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Interactions entre élèves inspecteurs lors des activités collaboratives et coopératives en formation initiale

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par Mouhamadou Bamba MBAYE
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (FASTEF) - Certificat d'Aptitude aux fonctions d'Inspecteur de l'Enseignement Elémentaire 2010
  

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1.2 . Le conflit sociocognitif

L'apprentissage apparaît comme un processus complexe qui implique de la part du sujet à la fois un travail au plan psychocognitif, intra-subjectif et des interactions inter-individuelles multiples.

Les travaux sur la théorie du conflit sociocognitif se fondent à l'origine sur l'intuition de Piaget selon laquelle la coopération joue un rôle dans le développement cognitif individuel (Doise et Mugny, 1981). C'est par la suite que de nombreux travaux expérimentaux ont validé cette intuition (Venegas, 1996) et ont permis de développer un modèle de l'apprentissage qui confère aux variables sociales une place considérable dans le processus de développement cognitif.

Doise et Mugny (1981) pensent que le conflit sociocognitif est une hétérogénéité de réponses face à un même problème cognitif. De la confrontation de ces réponses, subvient une réorganisation cognitive individuelle.

Bertrand (1993) affirme que trois principes sont à la base de cette théorie :

v' << la construction des connaissances est nécessairement sociale et repose sur un ensemble d'interactions entre les personnes ».

v' << le conflit sociocognitif est à la source de l'apprentissage ».

v' << la recherche d'un dépassement du déséquilibre cognitif interindividuel provoque un dépassement du déséquilibre cognitif intraindividuel » (pp. 119, 120).

C'est parce que le conflit est social que les personnes en interaction sont amenées à coordonner leurs efforts pour élaborer une nouvelle structure cognitive.

Doise et Mugny (1981) ont décrit comme suit les situations d'interactions qui peuvent conduire à l'émergence et à la résolution de conflits sociocognitifs : le conflit peut provenir de différentes interactions. Il survient souvent lors des rencontres entre individus qui ne disposent pas des mêmes systèmes de réponses. Par exemple, des enfants de niveau cognitif différent se retrouvent facilement en

désaccord sur des réponses spécifiques, dans la mesure où celles-ci (actions, jugements...) découlent de schématismes différents.

Les inférences de Doise et Mugny (1981) sur la théorie du conflit sociocognitif trouvent un écho intéressant dans les travaux antérieurs de Vygotsky (1978), particulièrement dans son concept de zone proximale de développement qui met en évidence le fait que la collaboration entre deux individus de niveau cognitif différent provoque chez celui dont le niveau est inférieur, la maîtrise de schèmes cognitifs nouveaux ainsi que la reproduction ultérieure de ces schèmes dans des situations où elle agit seule.

Ces résultats de recherche nous renseignent sur la complexité des modalités d'émergence et de résolution de conflits sociocognitifs subséquents à la nature de la situation d'interaction sociale.

L'étude de l'émergence et de la résolution de conflits sociocognitifs dans le cadre d'activités d'enseignement s'est surtout développée avec des enfants en âge préscolaire et scolaire (Doise et Mugny, 1981, 1997).

Les travaux sur la même théorie de conflit sociocognitif dans des structures de formation d'adultes pour une professionnalisation restent encore relativement limités même si Bourgeois et Nizet (1997) affirment qu'elle reste un bon moyen pour décrire les mécanismes et les conditions de l'apprentissage des adultes en situation d'interaction sociale.

Buchs, Lehraus, Butera (2006) ont essayé de faire le point sur un ensemble de recherches mettant en évidence les liens entre les interactions qui s'installent dans les petits groupes et l'apprentissage. Ils ont montré que, de ces travaux, il ressort que les échanges d'informations et de ressources favoriseraient le traitement cognitif.

D'abord, parce que résumer des informations oralement serait un moyen efficace d'organiser, d'élaborer les informations et de les retenir.

Ensuite, parce que le seul fait d'enseigner ses connaissances améliore la compréhension de ces informations. Autrement dit, le discours se construirait dans l'interaction.

Ainsi, l'étudiant qui explique une situation à son camarade favorise la construction d'une signification commune de la situation (co-construction) et provoque un enrichissement mutuel.

En outre, dans une perspective socioconstructiviste, les discussions et les conflits stimuleraient la curiosité et la motivation pour apprendre et favoriseraient le travail.

Cette recherche intéressante semble la plus contigüe à ce travail, mais ne fait pas ressortir les hypothèses que l'on a inscrites dans une situation « adidactique » de formation professionnalisante de cadres comme les inspecteurs de l'éducation.

Le défi reste majeur mais intéressant car il est difficile de mettre en place les mêmes schémas expérimentaux classiques comme pour les études avec des enfants.

La formation d'adulte diffère de celle de l'enfant car avec l'adulte, il s'agit de faire face à des situations complexes d'enseignement et d'apprentissage avec l'entrée en matière des facteurs comme l'identité professionnelle, le sentiment de compétence, la motivation personnelle ou les relations sociales entre eux.

Pourtant généralement, les dispositifs d'apprentissage établis dans les écoles de formation d'adultes et les méthodes pédagogiques mises en oeuvre suscitent des discussions, des débats entre les stagiaires. Qu'il s'agisse d'exposés, d'apprentissage collaboratif, des séances d'animation pédagogique, d'études pratiques, les stagiaires sont mis en situation d'interaction sociale. Dans des situations pareilles, les stagiaires entrent en « conflit sociocognitif » parce que leurs conceptions et structures cognitives sont confrontées à des informations perturbantes, incompatibles avec leur système de connaissances préalables.

Cette déstabilisation ou perturbation cognitive engage le stagiaire dans la recherche d'un nouvel équilibre qui tient compte des informations perturbantes.

Par ailleurs, la particularité et l'intérêt de ce travail de recherche réside dans le fait qu'il envisage de mettre en évidence l'importance des interactions sociales dans la professionnalisation des élèves inspecteurs lorsqu'ils vivent de manière spontanée des situations de controverses et de débats hors des cadres institutionnels de formation.

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