b) EmpLois directs
Parmi Les empLois générés par Les
festivaLs, Les empLois directs sont des postes permanents. ILs sont souvent Les
pLus « stabLes >, avec un engagement s'étaLant sur toute
L'année pour Les pLus grands événements. Pourtant, cette
équipe administrative des festivaLs tend à être
réduite à un nombre Limité de permanents. « Parmi
les plus grands festivals, on ne compte en général pas plus de
cinq permanents, à l'exception du Festival d'Avignon qui emploie seize
personnes toute l'année. Quant aux autres, ils n'ont pas ou peu de
permanents >167. En effet, sur deux miLLe cinq cents
personnes participant au Festival Terre Neuvas de BobitaL en
Côte d'Armor, seuLement trois sont rémunérés hormis
Les techniciens intermittents, - Le régisseur généraL, Le
responsabLe de La communication et L'attaché de presse-. IL n'existe
donc aucun saLarié permanent pour Le deuxième festivaL de
musiques actueLLes de France168. Enfin, au Printemps de
Bourges, « l'équipe permanente d'environ sept personnes
est élargie à 214 saisonniers et 650 professionnels du milieu
artistique pendant le mois du festival >169. Mais ces
empLois stabLes ne sont pas toujours systématiques et La
particuLarité saisonnière des festivaLs ne Leur permet pas
d'assurer Leur pérennité, car d'une part, « le recours
au bénévolat est très important, et d'autre part, nombre
de villes apportent leur concours aux festivals qui s'y déroulent en
leur prêtant du personnel municipal>170. En effet, Les
fonctions de sécurité, de montage ou de nettoyage sont
assurées par Les agents municipaux mis à disposition par Les
Mairies.
La mise en oeuvre d'un festivaL demande souvent une Logistique
coLossaLe et créée de nombreux empLois, qui, Le pLus souvent,
prennent La forme d'empLois saisonniers: hôtes et hôtesses,
gardiens, serveurs, ouvreuses, techniciens ou chauffeurs. Leur nombre augmente
de pLus en pLus, faisant des festivaLs un secteur décisif dans certaines
régions comme en Provence ALpes Côte d'Azur, « puisque
quasiment un tiers des festivals français a lieu dans la région
et
167 BENITO (Luc), Les festivals en France: marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 78.
168 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien avec HELLIO (Bertrand), Le 18 septembre 2006.
169 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
35.
170 DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 15.
emploie 30 000 personnes dans le secteur culturel
>.171 De même, Le cas des Eurockéennes de
Belfort en est un très bon exempLe puisque, seLon son directeur,
Monsieur RoLand, « il constitue une des plus importantes sources
d'embauche de l'Est >172. En effet, Le festivaL recrute en
tout un miLLier de personnes : iL empLoie environ cinq cents jeunes de La
région pour des empLois saisonniers variant entre trois jours et un mois
et fait appeL à près de trois cents intermittents (un tiers
recruté par Le festivaL, Le reste par Les sociétés de
production participant à La manifestation)173. Ce festivaL
est donc un des rares à ne pas faire appeL aux bénévoLat,
suivant ainsi une directive poLitique « destinée à
satisfaire les jeunes de la région, le festival doit permettre la
création de « jobs » d'été
>174. En outre, même si La majorité de ces
empLois est précaire et demande peu de quaLification, « ils
constituent quand même une opportunité qu'il faut saisir au profit
des jeunes, qu'ils soient étudiants ou qu'ils rentrent dans la vie
professionnelle ou sont à la recherche d'un bon contrat de travail
>.175
ParadoxaLement, Les festivaLs jouent souvent un rôLe
dans L'insertion sociaLe de personnes en difficuLtés, comme Les
demandeurs d'empLoi de Longue durée et sans quaLification, et ceLa par
Le recours aux contrats empLoisoLidarité.
Permanents, saisonniers, temps partieL ou intermittents, Les
empLois directs générés par Les festivaLs sont donc divers
et bénéficient Le pLus souvent à La popuLation LocaLe.
Enfin, même si La probLématique de Leur statut a
terni queLque peu Leur image depuis ces dernières années, Les
intermittents du spectacLe représentent une part saLariaLe indispensabLe
au bon fonctionnement d'un festivaL. En effet, La réforme du 27 juin
2003176 sembLait nécessaire, car en dix ans, Le nombre de
bénéficiaires du régime a doubLé pour atteindre Le
nombre de quatre vingt
171 SAUZAY (Benjamin), Op. cit., page 50.
172 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
35.
