L'institutionnalisation du pouvoir et l'émergence de l'état en République Démocratique du Congo : 1960-2006( Télécharger le fichier original )par Corneille YAMBU -A- NGOYI Université de Kinshasa - DES 2005 |
a. Le vacuum du pouvoir.Comme l'a observé Ziégler se fondant sur la définition que donne l'association française de science politique276(*), il a constaté qu'aucune autorité légitime, au sens courant du terme n'existait au Congo du 5 septembre 1960 au 2 août 1961 ; date de l'investiture du gouvernement Adoula277(*). D'aucuns estiment que si au sens de la sociologie politique, on peut suivre J. Ziegler et admettre qu'il avait absence de légitimité, on ne peut valablement soutenir juridiquement que le Président Kayac-Vubu n'était pas une autorité légitime. Nous ne voulons pas quant à nous verser dans ce débat, mais nous voulons bien poursuivre le raisonnement sur le « vacuum du pouvoir » pour en mesurer l'impact sur l'éclosion de l'Etat au Congo. J. Ziegler fait remarquer dans ses notes que le terme est emprunté à la sociologie américaine et qu'il ne peut être traduit par « vacance du pouvoir ». la vacance, dit-il suggère la permanence et l'absence temporaire d'un titulaire. Le terme de « power vacuum », par contre désigne un phénomène plus complexe : le pouvoir s'est effondré, il n'existe plus. Là où il se trouvait il est remplacé par un vacuum. Le phénomène clé est l'absence du pouvoir »278(*). Bien qu'il y eut le collège de commissaires généraux installé par le colonel Mobutu, succédé par le deuxième gouvernement Iléo (février - août 1961), la crise politique congolaise ne manqua pas de fragmenter l'autorité de l'Etat. b. La fragmentation de l'autorité.L'effondrement de l'Armée et l'Administration et l'impasse constitutionnelle causée par la révocation du cabinet Lumumba, laissèrent le pays sans gouvernement pendant un temps relativement long. La fragmentation de l'autorité fut la conséquence du processus de désintégration du pays déclenché le 11 juillet 1960 par la proclamation de l'indépendance de la province du Katanga ; suivie de la création au mois de novembre de la même année, d'un gouvernement central « légitime » à Stanley ville, par le Vice-Premier Ministre de Lumumba, Gizenga, qui étendit son contrôle sur le Kivu, le Nord Katanga et, une partie importante de l'ancienne province du Kasaï. Par ailleurs, A. Kalonji et Ngalula constituèrent une province dissidente baptisée « Etat autonome du Sud-Kasaï ». Ainsi on s'est trouvé en présence de quatre capitales avec chacune son armée et son administration, à savoir Elisabethville, Léopoldville, Bakwanga et Stanley ville, devenues aujourd'hui respectivement, Lubumbashi, Kinshasa, Meïji-Mayi et Kisangani279(*).
* 276 « Le pouvoir politique est l'exercice de l'autorité légitime de quelques uns sur tous », Association française de science politique, colloque de 1963, cité par Mpinga K., op.cit, p. 27. * 277 Ziegler, J., Sociologie de la nouvelle Afrique, Paris Gaillimard, p.p. 215-216, cité par Mpinga K., op.cit, p. 27. * 278 Idem. * 279 Pour la relation des faits, lire utilement :
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