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L'institutionnalisation du pouvoir et l'émergence de l'état en République Démocratique du Congo : 1960-2006

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par Corneille YAMBU -A- NGOYI
Université de Kinshasa - DES 2005
  

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II. Relations entre les institutions.

A. Le Président de la République et le Gouvernement.

A ce point la constitution de la République Démocratique du Congo suscite des curiosités non sans intérêt pratique. L'analyse des attributions constitutionnelles des eux institutions laisse paraître des zones d'ombre sur certaines questions fondamentales. Le Président de la République est-il membre du gouvernement ou non ? qui en est véritablement Chef de l'Exécutif ? Le Président de la République jouit-il de la liberté absolue de mettre fin aux fonctions du Premier Ministre ?

Aussi simple qu'elles puissent paraître, ces questions sont d'un intérêt primordial car les réponses y apportées ont une incidence considérable sur l'objet de notre préoccupation majeure, l'institutionnalisation du pouvoir et la formation de l'Etat au Congo. Depuis l'indépendance, on peut constater que les tentatives d'instauration d'un régime parlementaire aboutit presque toujours à un blocage du mécanisme institutionnel à cause des relations conflictuelles entre un chef de l'Etat théoriquement sans compétence de gouverner et un Premier Ministre Chef de gouvernement théoriquement soumis à l'orientation du Chef de l'Etat. Dans ce jeu les relations entre le Président de la République chef de l'Etat et le Premier Ministre chef de gouvernement ou non ont souvent pesé dans l'échec de la stabilisation du pouvoir et conduit notre pays au désastre. Comme nous l'avons démontré, le conflit Kasa-Vubu - Lumumba et ses conséquences a brisé l'élan du Congo dans l'édification de l'Etat jusqu'en 1964 ; le conflit Kasa-Vubu - Tshombe a ruiné les efforts du constituant de Luluabourg et justifié le camp d'Etat du 24 novembre 1965 par Mobutu et enfin le conflit Mobutu - Tshisekedi a hypothéqué tous les efforts de la conférence nationale souveraine jusqu'à l'anéantissement de deux protagonistes par les Forces de l'AFDL.

Sous la première République, l'on a attribué la crise entre autre aux ambiguïtés de la loi fondamentale dont l'article 22 laisser le champ libre au Président de la République pour révoquer le Premier Ministre, sans se soucier de savoir si celui-là conservait encore la confiance du Parlement.

Revenant à notre interrogation, abordons en les trois aspects :

- Le Président de la République Démocratique du Congo membre du gouvernement ou non ;

L'article 90 de la constitution de la République Démocratique du Congo qui définit la composition du gouvernement ne cite pas le Président de la République comme c'est le cas de l'article 89 de la constitution de la transition du 03 avril 2003.

En effet, l'article 89 alinéa 1 de ce texte dispose : « le gouvernement est composé du Président de la République, des Vice-Présidents, des ministres et vice-ministres ». Tandis que l'article 90 de la nouvelle constitution précitée porte : « le gouvernement est composé du Premier Ministre, de Ministres, de Vice-Ministres et, le cas échéant, de Vice-premier ministres d'Etat et de ministres délégués ». Il est important de bien clarifier la forme de l'Exécutif congolais. Son caractère mono ou bicéphale n'est pas clairement posé en ce sens que l'article 79 fait du Président de la République autorité compétente de convoquer et de présider le Conseil des Ministres, avec possibilité de déléguer ce pouvoir au premier Ministre. Il en découle logiquement que le Premier Ministre qui ne peut convoquer et présider un Conseil que par délégation en cas d'empêchement du Chef de l'Etat ne serait pas à considérer comme le chef de ce Conseil des Ministres qui est en même temps le gouvernement. Cependant là s'arrête la clarté car l'alinéa 2 de l'article 90 est susceptible d'équivoque car il est dit que le « gouvernement est dirigé par le Premier Ministre, chef du gouvernement. En cas d'empêchement, son intérim est assuré par le membre du gouvernement qui a la préséance ». En plus, l'article 91 donne au gouvernement la compétence non seulement de conduire mais de définir la politique de la Nation. Nonobstant l'expression « en concertation avec le Président de la République » ajoutée au terme « définit », il n'est pas facile de voir sans embarras laquelle de deux institutions conçoit la politique de la Nation, entre le Président de la République et le gouvernement d'une part et lequel de deux dirige réellement le gouvernement.

Une tentative de réponse serait que sur le plan hiérarchique, le Président de la République soit le Chef de l'Exécutif mais encore qu'il se situe également au sommet de l'édifice institutionnel non seulement sur base de l'ordre d'énumération de cette institution qui vient occuper la première place à l'article 68 mais aussi du fait du rôle d'arbitrage que lui confère l'article 69 pour le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions. A cela il faut ajouter l'origine électorale de l'un par rapport au Premier Ministre. Cependant ce qui est de la conduite du gouvernement il est difficile de trouver un appui constitutionnel susceptible d'en conférer la conduite au Président de la République dont le contreseing des actes par le Premier Ministre en fait endosser à ce dernier, la responsabilité. Faut-il considérer qu'hormis les domaines de collaboration, le Président de la République joue le rôle d'un monarque régnant, sans gouverner ! Cela nous semble plus logique. Sur ce point nous pouvons dire qu'il y a risque de considérer que l'Exécutif est bicéphale ayant à sa tête le Président de la République et le Premier Ministre. Ce qui pourrait être dangereux dans la mesure où cela conduirait à une lutte de leadership entre le Président de la République et le Premier Ministre comme par le passé.

L'on peut dès lors déduire que le Premier Ministre une fois nommé, et investi avec les membres de son gouvernement ne peut être révoqué par le Président de la République tant qu'il jouit de la confiance du parlement. Il faudra attendre l'installation des nouvelles institutions pour en apprécier le fonctionnement. A cet effet, l'ordonnance dont question à l'article 91, fixant l'organisation du gouvernement et des modalités de collaboration entre le Président de la République ainsi qu'entre les membres du gouvernement sera d'une importance considérable.

B. L'Exécutif et le législatif.

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