L'institutionnalisation du pouvoir et l'émergence de l'état en République Démocratique du Congo : 1960-2006( Télécharger le fichier original )par Corneille YAMBU -A- NGOYI Université de Kinshasa - DES 2005 |
2. La République Démocratique du Congo de 1964 et l'Etat totalitaire363(*).L'Etat totalitaire absorbe et même nie totalement l'individu en l'assujettissant dans tous les actes de son existence tant privée que politique364(*). L'Allemagne Hitlerien et l'Italie fasciste de Mussolini offrent des illustrations historiques de ce type d'Etat. Aujourd'hui la Corée du Nord peut être compté parmi les Etats totalitaires. Dans cette catégorie d'Etat, l'appareil étatique est très puissant. Son fonctionnement exige une structure bâtie sur un ordre idéologique ou une discipline qui sont parfois du point de vue de l'autorité de l'Etat et de la sécurité, très rentable. L'anarchie caractéristique du pouvoir politique au Congo ne s'accommode pas avec la qualification d'un Etat totalitaire. 3. La République Démocratique du Congo et l'Etat Marxiste - Léniniste.Pour Gramsci, philosophe marxiste italien, cité par Ntumba Luaba l'Etat inclut non seulement l'appareil bureaucratique et militaire, mais également l'ensemble des organisations idéologiques de la classe dominante. Ainsi dit-il, sont compris dans l'Etat tout les appareils civils, militaires et policiers l'Eglise, le système scolaire, les partis politiques, les arts...365(*). Lénine par contre, affirmait : « L'Etat est une matraque ». Marx lui-même, considérait l'Etat comme un instrument de domination et d'oppression. En 1964, la République Démocratique du Congo consacré par la constitution du 1er août et déchirée par les troubles et des tensions ne pouvait même pas rentrer dans la conception de l'Etat selon la conception marxiste. 4. La République Démocratique du Congo de 1964 et l'Etat moderne.L'Etat moderne ou le « Welfore State » est un Etat dont le rôle a dépassé celui de l'Etat - gendarme et de l'Etat providence. Il se pose en Etat - entrepreneur. Il procèdent des économies modes mêlant capitaux privés et publics, axées sur les interventions de l'Etat dans le domaine économique, notamment à travers la planification, l'aménagement du territoire et l'urbanisme, l'accroissement des prélèvements fiscaux et sociaux et des redistributions366(*). Maurice Duverger, cité par Ntumba Luaba, appelle cette sorte de socialisation, « la techno-démocratie », c'est-à-dire une démocratie dominée par la technostructure politique et économique367(*). Claude - leclercq le dénomme « Etat techno-démocratique »368(*). Tandis que G. Burdeau parle de l'«Etat fonctionnel ». Comme nous aurons à dire plus loin, la République Démocratique du Congo s'affiche dans le concert mondial à marche régressive. En l'absence d'une Administration performante depuis le départ des agents belges en 1960, la dislocation de l'armée, le pillage des infrastructures économiques, il est difficile de parler d'un Etat techno-démocratique. D'autant que l'Etat dans ce cas remplit la fonction de prendre en charge des secteurs socio-économiques pour fournir des prestations positives en vue d'assurer un minimum de qualité de vie (Welfore state). La République Démocratique du Congo est bien loin de remplir cette fonction. * 363 Ntumba Luaba, op.cit, p. 52. * 364 Sur l'Etat totalitaire, lire Raymond Aron, Démocratie et totalitarisme, Paris, coll. Idées, 1965, p.p. 287-288. * 365 Sur l'Etat totalitaire, lire Raymond Aron, Démocratie et totalitarisme, Paris, coll. Idées, 1965, p.p. 287-288. * 366 Ntumba Luaba, op.cit, p. 56. * 367 Ntumba Luaba, op.cit, p. 56. * 368 Idem. |
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