L'institutionnalisation du pouvoir et l'émergence de l'état en République Démocratique du Congo : 1960-2006( Télécharger le fichier original )par Corneille YAMBU -A- NGOYI Université de Kinshasa - DES 2005 |
Section 2. Formes du pouvoir.Le pouvoir politique a subit une évolution allant du pouvoir diffus ou anonyme au pouvoir institutionnalisé en passant par le pouvoir individualisé. §1. Le pouvoir diffus et anonyme.Il n'est pas possible de connaître avec certitude la forme sous laquelle se présentait le pouvoir aux origine des sociétés humaines, mais on considère qu'il apparut avec la famille et l'autorité du chef de famille et s'est élargie avec celle-ci à plusieurs personnes jusqu'à la gens romaine, à la tribu et au clan59(*). Cette forme de pouvoir était largement anonyme diffuse dans le cadre de petites unités sociales créant leurs coutumes largement imprégnées religieuses et de superstitions60(*). §2. Le pouvoir individualisé.Selon Max Weber61(*), le pouvoir individualisé est fondé sur les vertus personnelles d'un chef charismatique. Dans ce cas, l'autorité du pays s'incarne non pas dans l'institution mais dans l'homme. Le pouvoir individualisé présente plus d'inconvénients que d'avantages. Burdeau en présente les plus remarquables que nous allons brièvement parcourir. I. La répugnance à concevoir le pouvoir comme un pur phénomène de force.Avec le pouvoir individualisé, la puissance trouve son fondement direct dans celui qui l'exerce. La force, le courage, la subtilité ou la chance du prince sont extérieurement du moins, la source des facultés exorbitantes dont il use. Ses volontés trouvent leur puissance contraignante, dans ses qualités ou sa force matérielle. Bien qu'il puisse par moment faire de son pouvoir un usage qui le justifie, il ne reste pas moins vrai que ce pouvoir lui appartient comme une qualité inhérente à sa personne. Or, avec l'amplification du groupe social les fonctions du pouvoir s'accroissent et les ordres se multiplient. Il s'en suit que pour siéger dans un palais d'où émanent des décisions, suivies d'une police chargée d'en poursuivre l'exécution. Par ailleurs, la complexification de la fonction gouvernementale, implique une prévision de l'avenir et, par là même, la création d'une législation débordant le cadre des préoccupations présentes. Cela rend l'explication du pouvoir par les seules qualités de celui qui l'exerce insuffisante. Ainsi le pouvoir individualisé a comme premier inconvénient de ne pas fournir une explication plausible du pouvoir lui-même62(*). II. Le défaut d'unité juridique de la collectivité.Sur le plan psychologique, on note, une autre insuffisance du pouvoir individualisé ; celle qui tient au défaut d'unité juridique de la collectivité. En effet, l'affermissement du sentiment national, impose la nécessité de concrétiser dans une formule objective cette communauté de vues d'aspirations et de réactions qui fait la nation, de solidariser dans un concept durable, les membres actuels du groupe avec les générations passées et à venir63(*). Il se crée entre les hommes unis par le pouvoir dans l'obéissance, un esprit national. D'où le besoin qu'au delà du chef, être physique passager qui incarne le pouvoir qu'il y ait une idée pour faire écho à une idée : l'idée abstraite du pouvoir au sein d'une entité nationale abstraite.
* 59 Lire dans ce sens, Mpongo, (E.), op cit, p. 147. * 60 Idem * 61 Cité par Niemba (S.J.), op.it, p. 19. * 62 Burdeau, G., op.cit, p. 174. * 63 Lire aussi Carré de Malberg sur l'unité juridique de la collectivité étatique. Carré de Malberg, op.cit, p. |
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