L'institutionnalisation du pouvoir et l'émergence de l'état en République Démocratique du Congo : 1960-2006( Télécharger le fichier original )par Corneille YAMBU -A- NGOYI Université de Kinshasa - DES 2005 |
2.Les aspects de la crise congolaise en 1960.Les analystes de la crise congolaise conviennent qu'elle avait atteint tous les niveaux de la vie nationale et avait revêtu différentes formes : crise d'autorité, crise constitutionnelle, crise institutionnelle, crise sociale et crise économique270(*). Nous retiendrons les aspects ayant des connexions avec notre sujet. 1) La crise d'autorité.Le concept d'autorité tient une position clé dans le processus de formation l'existence de l'Etat, tant il est lié au pouvoir. De ce fait, il est utile d'en préciser le sens. Le terme autorité est définie de différentes manières en science politique. A titre indicatif nous en citons quelques unes. Littré, donne plusieurs définitions du mot autorité parmi lesquelles nous retenons celle-ci : « l'autorité c'est le pouvoir de se faire obéir »271(*). Prélot (M.) et Bourricaud, (F.), « l'autorité c'est le pouvoir légitime, ou encore, le commandement perçu, non pas comme une force brute, mais comme une force en laquelle, je peux avoir confiance parce qu'elle est fondée - ou du moins pourrait l'être »272(*). Exploitant la définition de Littré, A. Lalande propose une définition qui nous semble plus opératoire dans le cas de notre étude sur La République Démocratique du Congo. D'après lui, l'autorité au sens sociologique du terme, est le droit (ou pour le moins le pouvoir établi) de décider ou de commander ». Il écrit, qu'il « convient d'introduire dans la définition de Littré, l'idée du droit, sans oublier que le pouvoir peut s'exercer sans le droit, puisqu'il y a des autorités usurpées ; et que le droit peut exister sans pouvoir, puisqu'il y a des autorités méconnues »273(*). Brièvement nous pouvons résumer l'idée de la crise d'autorité par le fait que les agents, les institutions ou organes investis du droit de commander, ne se font plus obéir. A ce propos, J.L. Lacroix, observe avec justesse que « l'organisation du pouvoir colonial s'est effondrée avant que le pouvoir national ait eu le temps de constituer la sienne274(*) et, Mpinga Kasenda de constater qu'en juillet 1960, lorsque, la mutinerie de la force publique et la fuite des fonctionnaires belges privèrent le gouvernement congolais des moyens de commander et de se faire obéir275(*) de ceci nous tirerons des conséquences utiles sur la formation de l'Etat. Cependant, un mot peut être dit sur manifestation de cette crise d'autorité. Nous retiendrons deux formes considérées par les auteurs comme les plus manifestes de la crise d'autorité : le vacuum du pouvoir et la fragmentation de l'autorité. * 270 Mpinga (K.), op.cit, p. 24. * 271 E, Littré, op.cit, p. 134. * 272 Bourricaud, (F.), Esquisse d'une théorie de l'autorité, Paris, Plon, 1961, p. 4. * 273 Lalande, A., cité par Mpinga K., op.cit, p. 25. * 274 Lacroix, J.L. Industrialisation au Congo, Paris, la Haye, Mouton, 1966, p. 198. * 275 Mpinga K., op.cit, p. 27. |
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