvé les résultats similaires aux nôtres (Ndyisaba,
2003 ; Ntigurirwa, 2004). Ainsi, le souhait d être informé
contraste avec la faible demande d'information observée auprès
des patients. Cette attitude pourrait s'expliquer par le fait que :
Ø La non connaissance de leur droit empêche les
patients de poser des questions ;
Ø La soumission totale du patient qui reconnaît
la compétence du pharmacien ou médecin et le considérant
comme seul juge. Ainsi, ceci a été démontré dans
une étude auprès des patients d'une consultation
hospitalière où ils ont optent de jouer un rôle passif lors
de la partage de décision médicale (Ntigurirwa, 2003 ;
Ntigurirwa, 2004) ;
Ø Les faibles connaissances biomédicales des
patients ne leur permettent pas de savoir les questions à poser et dans
quelles circonstances ;
Ø Les éventuelles mauvaises réactions des
soignants face à un patient exprimant le souhait d'être
informé empêcheraient celui -ci de poser des questions à
l'avenir ;
Ø La peur d'être ridiculisé, la
différence du statut social et la langue ;
Ø Le non encouragement de la part des dispensateurs de
répéter les conseils importants.
|