173 Idem
174 Idem
175 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op. cit., page 7.
176 Avant cette réforme, un intermittent du spectacLe
devait travaiLLer cinq cent sept heures dans L'année pour pouvoir
bénéficier de douze mois d'aLLocation chômage. Depuis Le 27
juin 2003, iL doit travaiLLer cinq cent sept heures sur dix mois pour Les
techniciens et dix mois et demi pour Les artistes pour une durée
d'indemnisations réduite, eLLe, à huit mois. In
GALEOTTE, Op.cit.
seize miLLe personnes177. L'été 2003
fût Le théâtre de nombreuses perturbations et annuLations de
festivaLs en réaction au confLit des intermittents du spectacLe. Par
conséquent La première annuLation du 57ème
Festival d'Avignon et de La 19ème édition des
Francofolies. Ces événements ont
révéLés paradoxaLement L'importance économique des
festivaLs pour Les communes où iLs se dérouLent, « ce
qui prouve par l'absurde que, si la culture coûte de l'argent, elle en
rapporte aussi beaucoup... Mais pas aux mêmes
».178
c) EmpLois induits
ParaLLèLement aux empLois directs,
générés au sein même du festivaL, ceLui-ci
génère égaLement des postes permanents ou temporaires
induits dans de nombreux autres secteurs. Ainsi, une étude conduite en
juin 1996 par L'AGFA, fondée sur L'anaLyse des décLarations
d'embauches avant, pendant et après Le festivaL, permet de concLure
qu'iL aurait induit La création de pLus de miLLe empLois ainsi
répartis179 : cent dans Le secteur de L'hôteLLerie et
de La restauration, quatre cents dans Le secteur des transports, nettoyage et
sécurité, cent quatre-vingt quinze dans Les activités
récréatives et cuLtureLLes non associatives, cent seize dans Le
secteur associatif, cinq dans Le secteur de L'édition et de
L'imprimerie, vingt et un pour Les entreprises de La Poste et France TeLecom et
cinquante et un dans Le secteur de La santé. L'exempLe d'Avignon montre
que ces créations d'empLois indirects ne sont réeLLement
perceptibLes et quantifiabLes que pour des festivaLs pérennes et de
renom. De pLus, ces empLois induits ne nécessitent pas de
compétences spécifiques, d'où Le recours fréquent
aux contrats intérimaires ou empLoi-soLidarité.
d) Le bénévoLat
La pLupart des festivaLs suscitent L'impLication de
bénévoLes pour L'organisation de L'événement. Pour
Les petites manifestations, iL permet de
177 ABECASSIS (HéLène) et DEMARI (Jean-CLaude),
« La cuLture en grève », in Le Français dans le
monde, n°330.
178 Idem
179 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 15.
compenser un manque de moyens financiers, faute desqueLs eLLes
ne pourraient avoir Lieux. Les pLus grands festivaLs fonctionnent eux aussi
grâce à La participation de ces bénévoLes : au
Festival Interceltique de Lorient, on compte chaque année
environ quatre cents bénévoLes180. Ceux-ci participent
généraLement à L'organisation technique et, dans une
moindre mesure, à La production artistique. Cette impLication
entraîne un caractère pLutôt vaLorisant chez Le
bénévoLe qui participe ainsi à un événement
cuLtureL d'utiLité coLLective et de surcroît
médiatisée.
Les festivaLs sont donc indiscutabLement
générateurs directs ou indirects d'empLois et sous formes
très diverses. Pourtant, « à l'exception des quelques
postes administratifs, tous les emplois réclamant une certaine
compétence sont assurés par des intermittents du spectacle ou
personnels, souvent extérieurs à la
localité»181. La spécificité des
empLois créés directement ou indirectement par Les festivaLs tend
donc à revoir La nature réeLLe de Leur impLication face au
marché du travaiL LocaL.
ParadoxaLement, L'impLication conséquente de La
popuLation LocaLe dans L'événement, révèLe
L'existence de retombées immatérieLLes directes ou indirectes qui
participent fortement à cet enthousiasme commun.
|